«Tout le monde a mis la main à la pâte, l’État le premier en nous soutenant financièrement, car il nous était impossible d’être indemnisés par notre assurance pour cause de catastrophe naturelle à l’époque», se remémorent Rita et Philippe Stoque, propriétaires de l’hôtel-restaurant Le Cigalon. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

«Tout le monde a mis la main à la pâte, l’État le premier en nous soutenant financièrement, car il nous était impossible d’être indemnisés par notre assurance pour cause de catastrophe naturelle à l’époque», se remémorent Rita et Philippe Stoque, propriétaires de l’hôtel-restaurant Le Cigalon. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Bienvenue à l’hôtel – Tout au long de l’été, Paperjam part à la rencontre des familles et des entrepreneurs pour qui l’hospitalité est un métier. Découverte de ces hôtels qui font un peu partie du patrimoine du pays. Première halte pour cette série dans le Mullerthal au Cigalon.

Deux ans après une inondation dévastatrice et des travaux nécessaires à sa reconstruction, l’hôtel-restaurant , au Mullerthal, a connu un nouveau coup dur avec le confinement. Mais ses patrons, Rita et Philippe Stoque, gardent espoir.

Le Cigalon fait partie de ces établissements incontournables du tourisme au Luxembourg: il trône non seulement fièrement depuis 1956 à quelques encablures de la cascade du Mullerthal, mais il a aussi toujours su fédérer une communauté autour de son accueil et de sa cuisine, mêlant tradition locale et saveurs du Sud.

Mais le 1er juin 2018, 62 ans jour pour jour après l’ouverture de l’établissement par les parents de Rita Stoque, il se retrouve sous les eaux en une heure à peine, gravement atteint par les orages qui frappent alors la région. S’ensuivent deux ans de fermeture forcée pour tout refaire.

En mars dernier, le sort s’acharne: alors que Le Cigalon a discrètement rouvert une semaine auparavant et qu’il se prépare à la visite tant attendue des habitués, des touristes et des officiels, le couperet du confinement tombe. «Cela a été une grande déception, surtout après ces deux années de travail acharné pour remettre tout l’établissement à neuf et aux normes. Les invitations avaient été envoyées aux ministres et à la Cour, le week-end de Pâques était déjà presque complet», déplore Rita Stoque.

Si l’envie d’arrêter a pu se faire sentir après l’inondation, deux mois de privation supplémentaires n’ont pas découragé le couple de restaurateurs. «On en a profité pour bien mettre au point toutes les nouvelles procédures d’accueil et les distributeurs de désinfectant. On a légèrement remanié nos salles de restaurant et notre terrasse pour pouvoir accueillir notre clientèle au plus vite et dans les meilleures conditions possibles. C’est là notre priorité absolue», précise Rita, avant d’ajouter, avec amusement: «C’était déjà grand chez nous, là, il faut courir encore plus!»

Une famille et une communauté solidaires

Une motivation que la famille Stoque a su garder intacte grâce au soutien et à la bonne volonté de nombreuses personnes. «Tout le monde a mis la main à la pâte, l’État le premier en nous soutenant financièrement, car il nous était impossible d’être indemnisés par notre assurance pour cause de catastrophe naturelle à l’époque. C’est le dernier versement de cette aide qui devrait nous permettre d’investir pour optimiser notre terrasse et la rouvrir en pleine capacité et de ma­nière sécurisée pour les mois d’été.»

Les deux fils aident ainsi à la promotion du Cigalon et à son aménagement intérieur, et les bénévoles prêtent main-forte au jardin – la marotte de Philippe, qui peut y cultiver jusqu’à 80 variétés de tomates et de nombreux autres légumes et herbes aromatiques pour le restaurant, le tout bio. Sans oublier la maman et grand-mère, 92 ans, qui n’hésite pas à épauler sa fille dans l’organisation du quotidien et la décoration… «Ça nous booste de voir toute cette entraide et cette solidarité, et la possibilité d’accueillir à nouveau nos clients nous permet de garder le moral. On ne sait pas encore ce qu’il adviendra de tout cela lorsque nous devrons arrêter, mais pour les cinq années à venir, c’est encore nous qui serons à la barre!»

Comme dans d’autres établissements de l’horeca, le statut de propriétaire s’est avéré précieux pour permettre à Philippe et Rita de traverser ces deux épreuves sans y laisser leur affaire.

«C’est l’une des rares chances que nous avons eues: après deux grandes vagues de travaux sur les 30 dernières années, nous avions enfin fini de payer toutes les traites en 2017, un an avant les ravages de la crue. Ne pas devoir sortir de loyer pendant le confinement et le chômage partiel nous ont beaucoup aidés», conclut Rita.

Une indépendance financière qui permet au Cigalon d’accueillir à nouveau sereinement ses clients depuis maintenant quelques semaines, au cœur d’une des plus jolies régions du pays.

Bon à savoir: l’office du Mullerthal recense les activités à faire et les site à visiter dans la Région de la «Petite Suisse» où est situé le Cigalon. Infos: