Après avoir grandi dans le giron d’Encevo jusqu’en 2017 , Cegecom navigue au Luxembourg et en Allemagne avec 90 personnes de chaque côté de la frontière. Le directeur de l’entreprise fondée en 1999, , et le sales manager et senior executive, Didier Wasilewski, reviennent sur les éléments marquants des 20 ans écoulés. Et partagent leur vision de l’avenir de leur entreprise.
En 20 ans, Cegecom a-t-elle atteint son âge de raison?
Georges Muller. – «Être raisonnable, c’est participer au changement et ne pas le subir. Nous avons toujours envie de relever de nouveaux challenges, de proposer de nouvelles solutions pour nos clients.
Notre indépendance nous a permis d’attirer de nouveaux clients qui ne seraient pas venus au Luxembourg.
Qu’est-ce que signifie «opérateur alternatif» en 2019?
G.M. – «Ce que le terme recouvre a changé. Nous avons gardé notre esprit start-up, mais nous nous adressons désormais à des clients de grande taille qui ont besoin de redondance et qui choisissent deux opérateurs. Nous sommes désormais inclus dans les soumissions importantes.
Didier Wasilewski. – «Nos clients nous perçoivent différemment, nous leur conseillons de ne pas mettre ‘tous leurs œufs dans le même panier’. Lorsqu’ils font appel à nous, nous sommes à même de leur fournir des standards de qualité tout aussi élevés que l’opérateur historique en ajoutant des couches de services via nos différentes plates-formes.
G.M. – «Nous remarquons d’ailleurs que notre indépendance, à savoir ne pas être détenu par l’État, nous a permis d’attirer de nouveaux clients qui ne seraient pas venus au Luxembourg sans la possibilité de recourir à une offre non étatique.
Comment est composée votre base de clientèle?
D.W. – «Nous n’avons jamais voulu être un opérateur de niche. La couverture de tous les secteurs – financiers et non financiers – nous a permis d’affronter les passages difficiles qu’ont été l’éclatement de la bulle internet en 2001 et la crise financière de 2008.
G.M. – «Comme nous opérons aussi en Sarre, nous pouvons avoir une connaissance du terrain et nous inspirer de nouvelles idées de part et d’autre de la frontière. Je participe encore moi-même à certaines soumissions d’envergure en Allemagne. Nous avons également construit différentes plates-formes qui nous servent pour les deux marchés et pour nous positionner ainsi en tant qu’opérateur alternatif dans la Grande Région. Nous affichons une forte présence en B2B au Luxembourg et un marché B2C important en Allemagne, où nous avons 60.000 clients résidentiels. Nous allons en ajouter encore 50.000.
Les deux marchés doivent-ils être abordés différemment?
G.M. – «Nous profitons des bons contacts en Allemagne en raison de notre actionnaire VSE tout en combinant l’approche entrepreneuriale luxembourgeoise. Nous opérons donc sur deux marchés avec des forces de vente et un staff technique présents localement. Cette combinaison nous permet de gérer l’évolution de contrats sur le long terme – certains clients sont là et nous font confiance depuis 20 ans – tout en nouant de nouveaux contrats, avec une certaine flexibilité.
Les futurs CIO penseront certainement de façon plus ‘verticale’, ils seront plus autonomes, à la façon d’entrepreneurs en interne.
Comment partagez-vous l’état d’esprit «start-up» avec les jeunes collaborateurs qui vous rejoignent?
D.W. – «Nous voyons arriver la deuxième génération d’ingénieurs depuis la création de Cegecom. Ils représentent aussi les préoccupations des futurs CIO chez nos clients. Nous devons donc être à l’écoute du besoin de ces jeunes qui n’ont plus la même vision du monde du travail qu’était la nôtre il y a vingt ans. Nous devons leur apporter des réponses tant au niveau du cadre de travail que de la manière de collaborer en interne. Les futurs CIO penseront certainement de façon plus 'verticale’, ils seront plus autonomes, à la façon d’entrepreneurs en interne.
Depuis 20 ans, le CIO a-t-il pris la place qu’il méritait dans la gouvernance des entreprises?
G.M. – «La fonction est certainement devenue plus importante. Tout en garantissant une stabilité du réseau, le CIO doit montrer le chemin, proposer une vision et anticiper le marché. Ceci est aussi valable pour nous en interne quant à notre capacité à intégrer de nouvelles solutions pour nos clients.
Quelles seront les tendances fortes dans les prochains mois, les prochaines années?
G.M. – «Toujours plus de bande passante! La téléphonie et la collaboration restent aussi des éléments centraux, quoi qu’on en dise.
D.W. – «La demande pour un accès à la fibre et des services de qualité via des plates-formes va continuer.
Et donc des investissements à poursuivre…
G.M. – «Notre actionnaire VSE nous aide à investir et nous laisse une grande liberté d’action. C’est une nécessité pour le futur. Tous les investissements ne sont peut-être pas visibles pour le client, mais ils permettent souvent de devancer ses demandes. Pour arrêter nos choix, nous considérions précédemment le coût et la maintenance, nous y ajoutons maintenant l’élément indispensable qu’est l’efficience énergétique.
D.W. – «J’ajoute que nous ne serons jamais une société qui exploite des données. Nous nous voyons comme un facilitateur, un transporteur, un opérateur télécom, pas un Gafa. Mais les enjeux comme la sécurité et la diversité des services proposés sont bien à notre agenda.
G.M. – «Le monde de l’ICT a déjà changé en l’espace de 20 ans. Et cela va continuer rapidement. Je pense à la 5G qui représente aussi des opportunités pour nous en termes de connectivité.
Nous avons d’abord dû expliquer ce qu’est le Luxembourg, démystifier l’image du ‘coffre-fort’, avant de recueillir le premier client.
Envisagez-vous des collaborations avec des prestataires ou des partenaires externes sous la forme d’un écosystème?
D.W. – «Nous parlons plutôt de synergies. On parle vraiment de situation ‘gagnant-gagnant’ lorsque les rôles sont clairement répartis et assumés. Je pense par exemple à un de nos revendeurs qui se consacre aux petites et moyennes entreprises. Nous n’irons pas ‘attaquer’ son marché sur base d’un accord que nous avons conclu. C’est une force qui fonctionne depuis 15 ans. Tout le monde s’y retrouve.
G.M. – «On revient sur l’importance des plates-formes et l’intégration de solutions avec des fournisseurs. Le client ne les voit pas, mais il bénéficie de services à valeur ajoutée. Et nous pouvons écrire une histoire autour de ces collaborations et investissements.
Que représente le marché international dans vos activités?
D.W. – «Cela fait une dizaine d’années que nous prospectons à l’international, notamment sur des salons. Nous étions convaincus au début que nos produits allaient suffire à transformer l’essai, mais nous avons d’abord dû expliquer ce qu’est le Luxembourg, démystifier l’image du ‘coffre-fort’, avant de recueillir le premier client. Je note ici l’aide que nous a apportée l’Office du Ducroire.
G.M. – «Une part significative de nos activités est réalisée par l’international. Nous sommes le relais à Luxembourg des opérateurs internationaux, sans pour autant être liés avec un constructeur ou un opérateur, ce qui nous permet d’être maîtres de notre activité. Nous avons toujours été propulsés par le marché et notre clientèle.»