Le ministère des Finances vient de récolter 1,5 milliard d’euros en promettant de financer des projets environnementaux et sociaux. (Photo: Maison Moderne/archives)

Le ministère des Finances vient de récolter 1,5 milliard d’euros en promettant de financer des projets environnementaux et sociaux. (Photo: Maison Moderne/archives)

Pour les experts en finance durable, le Luxembourg vient à nouveau de marquer des points en émettant une obligation durable en s’imposant des exigences qui ne s’imposeront que dans un proche avenir au niveau européen.

Avec par les agences de notation Fitch et DBRS Morningstar, le Luxembourg n’a guère besoin de rendre ses obligations durables pour attirer plus facilement des investisseurs.

Mais pour les investisseurs, c’est désormais un «plus». La demande pour ce genre de produits s’est d’abord popularisée auprès des grands investisseurs institutionnels avant de se propager dans la sphère des investisseurs particuliers.

«C’est une tendance réellement en croissance. Les investisseurs sont à la recherche d’investissements durables et le fait que le Luxembourg ait vu en est clairement une preuve», note , administrateur indépendant et expert en finance durable.

Les investisseurs sont à la recherche d’investissements durables.

Thomas Sealeadministrateur indépendant

Si pour être le premier pays européen à proposer ce genre de produits, c’est tout autant pour une question d’image que d’attrait des investisseurs.

De la même manière qu’il a été précurseur dans la distribution des fonds Ucits à la fin des années 1980 – une initiative à la base du succès de la place financière –, le Luxembourg veut aujourd’hui assurer son futur en se positionnant dans la finance verte et, plus largement, durable.

«Ce genre d’action est effectivement très important et j’y suis favorable», poursuit M. Seale. «La seule limite à ne pas atteindre est de vouloir imposer ce type de produits aux investisseurs. C’est à eux de choisir dans quoi ils veulent investir. Il ne faut pas, par exemple, aller aussi loin que d’imposer une part de vert ou de durable dans chaque fonds d’investissement.»

En avance sur les règles européennes

Partner et sustainability leader chez Deloitte Luxembourg, Flavia Micilotta se réjouit que cette obligation ne mise pas uniquement sur le vert, mais intègre aussi les enjeux sociaux en se positionnant comme une obligation «durable». «On a bien vu l’importance de l’axe social dans la crise du Covid-19», commente-t-elle. «Cela me semble un choix judicieux. Il va d’ailleurs plus loin que l’Allemagne, qui vient aussi de lancer une obligation, mais qui mise uniquement sur les aspects environnementaux.»

C’est réellement une position de précurseur.

Flavia Micilottapartner et sustainability leaderDeloitte Luxembourg

En expliquant la définition du nouveau cadre, le 2 septembre dernier, le ministère des Finances a marqué sa volonté de respecter les principes de l’International Capital Market Association (ICMA), mais également du projet de norme européenne sur les obligations vertes (EU GBS).

«C’est réellement une position de précurseur», poursuit l’experte. «Les standards européens ne sont pas encore établis, mais il est clair qu’ils deviendront importants à l’avenir. C’est donc une émission tournée vers le futur.»

Ambassadeur de la Place en tant que CEO de Luxembourg for Finance, estime, de son côté, que «le Luxembourg montre de nouveau la voie en s’imposant un cadre pour ses emprunts durables avec une obligation de faire établir des études d’impacts environnementaux ou sociaux des projets qui seront financés par les emprunts émis sous couvert de ce cadre».

La soutenabilité ouvre un éventail bien plus large de projets que les obligations vertes.

Robert ScharfeCEOBourse de Luxembourg

La nouvelle obligation sera cotée à la Bourse de Luxembourg dès le 14 septembre et pourra même accéder au . «Elle répond parfaitement à tous les critères pour être listée sur notre bourse verte», convient , le CEO de la Bourse.

Pour ce spécialiste des obligations vertes et durables, cette obligation est désormais un exemple que tous les autres États doivent regarder. «La soutenabilité ouvre un éventail bien plus large de projets que les obligations vertes sur lesquelles misent actuellement différents États», poursuit le CEO. «Le Luxembourg a donc placé la barre plus haut et d’autres gouvernements devraient désormais s’en inspirer.»