L’immeuble Arsenal présente des volumes en avant-corps qui animent la façade. (Illustration: Georges Reuter Architectes)

L’immeuble Arsenal présente des volumes en avant-corps qui animent la façade. (Illustration: Georges Reuter Architectes)

La banque Société Générale Luxembourg construit un nouveau siège à Luxembourg. L’architecture du bâtiment Arsenal a été confiée à Georges Reuter Architectes. À l’occasion de la pose de la première pierre, le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre présentent le projet.

Depuis 1893, Société Générale est présente à Luxembourg. Première banque étrangère à s’installer au Grand-Duché, elle réaffirme aujourd’hui sa présence en construisant un nouveau siège, sur une parcelle lui appartenant située avenue Emile Reuter. La conception architecturale a été confiée à Georges Reuter Architectes, agence fondée par le petit-fils de l’architecte du premier immeuble de la banque, et qui a imaginé un bâtiment répondant aux défis contemporains en matière de construction et d’aménagement de bureaux, tout en offrant une identité architecturale propre à la banque.

Réhabiliter ou construire?

À l’origine, les équipes de Société Générale occupaient les immeubles situés au 11, 13 et 15, avenue Emile Reuter. Ces bâtiments ont été construits progressivement entre 1956 et 1983, et le bureau Georges Reuter Architectes était à l’époque conducteur principal de travaux. «Avant de prendre la décision de construire un nouveau siège, nous avons étudié la possibilité de transformer et réhabiliter les bâtiments existants», explique Laetitia Carrière, directrice des moyens généraux et de l’immobilier chez Société Générale. «Mais ces immeubles, au vu de leurs différentes époques de construction, étaient très hétérogènes, avec de petits plateaux difficiles à exploiter et peu compatibles avec nos habitudes de travail actuelles. En parallèle de cela, le nouveau PAG nous permet d’utiliser la totalité de la parcelle, ce qui représente un gain de surface de 2.000m² par rapport à ce qui était construit. Les bâtiments étant obsolètes et difficiles à mettre en réhabilitation, et au vu de nos besoins en espace pour accueillir les équipes toujours plus nombreuses, nous avons finalement opté pour une démolition/reconstruction. Cela nous permet de diminuer drastiquement notre empreinte énergétique et d’anticiper les nouveaux modes de travail.»

Un cahier des charges bien rempli

La volonté de la banque, en plus de pouvoir répondre aux besoins d’espaces de travail et d’accueil de ses clients, était de concevoir un bâtiment qui puisse correspondre à sa politique RSE et offrir un cadre de travail d’une qualité supérieure. «Le nouveau bâtiment doit donner envie de venir travailler ici, offrir un espace de travail et d’échange confortable, convivial, lumineux pour environ 700 postes de travail», explique Laetitia Carrière. «Le confort des utilisateurs est placé au cœur de notre démarche. Nous souhaitions pouvoir mettre en place des espaces communs qui incitent à la rencontre entre les collaborateurs, que ces derniers ne restent pas isolés à leur bureau. Nous avions aussi la volonté de développer un business center, un auditorium, un espace de restauration, une salle de fitness et une salle de musique pour les répétitions des groupes qui existent entre nos collaborateurs. La volonté de poursuivre la présence du parc voisin jusqu’à l’intérieur de l’immeuble était aussi une demande de notre part», explique Laetitia Carrière.

Une façade représentative

Longue de 45 mètres, la façade du bâtiment est un élément qui mérite une attention particulière. «Ce bâtiment est en plein centre-ville, mais est localisé dans une rue calme, peu spectaculaire», explique Tobiasz Lebkowski, architecte en charge du projet chez Georges Reuter Architectes. «Il n’est pas vraiment possible de prendre du recul pour admirer les façades. Ainsi, la vision de la future façade se fait principalement de biais. C’est pour cela que nous avons choisi de développer un jeu d’avant-corps irréguliers qui sculptent le volume de la façade, lui conférant un caractère tridimensionnel qui anime cette surface, tout en lui apportant du caractère, sans tomber dans l’écueil de la façade tramée que l’on rencontre beaucoup ces dernières années pour les façades de bureaux.»

Pour le choix des matériaux, les architectes se sont appuyés sur la tradition de l’utilisation de la pierre que l’on retrouve sur de nombreuses façades en centre-ville, ce à quoi ils ont ajouté du verre et de l’acier. «Par ce choix de matériaux, nous portons le message que la banque s’appuie sur la tradition tout en restant orientée vers le futur et la modernité», détaille l’architecte.

Par ailleurs, on trouve aussi une attention à l’histoire et à l’ancrage local dans le choix du nom du bâtiment, puisque «Arsenal» évoque l’ancienne forteresse Vauban et l’emplacement de l’ancien arsenal militaire où se développe aujourd’hui ce nouveau projet.

