Les ministres et responsables politiques de l’aménagement du territoire de la Grande Région se sont rassemblés jeudi 16 janvier à Luxembourg. (Photo: MEA, DATer)

Les ministres et responsables politiques de l’aménagement du territoire de la Grande Région se sont rassemblés jeudi 16 janvier à Luxembourg. (Photo: MEA, DATer)

Les ministres et responsables politiques en charge de l’aménagement du territoire de la Grande Région se sont réunis jeudi 16 janvier à l’occasion de la 6e réunion sectorielle de l’Aménagement du territoire de la Grande Région. Un nouveau schéma de développement en cinq axes a été défini et présenté.

C’est à Luxembourg que les ministres et responsables en charge de l’aménagement du territoire du Luxembourg, Grand Est, Wallonie, Communauté germanophone de Belgique, Rhénanie-Palatinat et de la Sarre se sont réunis pour discuter de la vision prospective transfrontalière à adopter pour la Grande Région.

«Dans le cadre du projet Interreg V, nous avons pu mener une analyse approfondie de ce territoire qu’est la Grande Région», explique Claude Turmes, ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire du Grand-Duché de Luxembourg. «Cette étude nous a permis, entre autres, de mieux comprendre les mouvements transfrontaliers, mais aussi d’identifier des besoins comme ceux dans le domaine de la santé. À partir de ces différentes analyses et observations, nous avons décidé d’adopter cinq nouveaux axes de développement qui prennent en considération les enjeux, les risques et les opportunités du développement territorial futur de ce territoire spécifique.»

Cinq axes pour un nouveau développement

Les cinq axes adoptés à l’occasion de cette rencontre sont les suivants:

1. Faire de la Grande Région un centre d’attractivité économique et d’innovation en Europe, entrant ainsi dans une compétition intraeuropéenne dans laquelle figurent, par exemple, le grand Copenhague, le grand Paris ou le grand Barcelone;

2. Offrir une excellente qualité de vie aux citoyens de cette région qui traversent au quotidien les frontières. Cette qualité de vie doit être à la hauteur des transitions de notre époque, qu’elles soient climatiques, écologiques, énergétiques, démographiques, socioéconomiques ou encore alimentaires. «Ces transitions peuvent se faire aussi grâce à la mutation numérique qui a un impact important sur notre vie quotidienne», a ajouté Claude Turmes;

3. Une formation pensée à l’échelle de ce territoire, avec un marché du travail transfrontalier et partagé, fondé sur des filières communes de formation. C’est déjà le cas dans certains secteurs comme celui de la santé, mais des progrès sont encore possibles, notamment dans le secteur de la rénovation des bâtiments, pour ne citer qu’un exemple;

4. L’objectif de constituer une métropole polycentrique, menée non pas par une seule grande ville mais par plusieurs villes de tailles moyennes – Luxembourg, Arlon, Metz, Nancy, Sarrebruck, Trèves. «Il s’agit de favoriser l’urbanisation de ces villes tout en maintenant un dialogue avec les territoires ruraux», explique Claude Turmes. Ce développement doit se baser sur une mobilité et une connectivité faibles en carbone.

5. Apprendre à travailler et à se développer ensemble à différentes échelles, en introduisant un échelon supplémentaire entre la coopération macro (Grande Région) et micro (communes) qui est le niveau des grandes villes. Ainsi, une coordination à long terme peut s’inscrire dans une logique multiniveau.

Ce nouveau cadre de développement et ces ambitions doivent, le 18 juin prochain, être présentés à Berlin au niveau supérieur, c’est-à-dire aux représentants étatiques des différents pays participants, et ce, afin de sensibiliser les multiples compétences et organes décisionnaires à l’importance de ce développement régional transfrontalier. Cette présentation des objectifs et leur approbation devront permettre de débloquer les moyens financiers nécessaires à leur mise en œuvre.

La dimension métropolitaine de la Grande Région. (Illustration : SIG-GR)

La dimension métropolitaine de la Grande Région. (Illustration : SIG-GR)

Des actions concrètes à court terme

Afin d’assurer une mise en œuvre opérationnelle de cette vision prospective, des actions concrètes vont être mises en place à court terme, à partir de mars 2020. «Notre objectif premier est de réduire les barrières réglementaires, administratives et techniques qui constituent des freins au développement des projets», explique Willy Borsus, vice-président de la Wallonie, ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Agriculture et de l’Aménagement du territoire. Le domaine de la mobilité est considéré comme prioritaire. «Il faudra par ailleurs faire évoluer les mentalités et mettre la Grande Région dans la tête de nos concitoyens, pour que, par exemple, travailler ou étudier dans la Grande Région devient une possibilité concrète», a-t-il ajouté.

Part de frontaliers du Luxembourg dans la population active occupée en 2015. (Illustration : SIG-GR)

Part de frontaliers du Luxembourg dans la population active occupée en 2015. (Illustration : SIG-GR)

Par ailleurs, les questions liées au numérique seront aussi au cœur des attentions. Dans ce sens, de nouveaux outils en faveur de la mobilité pourront être développés, tout comme d’autres liés à l’intelligence artificielle. «Nous partageons tous les mêmes préoccupations et devons développer sur ce territoire commun, à partir de nos potentiels, les enjeux qui répondent aux enjeux mondiaux, comme la transition énergétique ou les ambitions environnementales», a ajouté Franck Leroy, vice-président de la Région Grand Est.

Des pôles d’intérêt comme la culture, le tourisme ou le sport ont aussi été évoqués, sans oublier, bien entendu, la possibilité de développer des projets à intérêt économique ou industriel.

Certaines eurorégions, comme celle de Liège-Aix la Chapelle ou celle de Bâle, ont déjà pris de l’avance sur ces sujets de coopération transfrontalière dans certains domaines, et pourront être inspirantes pour le cas de la Grande Région. «Ce nouveau cadre de travail que nous venons de définir devrait permettre à chaque habitant de notre région de vivre une citoyenneté européenne au quotidien», a conclu Philippe Voiry, conseiller diplomatique auprès du préfet de la région Grand Est. Une vision pour laquelle il faut encore toutefois trouver les moyens financiers pour la réaliser.