Le Luxembourg devrait rejoindre l’initiative de cloud souverain européen dans les prochaines semaines. Avec des projets concrets. (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg devrait rejoindre l’initiative de cloud souverain européen dans les prochaines semaines. Avec des projets concrets. (Photo: Shutterstock)

Mis sur les rails par l’Allemagne, rejointe par la France, le projet de cloud souverain européen Gaia-X a pris de la vitesse, cette semaine à Bruxelles, avec la création d’une association internationale sans but lucratif. En coulisses, le Luxembourg se prépare à prendre part à l’initiative.

20 ans après la création de l’European Aeronautic Defence and Space company (EADS) – l’ancêtre d’Airbus –, les Européens remettent ça avec Gaia-X. Sur un mode légèrement différent. Là où DaimlerChrysler Aerospace, Aerospatiale-Matra et Construcciones Aeronáuticas s’étaient mariées pour le meilleur et pour le pire, avec une gouvernance franco-allemande à tous les étages, le projet de cloud souverain européen a annoncé le 15 septembre la création d’une association internationale sans but lucratif.

Pour l’instant, pas de capitaine d’industrie, comme Jean-Luc Lagardère ou Manfred Bischoff, mais un leadership collégial où 22 entreprises et institutions, allemandes ou françaises, signent d’une seule main une déclaration d’intention qui entrera dans une phase encore plus décisive en novembre.

Moins d’un an après son annonce par le ministre allemand de l’Économie, sous l’impulsion de la Fraunhofer-Gesellschaft, Gaia-X, même installée à Bruxelles – près des lieux de pouvoir européen –, reste drivée par des intérêts allemands: permettre aux constructeurs automobiles allemands, qui pèsent près de 20% du PIB et des exportations allemandes, de préparer une alternative européenne à un stockage américain ou chinois de leurs données ultrasensibles.

«Le groupe BMW voit l’avenir des logiciels automobiles dans le cloud, qu’il s’agisse de solutions informatiques pionnières pour le développement et la production de véhicules haut de gamme, de nouveaux services numériques pour nos clients ou de fonctionnalités innovantes dans l’automobile», a déclaré ce 15 septembre Marco Görgmaier, responsable de la plate-forme DevOps et des technologies cloud au sein du groupe BMW, dans le communiqué officiel. «La participation au projet Gaia-X est une étape logique dans notre intention d’accroître encore notre force d’innovation. Les objectifs du projet Gaia-X, comme la recherche de la souveraineté des données, la réduction des dépendances, la mise en place de services cloud à grande échelle et la création d’un écosystème ouvert pour l’innovation, sont en parfaite adéquation avec nos propres efforts.»

Au milieu des 22 membres (3DS Outscale, Amadeus, Atos, Beckhoff Automation, BMW, Bosch, Cispe, DE-CIX, Deutsche Telekom, Docaposte, EDF, Fraunhofer Gesellschaft, German Edge Cloud, IMT, l’International Data Spaces Association, Orange, OVH, PlusServer, Safran, SAP, Scaleway, Siemens), pas de Luxembourgeois, alors même que le pays était aux avant-postes des centres de données de qualité supérieure en Europe.

Un retard à l’allumage? «Non», commente , sous sa double casquette de lobbyiste du Cloud Council Europe et de CEO d’EBRC. «Les Allemands ont mis de gros moyens dans l’initiative, et le moteur reste double, français et allemand. Nous discutons avec différents ministères de l’implication du Luxembourg», comme l’Économie ou la Digitalisation. «Il est temps de monter dans le train», concède l’entrepreneur qui avoue un intérêt de ses interlocuteurs. «Mais il faut bien comprendre qu’il y a trois niveaux complémentaires, le cloud privé, les utilisations et les associations, tandis que la gouvernance s’organisera progressivement entre les États qui seront du projet».

Mais il y a davantage de chances que le Luxembourg soit en train de ficeler un certain nombre de projets, comme autant de cadeaux à mettre dans la corbeille des mariés, dans les domaines technologiques dont on parle régulièrement, comme l’internet des objets, les fintech, l’espace, l’agriculture, l’industrie 4.0 ou la «smart city». Typiquement, au Luxembourg, outre le supercalculateur (HPC) de Bissen, le développement du projet d’espace de la voiture connectée au pays des trois frontières intéressera d’autres pays.

300 à 400 entreprises ou projets dans les tubes

Les responsables de Gaia-X ne disent d’ailleurs pas autre chose en expliquant que 300 à 400 entreprises européennes ont déjà montré des signes d’intérêt.

La plateforme sera plutôt un moteur de recherche où ceux qui ont besoin d’être sûrs que leurs données seront conservées en Europe pourront trouver les interlocuteurs européens.

«Ce moteur de recherche permettra de trouver l’ensemble des fournisseurs de cloud qui répondent à vos critères: capacité de calcul précise; une offre par exemple qualifiée SecNumCloud (le référentiel de l’ANSSI, ndlr); ou un cloud qui ne dépend pas du droit étranger. […] La plateforme vous donne dans les résultats la liste des fournisseurs qui vous permettent d’obtenir le service que vous attendez, avec les critères souhaités», indiquait la directrice générale déléguée de 3DS Outscale, Servane Augie, récemment chez Clubic.

«En attendant la constitution définitive», , «les membres fondateurs de Gaia-X aisbl recherchent la participation active et l’adhésion de sociétés nationales et multinationales, européennes et non européennes, ainsi que des partenaires du monde scientifique et politique, qui partagent les normes et les valeurs européennes. L’association considère ses membres comme les principaux moteurs du progrès et de l’innovation, travaillant en étroite collaboration pour définir des normes et des prototypes de mise en œuvre, tant du point de vue des fournisseurs que des utilisateurs.»