Au vu de la situation de crises multiples que nous traversons et des différentes concertations que l’OAI a pu avoir avec la Chambre des Métiers et la Fédération des Artisans, il a été décidé de réaliser une enquête auprès des membres de l’OAI pour évaluer et anticiper la situation du secteur de la construction. En effet, les architectes, ingénieurs-conseils et autres métiers représentés par l’OAI sont des professionnels qui sont engagés deux à trois ans avant le début des travaux de construction. En observant leur niveau d’activité, il est donc possible d’avoir une vision prévisionnelle de l’activité de la construction dans les années à venir.
État de santé des membres OAI
Sur les 779 bureaux inscrits à l’OAI, 111 ont répondu au questionnaire. 52% de ces derniers sont de petits bureaux puisqu’ils emploient entre 1 et 5 personnes, cette typologie de bureau représentant d’ailleurs 70% des bureaux inscrits à l’OAI.
La majorité d’entre eux travaillent principalement pour le secteur privé et estiment leur situation économique actuelle encore satisfaisante à 55,9% et pensent à 66,7% qu’elle va rester ainsi dans les six prochains mois.
Par contre, force est de constater que les marges bénéficiaires de ces bureaux stagnent et 36% d’entre eux constatent même une diminution de leurs bénéfices. C’est la première fois qu’un tel constat est dressé puisque, même lors de la crise financière de 2008/2009, cela n’avait pas été le cas.
Conséquence, les liquidités dont les bureaux disposent ne leur permettraient pas de tenir plus de trois mois pour 55% d’entre eux.
Le chiffre d’affaires annuel moyen par effectif dans un bureau d’architecture en 2020 ne s’élève qu’à 74.465€.
Il est aussi intéressant de noter que le chiffre d’affaires annuel moyen par effectif dans un bureau d’architecture en 2020 ne s’élève qu’à 74.465€, ce qui est relativement modeste au regard de ceux d’autres acteurs du secteur privé. Les bureaux d’ingénieurs-conseils sont mieux lotis par contre, puisque ce chiffre d’affaires annuel moyen par effectif s’élève à 109.732€.
Si on s’intéresse à l’état des commandes, 48% des bureaux indiquent que leur carnet de commandes est rempli pour les 6 prochains mois, mais 62% déclarent qu’à 3 ans les ¾ du carnet de commandes sont encore libres.
De ce fait, l’embauche de nouveaux salariés n’est plus une priorité et seuls 19,8% des bureaux ayant répondu envisagent d’augmenter leur effectif en 2023. Pour autant, le licenciement n’est pas encore une forte probabilité en 2023 et ne concernerait que 7,2% des bureaux.
Confirmation des tendances du STATEC
L’OAI s’est aussi intéressé au nombre de certificats émis pour ces membres – pièces administratives obligatoires à fournir lors d’une demande d’autorisation de construire – qui donne une bonne température du nombre de demandes d’autorisation de construire introduites.
Entre juillet 2021 et janvier 2023, l’OAI constate une chute de 38% des demandes de certificats pour tous types de projets confondus et -41% de demandes si on se concentre sur les projets de logement.
Ces chiffres viennent donc corroborer ceux du Statec sur les autorisations de bâtir.
L’OAI tire donc la sonnette d’alarme, car si le volume de projets en études à court terme est encore passable, l’évolution prévisionnelle négative de la situation exige selon l’Ordre «une réaction très forte du secteur public pour redonner confiance à tous les acteurs».
Cela doit passer, pour l’OAI, par la mise en place à très court terme d’un cadre propice aux investissements privés et publics, notamment dans le domaine du logement. «Lorsque les taux d’intérêt vont de nouveau baisser, il y aura de nouveau une augmentation fulgurante de la demande et des prix du logement», indique , directeur de l’OAI. «Et vu que le nombre d’unités de logement mises sur le marché est actuellement en chute libre, cela va encore plus gonfler l’actuelle pénurie cumulée de logements… Nos membres ont des capacités libres pour se consacrer davantage à des projets de logements, il faut donc agir maintenant.»
Pour le directeur de l’OAI, cela passe aussi par «la mise en place d’un code de la construction et un code de la qualité architecturale, un encouragement à l’innovation qui s’exprime par la mise en place de projets pilotes, une simplification administrative drastique et concertée avec les gens du métier, accompagnée d’une digitalisation des procédures et le rétablissement de la culture de la confiance plutôt que la pratique actuelle de la judiciarisation des relations sociétales.»