Le Lycée Michel Rodange à Luxembourg a fait l’objet d’un important chantier de rénovation et d’extension. (Photo: Eric Chenal)

Le Lycée Michel Rodange à Luxembourg a fait l’objet d’un important chantier de rénovation et d’extension. (Photo: Eric Chenal)

Le Lycée Michel Rodange était en travaux depuis 2017. Les extensions, rénovations et assainissements énergétiques ont été inaugurés ce lundi 26 septembre. Une intervention qui replace l’établissement dans le rang des lycées modernes tout en conservant l’authenticité de son architecture des années 1970.

Avec plus de 1.500 élèves, le Lycée Michel Rodange à Luxembourg (LMRL) se place au premier rang pour l’enseignement classique national. Mais les étudiants étaient logés dans un bâtiment typique des années 1970 qui nécessitait une rénovation profonde, ainsi que des extensions pour répondre aux besoins de l’établissement scolaire.

C’est pourquoi l’Administration des bâtiments publics, en collaboration avec le bureau Jim Clemes Associates et les ingénieurs-conseils des bureaux Schroeder & Associés et Felgen et Associés Engineering, s’est lancée dans une grande campagne de travaux en 2017 afin de répondre aux fonctionnalités et aux normes actuelles pour les établissements scolaires, tout en tenant compte de l’augmentation de l’effectif des élèves. Les nouveaux équipements sont en service depuis l’automne 2021, mais l’inauguration n’avait pas encore pu avoir lieu à cause de la situation sanitaire et économique bousculée. 

Respecter l’existant

Un des grands défis de ce chantier était de respecter l’architecture d’origine. Le Lycée Michel Rodange est logé dans un bâtiment initialement dessiné en 1970 par l’architecte Laurent Schmit sur le nouveau campus du Geesseknäppchen. Sa construction s’est faite en trois étapes et a suivi la croissance rapide du lycée: en 1971, l’aile centrale était terminée, suivie en 1972 par l’aile nord et le gymnase puis l’aile sud en 1975.

Initialement conçu pour accueillir 1.200 élèves, le lycée a été très rapidement suroccupé. Des constructions annexes ont dû combler le manque de salles de classe. Mais le bâtiment vieillissant, et le succès du lycée ne faiblissant pas, une remise à niveau était vraiment devenue nécessaire.

L’objectif de ces travaux était de permettre une rénovation respectueuse de la substance bâtie, valorisant plusieurs éléments typiques de cette époque de construction, dont la façade aux proportions particulièrement réussies. Le bâtiment se distingue à l’époque par son approche innovante, avec notamment le recours au béton préfabriqué. Le lycée se définit par une construction dite «Plattenbau», c’est-à-dire des murs de façade solidarisés avec les dalles nervurées posées sur des piliers en béton.

Cette intervention minutieuse par rapport à l’existant permet également de répondre au principe de l’économie des matériaux et de préserver un maximum d’énergie grise. Les éléments intéressants sont maintenus et restaurés, seuls les éléments nécessaires étant remplacés ou ajoutés.

C’est le cas pour l’ensemble de l’isolation, de la technique et des toitures qui a dû être revu. Les espaces de circulation devaient également être repensés pour mieux desservir les différents espaces, dont les nouvelles constructions, et permettre l’accueil de personnes à mobilité réduite sur l’ensemble de l’établissement grâce à l’introduction de nouveaux ascenseurs.

Des gestes simples, mais efficaces

Dans les anciennes salles de classe, les faux plafonds ont été retirés pour laisser apparaître les plafonds d’origine en béton nervuré. Ce geste simple permet de porter à la fois un nouveau regard sur le système constructif du bâtiment et de profiter de l’inertie thermique qu’offre le béton.

Des ouvertures hautes sont ajoutées sur le mur mitoyen avec le couloir, permettant de mieux faire circuler la lumière naturelle jusqu’au cœur du bâtiment.

L’ensemble des châssis a été changé et une isolation par l’intérieur a été ajoutée, permettant ainsi de ne pas intervenir directement sur la façade extérieure.

D’un point de vue énergétique, la ventilation naturelle est appliquée de manière systématique. L’air entre par les ouvrants en façade, transite par les ouvrants côté couloir et s’échappe par effet de cheminée vers les ouvertures de toiture des cages d’escalier. Dans la nouvelle construction, la façade garantit aussi bien l’arrivée que la sortie de l’air par des ouvrants motorisés. Cette ventilation est combinée à un refroidissement nocturne et une protection solaire renforcée.

Une nouvelle construction

Toutefois, l’intervention dans l’existant ne suffisait pas à répondre aux différents besoins du lycée. Une nouvelle extension était nécessaire et devait trouver sa place avec les constructions déjà présentes sur le site. Il a donc été décidé de construire un nouveau bâtiment en fond de parcelle, pour accueillir le hall sportif, la salle polyvalente et la cafétéria.

Pour cela, le hall d’entrée a été fortement remanié, avec l’introduction d’une nouvelle passerelle permettant d’accéder directement à la cafétéria et à la bibliothèque.

Afin de diminuer l’impact visuel de la nouvelle construction, elle est semi-enterrée, permettant ainsi d’offrir un important volume intérieur sans imposer une trop grande présence à l’extérieur.

L’ensemble des toitures a été retravaillé en vue d’une meilleure isolation. Les nouvelles toitures sont traitées en plantation extensive et intensive. On y trouve même un petit jardin pédagogique et une ruche. Par ailleurs, des panneaux photovoltaïques ont été installés et produisent une partie de l’électricité nécessaire au fonctionnement du bâtiment.

Le choix des couleurs intérieures reprend les teintes déjà présentes dans l’architecture historique et contribue à une ambiance chaleureuse. Partout où cela était possible, le mobilier et les équipements spéciaux ont été extraits, stockés et réinstallés une fois les travaux terminés.

Les alentours ne sont pas oubliés et font également l’objet de nouveaux aménagements. Ces derniers, réalisés avec la collaboration du bureau paysager Carlo Mersch, répondent à un nouveau concept général pensé pour l’ensemble du campus. Les surfaces scellées sont progressivement remplacées au maximum par des surfaces végétalisées et de nouvelles plantations, tout en intégrant un cheminement plus lisible pour les piétons et les cyclistes.

 

Fiche technique

Maître d’ouvrage: Administration des bâtiments publics

Architecte: Jim Clemes Associates

Ingénieur génie statique: Schroeder & Associés

Ingénieur génie technique: Felgen et Associés Engineering

Paysagiste: Carlo Mersch Ingénieurs-Paysagistes

Coordination de sécurité et santé: Geri Management

Bureau de contrôle: Vinçotte Luxembourg

Organisme agréé: Luxcontrol

Coût du projet: 64 millions d’euros

Surface brute: 24.000m2 (dont 18.000m2 pour le nouveau bâtiment)

Fin des travaux: automne 2021

Localisation: Luxembourg