Ces dernières années, les classes d’actifs risquées telles que les actions et les obligations d’entreprises high yield ont profité de la tendance baissière à long terme des taux d’intérêt. Toutefois, le resserrement monétaire initié par les banques centrales pour lutter contre l’inflation y a provisoirement mis un terme. En 2022, les investisseurs ont en effet essuyé des pertes dans toutes les catégories de crédit. Selon notre analyse, les valorisations du segment high yield ont renoué avec des niveaux potentiellement intéressants sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt. La classe d’actifs offre également des avantages, notamment en termes de diversification de l’allocation d’un portefeuille.
Tendances récentes sur les marchés obligataires
Les investisseurs institutionnels tels que les sociétés d’assurance et les fonds de pension sont très friands d’obligations. Pour la plupart d’entre eux, leurs placements obligataires se composent essentiellement d’obligations investment grade émises par des États, des organismes supranationaux, des agences ou des entreprises.
Or, les rendements sont repartis en forte hausse depuis le début 2022. Ce nouvel environnement a été accueilli avec soulagement par les gestionnaires actif/passif. À partir de septembre 2022, des taux de 2% pour les Bunds allemands à 10 ans (2,80% en septembre 2023) et supérieurs à 3% pour les obligations d’entreprises investment grade3 (4,50% en septembre 2023) sont devenus possibles. Les flux de capitaux à destination des obligations d’entreprises investment grade ont été extrêmement soutenus, alimentant un marché primaire très actif.
Cette tendance très forte en faveur du segment investment grade du marché obligataire explique l’appétit modéré pour le high yield, du moins en ce qui concerne les investisseurs institutionnels. Ces investisseurs sont aujourd’hui bien avancés dans leurs programmes d’investissement. Ils peuvent maintenant ajuster leur structure de portefeuille pour augmenter le rendement moyen et commencent à se diversifier dans le high yield.
Profil risque/rendement potentiel attractif
Les obligations high yield sont généralement considérées comme une classe d’actifs risquée. Mais sont-elles aussi risquées que les actions, comme on le pense souvent? Le risque d’une classe d’actifs peut se mesurer aux fluctuations de sa performance. Sur le moyen et le long terme, la volatilité du marché high yield 2 est inférieure à celle des actions1. Dans la structure de capital d’une entreprise, les obligations high yield ont en effet la priorité sur les capitaux propres. La différence est significative sur le moyen et le long terme. À titre d’exemple, au cours des dix dernières années, la volatilité du marché actions européen s’est établie à 16,7% (indice SX5T1), contre 7,2% (indice HEAE2) pour le marché du high yield européen, soit deux fois moins. Cette plus faible volatilité, mais aussi des pertes moins fortes constituent des arguments de poids pour inciter les investisseurs institutionnels à augmenter leur allocation aux stratégies high yield.
Autre élément intéressant pour les investisseurs ayant un horizon de placement à long terme (sociétés d’assurance, fonds de pension), le ratio de Sharpe, qui mesure la prime de risque d’un portefeuille par rapport à sa volatilité, des deux classes d’actifs est comparable sur le long terme (10 ans) et s’établit à environ 0,5. Une preuve de plus de l’efficacité d’investir dans les deux classes d’actifs sur le long terme.
Qui plus est, les obligations high yield tendent à afficher des échéances plus courtes et sont donc moins exposées au risque de taux que les obligations investment grade. La duration actuelle du high yield en euros (indice HE002) est d’environ 3,0 contre 4,6 pour le marché investment grade en euros (indice ER003). Dans la mesure où elles offrent des rendements plus élevés et une duration plus courte, les obligations high yield en euros fournissent, selon nous, une moindre sensibilité à la hausse des taux d’intérêt. On peut cependant rappeler que le risque de défaut des obligations high yield est aussi plus élevé.
Corrélation faible avec les autres classes d’actifs
Autre question fondamentale à prendre en compte, l’ajout d’une classe d’actifs, en l’occurrence les obligations high yield, permet-il d’accroître la diversification du portefeuille? Pour y répondre, les investisseurs analysent la corrélation avec d’autres classes d’actifs, autrement dit si elles évoluent en parallèle. La corrélation du high yield avec les actions est faible et celle avec les emprunts d’État est même quasiment nulle. En effet, le rendement d’une obligation high yield est essentiellement déterminé par la prime de risque, qui dépend de la capacité de l’entreprise à assurer le service de sa dette, et n’est pas très sensible aux hausses de taux d’intérêt. En conséquence, l’ajout d’obligations high yield permet, selon nous, d’améliorer significativement la diversification d’un portefeuille diversifié.
Différentes façons d’intégrer le high yield aux portefeuilles
À l’instar des actions, des emprunts d’État et des obligations d’entreprises investment grade, le high yield constitue une classe d’actifs clé pour les investisseurs. Toutefois, dans le but d’optimiser la performance potentielle, il est essentiel d’adopter une approche rigoureuse, fondée sur les piliers suivants:
– Une analyse de crédit fondamentale pour évaluer la qualité d’une entreprise et sa capacité à assurer le remboursement et le service de sa dette
– Un portefeuille bien diversifié, composé d’une centaine d’émetteurs répartis dans différents secteurs d’activité
– Une discipline de vente stricte afin de maintenir la qualité de crédit du portefeuille et d’anticiper la moindre dégradation de qualité chez les entreprises sélectionnées
– L’intégration de l’analyse ESG dans le processus d’investissement
Il existe plusieurs sortes de stratégies permettant de s’exposer au marché du high yield:
– Certaines sont benchmarkées avec des portefeuilles ayant une duration légèrement supérieure à trois ans. C’est le cas du fonds Oddo BHF Euro High Yield Bond qui investit dans un portefeuille diversifié d’obligations high yield, principalement libellées en euros.
– D’autres investissent dans des obligations à duration plus courte, ce qui permet de construire des portefeuilles avec une duration inférieure à deux ans. Oddo BHF Euro Credit Short Duration s’inscrit dans cette ligne. Il est investi en obligations d’entreprises libellées en euros qui offrent liquidité et visibilité.
– Outre ces approches traditionnelles, certains fonds proposent des obligations à échéance fixe. En comparaison avec les structures high yield traditionnelles, les fonds à échéance fixe offrent l’avantage d’une bonne visibilité et d’un profil de risque qui diminue à mesure que l’échéance approche. D’après notre analyse, investir dans un fonds à échéance fixe permet de reproduire le comportement d’une obligation individuelle high yield tout en bénéficiant d’un niveau de diversification élevé et des ressources mises à disposition par la société de gestion pour sélectionner des émetteurs de qualité et ajuster les positions si la situation d’une ou de plusieurs entreprises se dégrade: Oddo BHF Global Target 2026 disponible à la souscription jusqu’au 29.12.2023 et Oddo BHF Global Target 2028 qui prend la suite.
Tous ces fonds sont notamment exposés au risque de perte en capital, au risque de taux et au risque de crédit.
En conclusion, les obligations high yield sont une classe d’actifs incontournable selon nous dans le portefeuille d’investissement, au même titre que les actions, les emprunts d’État et les obligations d’entreprises investment grade. Toutefois, il est important de garder à l’esprit le fait que la classe d’actifs des obligations high yield, comme les fonds mentionnés ci-dessus, comportent un risque de crédit, de taux et de perte en capital.
Sources: BofA, Oddo BHF AM GmbH, septembre 2023
1 Indice Euro Stoxx Net Return EUR (SX5T)
2 Indice CE BofA Euro High Yield (HE00)
3 Indice CE BofA Euro Corporate (ER00)