L’illégalité de la mesure de Pimco, qui rend le vaccin obligatoire pour ses salariés, semble faire l’unanimité. (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

L’illégalité de la mesure de Pimco, qui rend le vaccin obligatoire pour ses salariés, semble faire l’unanimité. (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

Syndicats, responsables des ressources humaines et employeurs préfèrent informer les salariés plutôt que d’imposer le vaccin contre le Covid en entreprise. Ils réagissent à l’annonce de Pimco, une société américaine de gestion d’actifs qui veut le rendre obligatoire à ses salariés au Luxembourg. 

La révélation par Paperjam que la comme condition au retour au bureau ne cesse de susciter des réactions. D’autant que cette manière de faire serait purement et simplement illégale selon l’avocat , spécialiste reconnu du droit du travail.

L’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL) partage sa position: «L’employeur ne peut imposer à ses salariés de se faire vacciner ou exiger des informations à ce sujet.» Eddy Girardi, coordinateur au sein de l’Association luxembourgeoise des employés de banque et assurance (ALEBA), conseille pour sa part aux salariés éventuellement concernés de s’adresser aux syndicats.

Pour la vaccination, contre l’obligation

Ces derniers sont vent debout. «Il n’y a pas de base légale à la vaccination obligatoire», répète Frédéric Krier, membre du bureau exécutif de l’OGBL. «Nous ne sommes pas favorables non plus à la rendre obligatoire, à cause des conséquences pour ceux qui refuseraient. Cela doit rester volontaire, même si nous sommes favorables à ce qu’un grand nombre se fasse vacciner».

Christophe Knebeler, responsable de la politique sociale au LCGB, complète en enfonçant le clou: «Rien ne justifie une telle mesure. Le seul moyen de sortir de la pandémie, c’est la vaccination. Il faut atteindre le but en convainquant et pas en contraignant.» En veillant toutefois à ne pas mettre de pression. Pour lui, permettre aux vaccinés d’enlever leur masque en réunion et pas aux autres serait illégal. Il ajoute qu’avant la distribution , des discussions tripartites ont eu lieu. «Personne n’a insisté sur le vaccin ou le test obligatoire.»

Ce n’est pas un sujet d’actualité pour l’UEL

Le directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), , confirme: «Ce n’est pas le sujet pour l’instant.» Même si, parmi les employeurs, «il y a des gens pour et contre». Rendre le vaccin obligatoire relève de «la politique et de la santé». Il préfère attendre l’évolution de la situation, mais envisage, si le télétravail prenait fin, «un CovidCheck simplifié». Pour «ne pas enlever des droits aux vaccinés du fait que d’autres ne le sont pas».

Ne pas enlever des droits aux vaccinés du fait que d’autres ne le sont pas.
Jean-Paul Olinger

Jean-Paul OlingerdirecteurUEL

OGBL et LCGB n’ont, pour le moment, pas connaissance de cas similaires à celui de Pimco. «J’espère que cela ne va pas donner des idées à d’autres», s’inquiète Christophe Knebeler.

Le domaine thermal de avait déjà «demandé» à des salariés de se faire vacciner. Le (CHL) l’impose à ses nouvelles recrues. Sur ce point, Me Castegnaro indique qu’il reste «beaucoup d’incertitudes juridiques». Que peut faire le ministère du Travail pour clarifier et empêcher des entreprises d’imposer le vaccin? Contacté à ce sujet, il n’a pas répondu à Paperjam.

La question des réunions professionnelles sous régime CovidCheck

«C’est un sujet sensible», admet Julie Noirhomme au nom de la coprésidence du POG, communauté RH, qu’elle partage avec Alexandre Massol. Malgré tout, les membres n’ont pas exprimé la volonté de rendre le vaccin obligatoire.

Pour une entreprise basée à l’étranger, la filiale a «le devoir d’informer son siège». «Le plus important est de rester aligné avec ce que demande la Direction de la santé», conseille-t-elle. «Et pour ne pas mettre de pression sur ses salariés, privilégier l’information.»

Une question persiste. Une entreprise peut-elle organiser ses réunions internes obligatoires sous CovidCheck? Soit une obligation «déguisée» de vaccin, test ou rétablissement. Le ministère de la Santé nous renvoie vers celui du Travail. Qui, une nouvelle fois, n’a pas répondu aux sollicitations répétées de Paperjam.

Après publication de l’article, le ministère du Travail a répondu à Paperjam.