«Au sein de toutes les organisations, quel que soit le secteur dans lequel on évolue, le numérique revêt désormais une dimension stratégique», commente Laurent Couturier, CIO d’Armacell, qui s’est vu décerner, à la fin de l’année dernière, le titre de CIO of The Year 2024 par The Dots, la communauté dédiée aux professionnels du numérique au Luxembourg. «L’intégration des technologies au cœur des processus permet de collecter des données utiles, soutenant la prise de décision à tous les niveaux, auprès des instances dirigeantes comme au niveau de la production, pour soutenir le développement de l’activité. Elle permet de fluidifier les opérations, de les automatiser et de soulager les équipes dans un contexte où il devient de plus en plus difficile de recruter des compétences.»
Laurent Couturier a rejoint Armacell, acteur industriel d’envergure mondiale spécialisé dans la production de mousse isolante pour divers usages, il y a trois ans et demi. La création d’un poste de CIO, à ce moment-là, visait à soutenir activement la transformation numérique de l’organisation, pour améliorer le processus de production et envisager de nouveaux leviers de développement de l’activité.
«Progressivement, le numérique intègre nos lignes de production dans l’optique de faire remonter des données nous permettant de monitorer le processus en temps réel, de les analyser de manière utile, afin de pouvoir remédier à d’éventuels problèmes le plus rapidement possible», explique le CIO. «Nous pouvons, de cette manière, nous inscrire dans une démarche d’amélioration continue de la production, pour en garantir la qualité et profiter de gains d’efficacité.» Si elles contribuent à améliorer les chaînes de production, les solutions numériques déployées doivent permettre d’améliorer l’ensemble des processus internes, de la comptabilité à la gestion des achats, en passant par le suivi des ressources humaines. «Grâce à la technologie, on peut réduire les opérations d’encodage et, par la même occasion, les risques d’erreur tout en soulageant les équipes d’une certaine charge administrative», poursuit le CIO.
Une approche par étapes
Lorsque l’on parle de transformation digitale, l’un des enjeux est de parvenir à saisir le potentiel des évolutions technologiques à l’œuvre afin de pouvoir les mettre au service de l’entreprise. En l’occurrence, les organisations, et plus encore les personnes travaillant en leur sein, n’ont pas toutes le même niveau de maturité vis-à-vis du numérique. «Les possibilités qu’offre la technologie sont nombreuses. Si l’on prend l’intelligence artificielle, par exemple, on peut envisager des gains de productivité importants. Cependant, une telle technologie n’est pas forcément simple à mettre en œuvre. Il faut y aller par étape», explique Laurent Couturier. «Il faut commencer par expérimenter une technologie au niveau d’éléments périphériques, sur des périmètres bien délimités, avant d’envisager de le déployer à plus large échelle.»
L’approche permet de bien appréhender les impacts de la technologie sur l’organisation, les collaborateurs, l’expérience client ou encore sur la production afin de pouvoir bien accompagner le changement. «Il est essentiel que chacun puisse comprendre les raisons pour lesquelles on met en œuvre un projet de transformation, de pouvoir embarquer l’ensemble des parties prenantes, de leur permettre d’évoluer avec la technologie», assure Laurent Couturier.
L’IA et la convergence IT/OT, leviers clés de transformation
Pour le CIO d’Armacell, deux tendances technologiques majeures vont transformer l’industrie. L’intelligence artificielle doit permettre, d’une part, d’automatiser de nombreux processus, et, d’autre part, de déceler des opportunités à travers l’analyse des montagnes de données générées tout au long de la chaîne de valeur. «En la matière, cependant, il est important de s’assurer de la qualité des données qui seront traitées par les solutions technologiques mises en œuvre. Plus on envisage d’intégrer de l’intelligence artificielle à ce niveau, plus il est nécessaire de se doter d’une gouvernance adéquate», explique Laurent Couturier. La convergence de l’OT (Operationnal Technology) et de l’IT (Information Technology) est un autre enjeu clé. «Aujourd’hui, les technologies mises en œuvre au niveau opérationnel sont similaires à celles gérées au niveau des systèmes d’information. Les éléments sont de plus en plus connectés et exposés vers l’extérieur. Dans cette optique, il est important de casser les silos à l’échelle des organisations, que les ingénieurs et les professionnels de l’informatique puissent s’entendre pour aller au-devant de nouvelles opportunités», poursuit le CIO of The Year. «Ces évolutions soulèvent aussi de nouveaux enjeux en matière de cybersécurité qu’il faut pouvoir appréhender.»
Gagner en maturité, accélérer la transition
Au regard de ces développements, l’industrie 4.0 se concrétise au Luxembourg. Elle est porteuse de nouvelles opportunités. Selon Laurent Couturier, elle doit notamment permettre de réinternaliser certaines fonctions qui étaient parties ailleurs, en raison de coûts de main-d’œuvre trop importants. «Le niveau d’automatisation auquel on accède aujourd’hui permet d’envisager de ramener ces opérations en local, sous la supervision de collaborateurs dont les qualifications sont différentes de celles dont on avait besoin par le passé», explique le CIO. À l’échelle des organisations, il est important de soutenir le développement des compétences numériques, de permettre à chacun d’appréhender efficacement les outils technologiques mis en œuvre. «Aujourd’hui, on envisage de donner la possibilité aux collaborateurs les plus matures en la matière, selon un cadre établi, de mettre en œuvre avec une grande autonomie les solutions numériques répondant à leurs besoins, cela suivant une approche low-code/no-code. On peut, de cette manière, accélérer considérablement la transformation numérique de nos organisations», conclut le CIO.