L’OCDE appelle à réorienter les ressources engagées pour soutenir l’économie durant la pandémie vers la transformation numérique et à la réduction des émissions carbone une fois la crise passée (Photo: Shutterstock)

L’OCDE appelle à réorienter les ressources engagées pour soutenir l’économie durant la pandémie vers la transformation numérique et à la réduction des émissions carbone une fois la crise passée (Photo: Shutterstock)

Dans ses perspectives de croissance intermédiaires, l’OCDE abaisse de 0,1% sa prévision de croissance globale pour 2021 à 5,7% et interpelle sur les risques d’une croissance inégale.

Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), si la reprise se poursuit «grâce au vigoureux soutien des pouvoirs publics, au déploiement de vaccins efficaces et au redémarrage de nombreuses activités économiques», la dynamique s’essouffle. La croissance mondiale attendue pour 2022 est d’ailleurs de 4,5%.

Aujourd’hui, le PIB mondial est supérieur à ce qu’il était avant la pandémie. Mais, à la mi-2021, la production était encore inférieure de 3,5% au niveau attendu avant l’arrivée du Covid. Soit un manque à gagner de 4.500 milliards de dollars, l’équivalent d’un an de croissance de la production mondiale en temps normal. L’OCDE souligne surtout que cette reprise est inégale et que des écarts de production et d’emploi subsistent dans de nombreux pays, surtout dans les marchés émergents et les économies en développement où les taux de vaccination sont faibles. 

En matière d’inflation, l’institution s’attend dans les pays du G20 à une hausse des prix à la consommation de 4,5% fin 2021 et de 3,5% fin 2022, «soit un niveau supérieur aux taux observés avant la pandémie». Les tensions inflationnistes ne sont pas les mêmes partout. Si l’inflation a augmenté fortement aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et dans certaines économies de marché émergentes, elle est restée relativement modérée dans de nombreuses autres économies avancées, en particulier en Europe et en Asie.

Mode d’emploi pour une reprise mondiale complète et durable

Pour l’OCDE, si on veut assurer une reprise mondiale complète et durable, les politiques de soutien doivent se poursuivre.

D’abord, l’institution appelle à vacciner aussi vite que possible partout dans le monde. «Tant que cette étape ne sera pas franchie, la reprise restera précaire et incertaine dans tous les pays. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour fournir aux pays à faible revenu les ressources dont ils ont besoin pour vacciner leurs populations, dans leur propre intérêt et celui du monde entier.»

L’OCDE plaide ensuite pour que les politiques macroéconomiques restent «accommodantes». «Compte tenu du caractère encore incertain des perspectives à court terme et de l’absence, pour l’instant, de redressement du marché du travail, un soutien macroéconomique demeure nécessaire, la combinaison appropriée de politiques étant fonction de l’évolution de la situation économique dans chaque pays. Les autorités devront donner des indications claires quant à la trajectoire envisagée pour réaliser les objectifs à moyen terme et à la séquence probable des changements de politique futurs, de manière à ancrer les anticipations, maintenir la confiance des investisseurs et fournir un soutien approprié à l’économie», peut-on lire dans le rapport.

Normalisation par étapes

Il en va de même pour les politiques monétaires que l’institution souhaite «accommodantes et claires».

Elle plaide pour une normalisation par étapes. «Il faudra d’abord supprimer les mesures de soutien d’urgence pour assurer le bon fonctionnement des marchés financiers, puis stabiliser les bilans des banques centrales et, enfin, relever les taux directeurs. Ces mesures devront être annoncées clairement et être fonction de la situation, c’est-à-dire guidées par la situation financière, par une amélioration régulière des marchés du travail, par des signes de tensions inflationnistes durables et par le soutien apporté au travers de la politique budgétaire.»

Quant aux aides budgétaires, elles devront être flexibles et durer «tant que les perspectives à moyen terme demeureront incertaines».

L’OCDE appelle enfin à ce que les politiques macroéconomiques de soutien s’accompagnent de réformes structurelles «bien ciblées» afin de s’adapter aux changements structurels durables qu’a entrainés la pandémie, notamment en termes d’inégalités de revenus et de patrimoine – «L’une des priorités est de faire en sorte que les aides continuent de bénéficier aux ménages les plus pauvres» – et sur le marché de l’emploi.

À plus long terme, elle appelle à réorienter les ressources engagées pour soutenir l’économie durant la pandémie vers la transformation numérique et à la réduction des émissions carbone à mesure que le besoin de programmes d’urgence de garantie des revenus s’estompe.