Les patients se font encore attendre dans les cabinets de kiné alors que les opérations chirurgicales ont été suspendues durant le confinement. (Photo: Xavier Celli)

Les patients se font encore attendre dans les cabinets de kiné alors que les opérations chirurgicales ont été suspendues durant le confinement. (Photo: Xavier Celli)

Xavier Celli, kinésithérapeute, avait témoigné pour Paperjam de l’abandon des professions de santé en début de crise. La reprise reste timide dans son cabinet.

Installé depuis un an à Luxembourg avec son associée, Xavier Celli son désarroi alors que son cabinet tournait à vide. Il incarnait le paradoxe des professionnels autorisés à continuer leur activité, mais dans l’incapacité matérielle de le faire en raison du confinement, puisque tout déplacement non motivé était sanctionné. Il avait aussi appelé à un coup de pouce pour les professionnels de santé qui se faisait attendre.

Où en est-il aujourd’hui? «Les gens avaient encore peur de revenir durant les premières semaines», dit-il, saluant les annonces répétées de la ministre de la Santé incitant les patients à consulter après la réouverture officielle des cabinets médicaux le 4 mai.

Xavier Celli respecte les prescriptions sanitaires à la lettre. «Nous désinfectons les tables, poignées de porte et chaises entre chaque patient, nous aérons le cabinet plus souvent. Ce sont des mesures auxquelles nous sommes déjà habitués en tant que cabinet médical.» De quoi rassurer les patients encore circonspects. Et port du masque obligatoire pour les kinés comme les patients, évidemment. Ces derniers sont priés de se présenter à l’heure afin d’éviter que plusieurs personnes soient en contact dans la salle d’attente.

Il faut compter le temps que les gens consultent, voire soient opérés. Cela prendra quelques mois.
Xavier Celli

Xavier Cellikinésithérapeute

«Notre activité a été réduite de 95% durant le confinement. Nos consignes étaient de rester ouverts pour les actes urgents et postopératoires. Or les opérations non urgentes ont été déprogrammées, et il y a eu moins d’accidents du fait du confinement. Cela va revenir progressivement. Il faut compter le temps que les gens consultent, voire soient opérés. Cela prendra quelques mois.»

L’activité du cabinet redémarre donc doucement. «Nous étions mi-mai à 50-60% de notre activité normale, et maintenant plus proches des 75%», évalue M. Celli. Une reprise qui suit également le retour progressif des télétravailleurs et des frontaliers. Le cabinet a ouvert le maximum de plages horaires et renoncé aux ponts du mois de mai. En ce début juin, «les gens commencent à avoir confiance de nouveau, à consulter», note-t-il, estimant que cette évolution est corrélée à l’évolution de l’épidémie, entre le faible nombre de nouveaux cas et le dépistage massif de la population.

Blouses et masques en quantité suffisante

Le manque à gagner se creuse ainsi pour le cabinet. Et même si les deux associés se sont inscrits sur la réserve sanitaire, le CDD d’État de 16h par semaine «n’apporte que 4.000 euros pour deux mois, ce qui est largement insuffisant pour couvrir le loyer et les charges fixes». Leur propriétaire a bien voulu échelonner le paiement des derniers loyers, mais pas les annuler. «En attendant, on prend dans nos réserves, qui étaient faibles puisque nous sommes installés depuis seulement un an et avons beaucoup investi dans nos équipements l’an dernier.»

En revanche, «on peut remercier le gouvernement pour les dotations en matériel de protection», souligne M. Celli, alors que les soignants des pays limitrophes doivent se débrouiller par eux-mêmes. Blouses pour la kinésithérapie respiratoire, lunettes, masques FFP2 si des patients toussent, masques chirurgicaux… La dotation mensuelle couvre les besoins hormis ceux en solution hydroalcoolique et en désinfectant – un autre coût supplémentaire pour une durée encore incertaine.