Pour remédier à la faible qualité perçue des logements locatifs, l’Observatoire de l’habitat veut instaurer un registre des logements en location. (Photo: Shutterstock)

Pour remédier à la faible qualité perçue des logements locatifs, l’Observatoire de l’habitat veut instaurer un registre des logements en location. (Photo: Shutterstock)

Dans sa note 36, l’Observatoire de l’habitat se penche sur la satisfaction résidentielle des ménages. Il  préconise une amélioration qualitative du parc locatif privé et un meilleur suivi des progrès accomplis via l’instauration d’un registre.

La satisfaction résidentielle des ménages au Luxembourg est une approche subjective basée sur l’évaluation de facteurs liés au logement et au lieu de résidence qui contribuent à la satisfaction résidentielle des individus. Une approche qui offre une analyse de l’adéquation du logement du point de vue individuel et qui vient en complément de l’approche «classique» qui repose sur des présuppositions normatives et utilise des indicateurs objectifs pour estimer la part de ménages mal logés.

Pour l’Observatoire de l’habitat, la satisfaction résidentielle «se réfère à l’écart existant entre les aspirations résidentielles d’un individu et ses conditions actuelles de logement définies par des indicateurs objectifs ou subjectifs relatifs aux caractéristiques du logement ou du quartier de résidence».

Des locataires en quête de surface et de qualité au meilleur prix

Fait saillant de l’étude réalisée entre février et août 2023: les conditions de logement sont globalement moins favorables pour les locataires. Des locataires qui se disent plus souvent insatisfaits de leur logement que les propriétaires. Et ce d’autant plus qu’ils ne bénéficient d’aucune aide au logement. Une insatisfaction qui se manifeste via trois indicateurs.

Le premier est relatif à la taille du logement. L’Observatoire constate que «les propriétaires habitent généralement des logements plus grands que les locataires. Cet écart entre les répondants propriétaires et locataires s’élève à quinze mètres carrés pour les appartements et à 27 mètres carrés pour les maisons. Par ailleurs, les répondants locataires sont plus souvent logés dans des logements d’une surface inférieure à 50 mètres carrés.»

Deuxième indicateur: 60% des locataires se disent confrontés à «au moins un problème» dans leur logement. Le problème le plus récurrent pour les locataires est la mauvaise isolation phonique de leur logement. Viennent ensuite les problèmes d’isolation thermique, les moisissures dans les cadres des fenêtres et des murs, les infiltrations d’eau, un système de chauffage défaillant et une plomberie défaillante.

Troisième indicateur: un taux d’effort – comprendre la proportion du coût du logement par rapport au revenu net du ménage – qui peut aller jusqu’à 40% des revenus pour les ménages ne disposant d’aucune aide étatique et ne bénéficiant pas d’un logement de type «abordable».

26% des locataires bénéficiaires d’aides et 14% des locataires non bénéficiaires admettent avoir eu des difficultés au moins une fois au cours des 12 derniers mois à couvrir les dépenses liées au logement. Un problème qui touche plus rarement les propriétaires. Seuls 8% des propriétaires non bénéficiaires d’aides à l’accession à la propriété et 14% des propriétaires bénéficiaires de telles aides seraient concernés.

En termes de satisfaction résidentielle, ce sont les points suivants qui cristallisent les insatisfactions: la consommation énergétique, la qualité des matériaux intérieurs, la taille du logement, son style, la vue et l’agencement des pièces. Sur tous ces points, ce sont les locataires qui expriment le plus fréquemment leur insatisfaction.

Pour un registre des logements en location sur le marché privé

Pour remédier à la faible qualité perçue des logements locatifs, «notamment en raison d’une mauvaise isolation (acoustique et thermique) et de la présence de moisissures», l’Observatoire de l’habitat préconise un meilleur suivi des conditions des logements mis en location, qu’ils relèvent du secteur privé ou du secteur des logements abordables. Ce qui pourrait passer selon lui par la mise en place d’un registre des logements en location sur le marché privé afin «de pouvoir suivre l’évolution des caractéristiques de ce segment du marché qui demeure sous-étudié au Luxembourg» et par «la mise en œuvre d’actions pour améliorer la qualité des logements locatifs gérés par les bailleurs privés».

L’Observatoire plaide également pour le lancement «d’études plus approfondies sur les choix résidentiels et le décalage potentiel entre la typologie des logements mis sur le marché et ceux dont ont besoin les ménages», ce qui permettrait de réduire le décalage entre l’offre et la demande de logements et les choix résidentiels. Des choix «contraints» selon l’Observatoire pour qui seulement 32% des locataires bénéficiaires d’aides et 44% des locataires non bénéficiaires estiment pouvoir choisir les caractéristiques de leur logement.

Enfin, l’Observatoire de l’habitat appelle à des actions ciblées pour améliorer le cadre de vie dans les quartiers résidentiels – des actions portant sur l’amélioration de l’offre de commerces de proximité et le niveau de pollution – ainsi qu’à une réflexion globale sur l’avenir des quartiers, basée sur les besoins et attentes des futurs résidents. «Une réflexion critique sur les principes de mixité fonctionnelle et sur la ville du quart d’heure.»