Pour l’OCDE et son secrétaire général Mathias Cormann, une réforme globale et à court terme est indispensable. C’est une question de simple logique a-t-il insisté en rappelant que si plus de pensionnés rentrent dans le système, celui-ci compte de moins en moins de cotisants. «Le système de retraite n’est pas viable en l’état actuel des dispositions qui le régissent, malgré l’ampleur des réserves accumulées au cours des deux dernières décennies.»
Cette réforme globale qu’il appelle de ses vœux combinerait idéalement trois éléments.
Cotisations en hausse, pensions plafonnées et départ retardé
D’abord une augmentation des cotisations des retraites de 2% pour les employeurs, pour les salariés et pour la contribution de l’État d’ici 2030. Augmentation devant être portée à 5% d’ici 2080. Puis une baisse des prestations qui passerait par la fin de l’indexation des pensions sur les salaires et par un plafonnement du taux de remplacement qui est actuellement de 75% pour une carrière complète.
Et troisièmement, le relèvement de l’âge du départ à la retraite. Âge effectif et aussi âge légal. Celui-ci augmenterait d’un an et demi par décennie. L’âge de départ en préretraite subirait le même régime. L’OCDE prône également l’exclusion des périodes d’étude du calcul de la durée de la carrière et la fin de l’indexation des pensions sur les salaires.
Des solutions qui ne manqueront pas de susciter la controverse, tant chez les salariés que chez les patrons qui ont fait de la hausse des cotisations leur ligne rouge. Tout comme avant elles les préconisations de réformes contenues dans l’édition de novembre 2022 de l’étude de l’OCDE sur le Luxembourg. Il y a deux ans et demi, l’OCDE posait le même constat – la non-viabilité du système – et proposait comme solutions de lier le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite aux gains d’espérance de vie ainsi que de supprimer progressivement les incitations à la préretraite, tout en proposant des modalités d’organisation du travail plus souples à l’intention des travailleurs seniors. Auront-elles plus d’écho cette fois-ci?
Toutes les pistes évoquées ne pourront être transposées.
«Un avis d’expert, a souligné qui, s’il s’est dit en phase avec les principes de l’OCDE «proches des valeurs de notre gouvernement». «L’OCDE dit que si on a une économie qui est forte, juste et durable, elle générera la croissance nécessaire pour financer la politique sociale, garantir la liberté individuelle et le bien-être des gens. On trouve cela dans la charte constitutive de l’organisation et dans l’accord de gouvernement. C’est notre fil rouge.»
«Mais toutes les pistes évoquées ne pourront être transposées», a-t-il ajouté, rappelant qu’en démocratie, pour réformer, il est important d’avoir une majorité au sein du parlement, le soutien des partenaires sociaux et de l’opinion publique. Revenant sur le calendrier, le Premier ministre a indiqué que la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, était en train de rédiger un rapport consécutif aux deux phases de consultations qui viennent de s’achever. Ce rapport sera présenté aux partenaires sociaux et au Parlement «dans un proche avenir». Ce n’est qu’après que des décisions seront prises, a-t-il insisté. Des décisions qui seront alors annoncées lors du prochain discours sur l’état de la Nation, qui devrait se tenir fin mai selon nos dernières informations.