Les premiers résultats publiés au sujet de la vaccination des enfants sont «très prometteurs», selon Thomas Dentzer. Qui estime que la vaccination des plus jeunes pourrait commencer dès septembre. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne / archives)

Les premiers résultats publiés au sujet de la vaccination des enfants sont «très prometteurs», selon Thomas Dentzer. Qui estime que la vaccination des plus jeunes pourrait commencer dès septembre. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne / archives)

Près de 20% de la population serait désormais immunisée dans le pays, selon Thomas Dentzer. La vaccination des enfants, qui pourrait débuter en septembre, paraît cependant indispensable pour atteindre l’immunité collective. D’autant plus que certains variants présentent une résistance aux vaccins.

Avec la résistance de certains nouveaux variants aux vaccins, atteindre l’immunité collective pourrait s’avérer encore plus complexe que prévu. Heureusement, au Luxembourg, le variant anglais, très dominant, n’offre pas de résistance particulière, rassure Thomas Dentzer, de la Direction de la santé. Mais le recours à la vaccination des enfants semble indispensable. Elle pourrait d’ailleurs débuter dès septembre.

Pour avoir une chance de revenir à une vie normale, atteindre l’immunité collective est la principale solution. Les vaccins doivent permettre d’atteindre cet objectif. Mais l’arrivée des nouveaux variants ne complique-t-elle pas cette tâche?

Thomas Dentzer. – «Oui, tout à fait. Avec le variant anglais, c’est toutefois moins difficile, parce que les vaccins nous en protègent très bien. Par contre, concernant les variants d’Afrique du Sud et du Brésil, la mutation se situe dans une protéine spécifique, ce qui a pour conséquence que les anticorps ne peuvent pas bien neutraliser le virus. Là est le problème…

Mais au Luxembourg, le variant anglais est majoritaire. C’est une bonne nouvelle?

«Nous avons de la chance que ce soit le variant anglais qui soit, avec 75% de présence, très dominant. Le variant d’Afrique du Sud a augmenté jusqu’à un certain point, mais reste autour de 18% ou 20%.

Six nouveaux cas du variant brésilien ont été détectés récemment. Doit-on s’en inquiéter?

«C’est vrai que certains cas ont été importés, notamment depuis le Brésil. Mais nous n’avons pas observé une très grande propagation de ce variant.

La présence du variant anglais peut-elle empêcher la propagation du variant brésilien?

«C’est trop spéculatif de dire cela. Il se peut que le variant anglais, beaucoup plus dominant, soit plus rapide pour infecter les gens. Mais il se peut aussi que la propagation du variant brésilien se soit faite dans un groupe clos.

C’est pour cela qu’il est très important d’intervenir directement, de mettre les gens en isolement et en quarantaine pour ne vraiment laisser aucune chance à ces variants de se propager.

Le variant brésilien peut-il devenir majoritaire?

«Je ne pense pas que nous verrons un grand changement maintenant: le variant anglais est très dominant et infecte vite. Donc, pour rester positifs, nous pouvons prévoir que ça va rester ainsi.

Mais il faut se préparer à d’autres variants qui vont se créer dans le monde, et potentiellement arriver au Luxembourg, du fait des échanges quotidiens.

Quel taux d’immunité faut-il désormais atteindre?

«On dit toujours que le taux d’immunité devrait être à plus de 70%. Mais tout le monde bénéficie-t-il de l’immunité? Ce n’est pas très clair. Nous avons des études où certaines personnes n’ont pas d’immunité, surtout des gens très âgés. Chez ceux-ci, le système immunitaire ne marche pas de la même façon que celui d’une personne de 30 ou 50 ans, et il réagit moins bien aux vaccins. Il faut donc s’attendre à ne pas avoir 100% de gens immunisés parmi les vaccinés.

Donc, si beaucoup de gens sont vaccinés, mais qu’à côté de cela, nous sommes moins protégés, alors, il faut effectivement vacciner davantage de gens.

À quel taux d’immunité sommes-nous désormais au Luxembourg?

«Nous avons fait des études sérologiques (l’étude Con-Vince, ndlr), avec des échantillons représentatifs, et nous allons publier des chiffres selon lesquels nous sommes à 20% ou 22% d’immunité. C’est beaucoup.

Mais nous observons que, dès qu’une personne est vaccinée, elle va plus vite se faire tester pour les anticorps, afin de vérifier si elle a une certaine immunité. Par conséquent, il y a un peu trop de personnes immunisées ou vaccinées qui se font tester dans l’étude par rapport à la population générale.

Donc, honnêtement, nous ne sommes pas loin de 20% de taux d’immunité, peut-être un peu en dessous.

Est-ce que vous prévoyez de recourir à la vaccination des enfants?

«Oui. Comme on a environ 100.000 élèves au Luxembourg, c’est quand même beaucoup pour une population de 600.000 personnes. Les premières études cliniques sont en cours. Différents producteurs, dont Pfizer-BioNTech, font des études sur des enfants de 12 à 17 ans. Et des études sur des enfants de moins de 12 ans ont aussi débuté. Les premiers résultats publiés sont très prometteurs.

À partir de quand pourrait-on envisager de vacciner les enfants?

«Les principaux résultats de ces études n’arriveront pas avant juillet-août. Une évaluation par l’Agence européenne des médicaments (EMA) sera ensuite nécessaire. Puis, quand celle-ci aura donné son feu vert, le Luxembourg suivra probablement. On peut estimer que cela ne se fera pas avant septembre.»