Pour les économistes de l’OCDE, nous allons devoir payer un prix très élevé pour la guerre en Ukraine. (Photo: Shutterstock)

Pour les économistes de l’OCDE, nous allons devoir payer un prix très élevé pour la guerre en Ukraine. (Photo: Shutterstock)

Il y aura un prix à payer à la guerre, prévoit l’OCDE, pour qui la croissance mondiale atteindra 3% en 2022, mais chutera à 2,2% en 2023, soit une baisse de 0,6% par rapport aux dernières projections de juin. En 2021, avant la crise ukrainienne, la croissance mondiale atteignait 5,8%.

Dans ses «perspectives économiques intermédiaires», l’OCDE parle désormais de «période prolongée de croissance modérée»: «La croissance mondiale devrait décélérer pour passer de 3% en 2022 à 2,2% en 2023, un rythme bien inférieur aux prévisions d’avant la guerre. En 2023, le revenu réel mondial pourrait être d’environ 2.800 milliards USD inférieur à ce qui était prévu il y a un an, soit un recul légèrement supérieur à 2% du PIB à PPA (Parité de pouvoir d’achat)».

La croissance américaine qui a atteint 7,4% en 2021 plafonnera à 0,5% en 2023.

Du côté de la zone euro, les prévisions de croissance pour 2023 sont minorées de 1,3% à 0,3%. C’est en Allemagne que le décrochage est le plus important: le PIB devrait se contracter de 0,7% en 2023, après une hausse de 1,2% en 2022. Par rapport à juin, l’OCDE a revu à la baisse le PIB allemand à hauteur de -2,4%.

«Nous allons devoir tous payer un prix très élevé pour cette guerre», commente Alvaro Santos Pereira, l’économiste en chef de l’OCDE. Et c’est la Russie qui paiera le prix le plus lourd: sa croissance de 4,7% avant la guerre passera à -5,5% en 2022 et à -4,5% en 2023. Les pays «non alignés» comme l’Inde et la Chine seront également pénalisés en subissant les conséquences du renchérissement des matières premières avec des croissances respectives de 5,7% et 4,7% en 2023. Des chiffres très inférieurs à ceux d’avant-guerre. Et pour la première fois depuis trente ans, la Chine va croître moins rapidement que le reste de l’Asie en 2022.

L’OCDE veut plus de hausse de taux

Sur le front de l’inflation, si le durcissement des politiques monétaires et la diminution des goulets d’étranglement au niveau de l’offre ont des effets déflationnistes, la flambée des prix de l’énergie et le renchérissement des coûts de main-d’œuvre contribuent à maintenir la hausse des prix à un haut niveau.

Ainsi, l’inflation globale devrait fléchir, passant de 8,2% en 2022 à 6,5% en 2023 dans les économies du G20, et de 8,1% cette année à 6,2% en 2023 dans la zone euro.

L’OCDE insiste sur la «nécessité de nouveaux relèvements des taux dans la plupart des grandes économies pour ancrer les anticipations d’inflation et parvenir à une réduction durable des tensions inflationnistes». Et sur l’égale nécessité d’aides budgétaires «pour amortir l’impact des coûts élevés de l’énergie sur les ménages et les entreprises». Des mesures temporaires et ciblées qui doivent tout à la fois «préserver les incitations à réduire la consommation d’énergie» et préserver la viabilité des finances publiques.