L’utilisation des compétences numériques est une caractéristique prédominante du marché du travail au Luxembourg, avec 47% des personnes en situation d’emploi qui appliquent ces compétences constamment ou presque. Le pays est ainsi leader dans l’utilisation des appareils numériques en milieu professionnel, devant les Pays-Bas et la Suède (41%), la France et l’Allemagne (32%) et la Belgique (26%).
«Les écarts en termes de compétences peuvent avoir des effets plus durables et néfastes que les problèmes relativement simples liés à l’accès physique aux technologies numériques. Ils peuvent contribuer à renforcer les inégalités sociales existantes, voire à en créer de nouvelles», note le Statec dans son analyse.
Le Statec souligne que les travailleurs mobilisant leurs compétences numériques quotidiennement, «ont tendance à mettre en œuvre des compétences cognitives additionnelles, deux fois plus fréquemment que les autres travailleurs, avec des tâches manuelles plus rares.»
Il souligne aussi que les personnes qui ont quitté leur emploi au cours des deux dernières années ont moins fréquemment réalisé des tâches numériques que ceux toujours en emploi, elles ont plus souvent participé à des tâches physiques. «Ces constatations semblent renforcer l’idée que les compétences numériques sont davantage valorisées sur le marché du travail luxembourgeois», conclut le Statec.
Autre impact observé, sur le télétravail. Au deuxième trimestre de cette année, 32% des résidents pratiquent le télétravail. Mais une ligne de fracture se dessine, puisque parmi eux, 57% sont des cadres ou issus de professions intellectuelles, tandis que 25% sont issus des professions intermédiaires.
Un impact sur le salaire
Pis encore, la maîtrise des compétences numériques, ou plutôt le défaut de maîtrise, ont un impact sur les inégalités sociales, «ces écarts de compétence peuvent contribuer à renforcer les inégalités sociales existantes, voire à en créer de nouvelles». Par exemple, parmi les individus les plus instruits (diplômés d’un master ou plus, 86% utilisent des appareils numériques pendant plus de la moitié de leur temps de travail. Dans le groupe des personnes ayant des diplômes d’études primaires, cette moyenne retombe à 26%. «C’est un indicateur de profonde fracture numérique qui coïncide avec celle relative au niveau d’éducation».
Enfin, ces compétences exercent une influence significative sur le salaire. «Toutefois, il est essentiel de prendre en compte que ces compétences sont intrinsèquement liées au niveau d’éducation. Les compétences ont en outre des valeurs différentes sur le marché du travail et donc des rendements salariaux divergents», note le Statec.
Le salaire est plus souvent associé à l’usage des compétences cognitives et numériques plutôt qu’à d’autres. «C’est parmi les 40% de travailleurs les mieux rémunérés que l’utilisation des compétences cognitives est la plus élevée. Chez les 20% des travailleurs résidents les moins rémunérés, nous trouvons une valeur extrêmement faible de cet indicateur. Ces résultats sont principalement dus aux compétences numériques» est-il détaillé dans l’analyse.