Le CEO de Foobot, Jacques Touillon, a modifié son projet de départ, passant de l’analyse de la qualité de l’air à la réduction de consommation d’énergie et la qualité de l’air. (Photo: Jacques Touillon)

Le CEO de Foobot, Jacques Touillon, a modifié son projet de départ, passant de l’analyse de la qualité de l’air à la réduction de consommation d’énergie et la qualité de l’air. (Photo: Jacques Touillon)

Son premier produit, une sorte d’enceinte connectée capable d’analyser la qualité de l’air, était à la fois un succès et dans une impasse: le fondateur de Foobot, Jacques Touillon, a modifié son produit au bénéfice d’une réduction de la consommation d’énergie.

2014, un entrepreneur de la région lyonnaise remonte vers Nancy, puis Luxembourg. En avance sur son temps, son objet connecté, comme une enceinte, permet d’analyser la qualité de l’air. Six ans plus tard et des dizaines de milliers de ventes, majoritairement aux États-Unis, Jacques Touillon, toujours au Technoport, a donné une nouvelle dimension à sa vision.

«La levée de fonds nous a permis de faire le premier produit et de le mettre sur le marché. On a capitalisé dessus et on peut continuer à travailler, mais on n’est pas des rentiers!», s’amuse-t-il. 

À l’époque, vous disiez que votre produit serait davantage vendu aux États-Unis parce qu’il y avait un vrai appétit pour les objets connectés. Beaucoup plus qu’en Europe. Racontez-nous ce «revirement»!

«On avait du succès avec notre Foobot. On en vendait 80% aux États-Unis. Ça marchait bien, ça partait bien. Seulement, on a assez vite compris qu’on avait un plafond de verre pour deux raisons. D’abord, le moniteur vous lit ce qui est dans l’air… mais ensuite, il est muet, il ne peut rien faire. Donc si ce n’est pas bon, il vous laisse seul avec votre problème. Ensuite, le marché du ‘smart home’ est très fragmenté, ce qui fait que ce n’est pas ‘scalable’.

Vous avez un produit connecté, une app. Foobot avec son app, connecté à un thermostat Nest avec son app: on avait de super bons résultats d’amélioration de la qualité de l’air, seulement il fallait deux produits, deux apps, plus une app comme IFTTT pour connecter les deux… Autrement dit, ça ne parle qu’aux geeks, Madame Michu est perdue, ça ne lui correspond pas. Toutes ces boîtes dans le ‘smart home’ sont un peu dans des impasses, elles ne peuvent pas se parler entre elles alors elles se bloquent.

En même temps, avec ce proof of concept, on a continué à travailler et les résultats sont fulgurants. Avec notre intelligence artificielle, on est capable d’aller chercher jusqu’à 45% d’économies d’énergie des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation qui sont dans les bâtiments. Trop beau pour être vrai? L’intelligence artificielle a cette capacité à aller chercher un ensemble d’économies à plein d’endroits différents, à plein de niveaux différents et cette technologie du ‘digital twin’, le jumeau numérique, on va l’entraîner dans une représentation 3D du bâtiment sur des millions de scénarios. Quand elle est prête, on peut la déployer dans le bâtiment, on a juste une contrainte: il faut qu’il y ait une gestion technique du bâtiment qui pilote les installations du chauffage. On vient comme une couche logicielle.

Ensuite, on vient ajouter nos capteurs, comme le dernier Foobot Sat, comme satellite, pour aller un peu plus dans le B2B, qui a un vrai lecteur de CO2, plus de capteurs de particules fines, un capteur de mouvements pour détecter la présence et plus de connectivité avec l’ethernet. Notre IA plus les capteurs nous donnent une situation où on est producteur d’économie d’énergie et garant de la qualité de l’air. À Copenhague, on a fait 52% d’économies d’énergie et 100% de temps avec un CO2, des particules fines et des composants uniques volatils inférieurs au seuil préconisé.

En quoi l’intelligence permet-elle de réduire la consommation d’énergie?

«Elle prend le contrôle. Par exemple, au Danemark, les deux postes sur lesquels l’intelligence artificielle est intervenue sont les set points de température dans les systèmes de chauffage et de climatisation et la vitesse de ventilation. Ce que nous, humains, ne nous représentons pas, c’est qu’un ingénieur va intervenir de 8h à 18h, derrière son ordinateur. L’IA va aller chercher les résultats, toutes les 15 minutes, 24 heures sur 24, et calcule, processe. Parfois, ce sont des bouts de ficelles, de petites économies. Mais mises bout à bout, elles donnent des résultats assez stupéfiants.

Où en êtes-vous commercialement?

«Avec le Covid, quand on approche des gestionnaires de bâtiments avec cette solution, ce n’est pas simple. Je pensais que tout le monde serait aux fourneaux pour trouver des solutions parce que les bâtiments sont vides et tournent à plein régime. 45% d’économies d’énergie, ça n’intéresse personne – je caricature… On a l’impression qu’il faut attendre le dégel.

Soit, la gestion immobilière est trop conventionnelle, sur des temps longs. Quand on achète un système de chauffage, c’est pour 30 ans. On n’en change pas tous les 15 jours et on ne pense pas qu’on puisse l’optimiser une fois qu’il est là, on ne s’excite pas. Ou bien avec la situation actuelle et le fait que les gens ne sont plus dans les bâtiments, on a tout mis au congélateur pour prendre le temps de réfléchir et de construire des scénarios. Certains ont du mal à imaginer ajouter une couche de services au-dessus de ce qu’ils font déjà, quand ils fournissent des technologies. On a les briques technologies, on a délivré au Danemark et deux bâtiments en cours à Londres. Nous continuons à faire les compétitions de start-up pour challenger notre solution. Tout est plus lent, c’est un peu frustrant.

Notre solution ne nécessite pas d’investissement: c’est un abonnement à 1 euro par mètre carré pour réaliser jusqu’à 45% d’économies d’énergie. Il faut entre trois mois et moins de deux ans pour récupérer sa mise.»