À l’arrière, la façade est largement vitrée pour laisser entrer la lumière naturelle. (Illustration: Georges Reuter Architectes)

À l’arrière, la façade est largement vitrée pour laisser entrer la lumière naturelle. (Illustration: Georges Reuter Architectes)

Un volume arrière en terrasses

À l’arrière, le bâtiment se déploie en trois volumes. Un socle commun se développe sur deux niveaux en sous-sol, mais qui reçoivent quand même de la lumière naturelle. «Ce socle permet la rencontre entre les utilisateurs du site. On y trouve l’espace de restauration, le fitness, le business center, l’auditorium…»

Les deux autres volumes sont réservés aux espaces de travail, avec des aménagements modulaires, libres et flexibles sur les plateaux. Les cages d’escaliers étant placées sur les côtés, les plateaux sont très modulables dans leurs configuration et aménagements intérieurs. Partout, de larges baies vitrées permettent de faire entrer la lumière naturelle et assurent un grand confort d’utilisation. «La forme irrégulière des volumes est aussi adaptée à la course du soleil, pour profiter des apports solaires sans que cela devienne un inconvénient en été», explique Tobiasz Lebkowski. «Nous avons aussi apporté une grande attention à ce que le volume de notre bâtiment ne mette pas dans l’ombre nos voisins qui habitent les immeubles qui jouxtent le nôtre», assure Laetitia Carrière. «Nous aurions pu construire bien plus haut que ce que nous avons prévu, mais dans ce cas, nous leur aurions coupé la lumière, ce que nous ne voulions absolument pas.» Au total, l’immeuble représente 9.700m² de surfaces développées.

En plus des volumes intérieurs, de nombreuses terrasses sont planifiées. «Notre volonté est de retrouver l’esprit du parc à l’intérieur de notre bâtiment», assure Laetitia Carrière. Pour cela, des terrasses végétalisées sont plantées à plusieurs endroits et sont envisagées comme des espaces de détente à l’extérieur. «Ce sont de véritables jardins, pour lesquels nous avons travaillé avec Nat&Vie pour le choix des plantes afin qu’elles répondent à la fois à des conditions adaptées à ce type d’usage, à une fleuraison étalée dans le temps, mais aussi à des ambitions écologiques, assurant la biodiversité, étant peu gourmandes en eau et ne nécessitant que peu d’entretien», explique Tobiasz Lebkowski. «Peu de bâtiments administratifs ont la chance d’avoir de tels espaces extérieurs en centre-ville. C’est une vraie plus-value pour nos équipes», assure Laetitia Carrière.

Les toitures plates des volumes construits accueillent des terrasses paysagères. (Illustration: Georges Reuter Architectes)

Les toitures plates des volumes construits accueillent des terrasses paysagères. (Illustration: Georges Reuter Architectes)

Des bureaux pensés pour la collaboration

 Sur les futurs plateaux, la collaboration est au cœur de la réflexion. «Nous avons organisé des ateliers de co-construction afin d’affiner l’organisation de notre nouveau bâtiment. Nous avons ainsi mêlé ambition architecturale et managériale», explique Laetitia Carrière. «Ces dix dernières années, le groupe Société Générale a construit de nombreux bâtiments, notamment en France. Nous avons pu tirer de nombreux enseignements de ces diverses expériences qui ont été mises à profit dans la conception du siège à Luxembourg.»

Depuis 2017 et l’emménagement dans le bâtiment Carrefour voisin du futur siège, la banque est «flex ready»: tous les collaborateurs sont équipés de matériel informatique mobile, ont le même mobilier de bureau et des rangements physiques réduits au minimum. Avec le déménagement dans l’Arsenal, ce sera l’occasion d’aller une étape plus loin et de passer sur une pratique du «flex» plus importante. «Dans le nouveau bâtiment, les espaces de collaboration sont largement augmentés – jusqu’à 30% contre environ 10% actuellement – et le ratio de ‘flex’ pourrait passer, si le cadre règlementaire l’autorise, de 0,9% actuellement à 0,8% à l’avenir», détaille Laetitia Carrière. Pour accompagner la gestion de ces espaces de travail, une application, UbiGreen, est mise en place. À l’aide d’un système de capteurs, elle permet par exemple de détecter si une place de travail est occupée.

Les espaces de collaboration sont tous aménagés dans un esprit très confortable et convivial, presque domestique. «Les aménagements que nous avions proposés dans ces espaces ont rencontré un tel succès auprès de nos équipes que nous avons mis à disposition le catalogue des meubles choisis, car certains collaborateurs souhaitaient les acheter pour leur logement», souligne Laetitia Carrière. Pour le bâtiment Arsenal, l’aménagement intérieur a été confié au bureau EL’LE Interior Stories.

Une politique RSE respectée

Cette nouvelle construction s’inscrit pleinement dans la politique de responsabilité sociétale et environnementale du groupe. Est en effet visée l’obtention d’une certification HQE au niveau Excellent et BREEAM au niveau Very Good. Ce sera aussi évidemment un bâtiment intelligent, avec un pilotage et une gestion du bâtiment par un système centralisé. Depuis 2016, la banque a développé une application dénommée My Building, qui permet à chaque utilisateur de piloter les stores, la température, la lumière électrique à son poste de travail. Elle permet aussi, par exemple, de connaître la fréquentation de la salle de sport ou encore de signaler une panne dans l’équipement du bâtiment.

Actuellement, 26 mois de travaux sont planifiés afin que le bâtiment Arsenal puisse être livré à l’horizon 2023. La construction de ce nouveau siège, conjuguée à la prise en location du bâtiment Icône à Belval, constitue la pierre angulaire de , qui entend bien conserver cet ancrage local sur le long terme.