Philippe Sylvestre (président actuel) et André Hommel (président sortant) soulignent le désir du Jeune Barreau d’accompagner les jeunes avocats. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Philippe Sylvestre (président actuel) et André Hommel (président sortant) soulignent le désir du Jeune Barreau d’accompagner les jeunes avocats. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le Jeune Barreau, qui vient de changer de président, accompagne plus que jamais les avocats dans une période incertaine.

Drôle d’année que celle écoulée pour André Hommel, président sortant de la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg. «Nous avons connu une année très dynamique… entre septembre et mars», résume-t-il. 58 réunions du Jeune Barreau, 15 événements conviviaux (quilles, quiz, dégustation de vin…), 13 conférences de formation permanente, 13 participations à une rentrée judiciaire d’un Barreau étranger, 13 réunions du comité… jusqu’au traditionnel concours d’éloquence qui s’est tenu la veille du confinement général. «Nous avions réduit l’assistance au seul comité et au jury, mais nous ne nous rendions pas compte de ce qui allait se produire», se souvient Me Hommel.

Et même si l’agenda s’est vidé du fait du confinement – notamment la très attendue rentrée judiciaire avec une séance solennelle à la Cour de justice de l’UE, reportée pour l’instant en juin 2021 –, «nous avons basculé en mode visioconférence autant que possible», en particulier pour les formations dispensées en webinar.

L’occasion d’un saut technologique pour le Jeune Barreau, bénéficiant de l’équipement informatique de la Maison de l’avocat – et de son serveur sécurisé – pour organiser des conférences en Webex. Avec l’avantage de simplifier certaines étapes comme la délivrance des certificats de participation, désormais envoyés automatiquement et par voie numérique.

Contrairement aux craintes, le Jeune Barreau n’a pas été assailli d’appels au secours de jeunes avocats mis au chômage forcé. «Étant dans une profession libérale, nous craignions pour le maintien des emplois et la continuation des dossiers», indique Me Hommel. «Le Barreau a mis en place un outil d’écoute pour les avocats. Le Jeune Barreau a connu trois cas de jeunes avocats en difficulté – dont deux auraient pu se produire dans d’autres circonstances, mais le Covid-19 a créé une situation de stress pour tout le monde et a pu faire éclater des relations de travail déjà potentiellement conflictuelles.»

Il est encore un peu tôt pour avoir une vue générale sur les dommages que la crise aura générés.
Me André Hommel

Me André Hommelprésident sortant de la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg

Assumant son rôle de «syndicat des jeunes avocats dans une démarche consensuelle», le Jeune Barreau est intervenu afin de régler la situation. Il a cependant laissé le soin au Barreau de réagir aux propos du vice-Premier ministre et ministre du Travail, (LSAP), vis-à-vis des indépendants et de leurs «épaules larges».

«Il est encore un peu tôt pour avoir une vue générale sur les dommages que la crise aura générés», poursuit-il. «J’ai l’impression que tout le monde a souffert. Les études ont vécu une chute d’activité, un décalage de leurs rentrées financières.»

Privés d’aides directes, les avocats ont tout de même reçu un coup de pouce du gouvernement avec l’augmentation du taux de l’assistance judiciaire. «Cette augmentation avait été demandée depuis longtemps», souligne Philippe Sylvestre, nouveau président du Jeune Barreau pour l’année 2020-2021. «Il s’agit d’un rattrapage nécessaire, puisque ce taux n’avait plus évolué depuis sa désindexation en 2010.»

La rentrée judiciaire reportée sine die

Pour autant, le Jeune Barreau souligne «la mentalité entrepreneuriale» qui caractérise les jeunes avocats. «Ils sont courageux, ils ont l’ambition de se débrouiller et de s’organiser.» L’asbl suit le même chemin, s’adaptant à la nouvelle normalité post-Covid. Son assemblée générale du 9 juillet a été maintenue, et un nouveau comité élu – même si le comité sortant reste dans les starting-blocks pour finaliser l’organisation de la rentrée judiciaire annulée en mai dernier.

Si la situation s’améliore, le Barreau pourrait connaître, au printemps, deux événements phares habituellement organisés en alternance: la rentrée judiciaire et la revue (spectacle humoristique très prisé des jeunes et moins jeunes avocats). La décision finale ne sera toutefois pas prise avant plusieurs mois au vu de l’évolution de la pandémie et des restrictions de rassemblement.

Entre-temps, les rassemblements festifs vont reprendre, dans le respect des mesures sanitaires évidemment. «Nous prévoyons d’organiser un quiz de juristes et une dégustation de vin dans des lieux plus spacieux qu’auparavant», énumère Me Sylvestre. Une conférence par mois devrait être organisée, en webinar pour le moment, les orateurs intervenant depuis la Maison de l’avocat. «La plupart de nos partenaires habituels, notamment les grands cabinets, n’osent pas encore rouvrir leurs auditoires», privant le Jeune Barreau de ses lieux de conférence traditionnels.

C’est une convention compatible avec les principes de la profession et qui exprime notre exigence que les avocats devraient gagner au moins le salaire minimum qualifié lorsqu’ils commencent.
Me André Hommel

Me André Hommelprésident sortant de la Conférence du Jeune Barreau

En outre, le Jeune Barreau s’occupe cette année, pour la première fois, de l’organisation des formations continues à l’égard de certaines spécialités (avocat pour enfant, comment créer son étude, responsabilité en matière de KYC…), jusque-là pilotées par le Barreau.

Dernier héritage du comité précédent: une convention de stage type présentée lors de l’assemblée générale du Jeune Barreau. «C’est une convention compatible avec les principes de la profession et qui exprime notre exigence que les avocats devraient gagner au moins le salaire minimum qualifié lorsqu’ils commencent», explique Me Hommel. «Nous avons travaillé sur cette convention de stage durant le confinement à un moment où tout le monde craignait la précarisation des relations de travail. Nous soulignons également la possibilité de prévoir un préavis», à la fois pour sécuriser le stagiaire et pour donner de la prévisibilité au patron de stage.

Ladite convention sera désormais jointe au paquet de bienvenue des jeunes avocats au sortir de leur assermentation. «Cela me tenait à cœur de donner une réponse bonne et mesurée aux nouvelles interrogations survenues au début de la crise», confie Me Hommel, alors que ce sujet avait été mis sur la table par plusieurs de ses prédécesseurs, à commencer par Anissa Bali en 2014. Le Jeune Barreau suit ainsi l’exemple de son homologue de Bruxelles et devance plusieurs autres intéressés, comme ceux du canton de Vaud (Suisse) et de Montréal. En espérant faciliter la toujours délicate négociation entre un patron et un aspirant stagiaire.