Y a-t-il quelque part dans l’univers des aliens qui auraient envoyé des composants organiques sur Terre pour s’en débarrasser? Comment les retrouver? Et comment les aborder? Des questions que la Nasa prend très au sérieux. (Photo: Toy Story/Pixar)

Y a-t-il quelque part dans l’univers des aliens qui auraient envoyé des composants organiques sur Terre pour s’en débarrasser? Comment les retrouver? Et comment les aborder? Des questions que la Nasa prend très au sérieux. (Photo: Toy Story/Pixar)

Lundi soir, à la huitième édition du Space Café chez KPMG, le conseiller spécial du ministre de l’Économie, Pete Worden, a relancé la «panspermie». Une vieille idée qui mobilise les technologies les plus avancées et les meilleurs experts de la planète.

S’il n’y avait pas eu le bâtiment moderne de KPMG au Kirchberg et un aréopage de costumes-cravates, on se serait cru revenus dans les années 1960 ou 1970.

Des pères exaltés par le récit de la conquête spatiale américaine sur fond de Guerre froide emmenaient leurs rejetons à des conférences d’hurluberlus autoproclamés experts en martiens, aliens et rencontres surnaturelles.

Des comics américains y étaient échangés sous le manteau, comme du carburant à imagination, entre super-héros et bagarres intersidérales.

Ce lundi soir, debout en bas de la scène, le robot blanc de LuxAI applaudit à chaque bon mot de Pete Worden.

«Je n’ai jamais réussi à garder un job!»

L’ancien général de brigade de l’US Air Force et ancien directeur de Nasa Ames est monté sur scène, les dents serrées, sans cette canne qui l’accompagne désormais partout. Une question d’image pour l’officier, qui a servi à la Maison Blanche auprès de George Bush.

Sur la scène du Space Café, Pete Worden montre comment les chercheurs, notamment de la Nasa et de la Breakthrough Foundation, s’intéressent à nouveau à la panspermie. (Photo: Paperjam)

Sur la scène du Space Café, Pete Worden montre comment les chercheurs, notamment de la Nasa et de la Breakthrough Foundation, s’intéressent à nouveau à la panspermie. (Photo: Paperjam)

Invité d’honneur de la huitième édition du Space Café, le concept de la Fédération luxembourgeoise de l’espace (FLE), l’ami du président de la FLE Royce Dalby et conseiller spécial du ministre de l’Économie s’amuse du rappel de son incroyable carrière.

«Je n’ai jamais réussi à garder un job», nuance ce meneur d’Hommes, qui met aussitôt les 200 personnes de l’audience dans sa poche.

En 2015, il lâche le centre de recherche et de formation de la Nasa, Nasa Ames, pour rejoindre l’initiative folle de Yuri Milner, qui a séduit depuis des personnalités comme Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, ou le physicien Stephen Hawking.

L’autre prix Nobel

Prêt à injecter 100 milliards de dollars pour découvrir des signaux extraterrestres, le milliardaire russe nomme l’Américain directeur des programmes techniques.

La Breakthrough Foundation crée des prix Nobel alternatifs. Elle , sept fois plus que le prix suédois, qui ne s’intéresse pas à certaines matières.

C’est là que Worden peut librement s’intéresser à une idée, vieille comme notre monde: la «panspermie». Ou comment la vie sur Terre aurait démarré à la suite de l’envoi, par des aliens très évolués technologiquement, de microbes sur la Planète bleue. Religieux et scientifiques s’affrontent depuis des dizaines d’années sur ces théories, régulièrement battues en brèche, de l’origine du monde.

«D’ici 15 ans, et à condition d’y investir des dizaines de milliards de dollars», explique M. Worden, «nous pourrions réussir à miniaturiser une puce électronique qui contiendrait un signal pour une autre forme de vie dans la galaxie, puce que nous pourrions envoyer à la vitesse de la lumière grâce à un rayon laser de nouvelle génération.»

Si cette théorie traverse les époques, c’est que la technologie progresse et étudie sans cesse l’espace et les cellules sous un jour neuf. Il restera une question fondamentale à régler, tempère l’orateur, index levé. «Si on peut le faire, doit-on le faire? Et quel devrait être le message?»

Très sérieusement, les chercheurs les plus brillants continuent d’explorer la galaxie. Avec un certain succès. Début octobre, , une lune de Saturne.

Une image des composants organiques retrouvés grâce à la mission Cassini. (Photo: Nasa)

Une image des composants organiques retrouvés grâce à la mission Cassini. (Photo: Nasa)

En juillet, déjà, l’agence spatiale américaine a décidé d’investir un milliard de dollars de plus dans une mission pour aller chercher des traces de vie alien sur Titan, la plus grande lune de Saturne.

Dans la salle de KPMG, personne ne songe à ricaner des idées de Worden. «Est-ce qu’on sera capable d’arriver à envoyer ce message en 3000? Pour quel résultat?» Il hausse les épaules doucement, tandis que l’ambassadeur des États-Unis, , arrive à la conférence.

La miniaturisation des puces électroniques, les lasers de nouvelle génération ou les télescopes font l’objet d’une compétition acharnée. Signe qu’il n’est pas le seul à y croire. Même si, à la fin, cela ne sert qu’à apporter des bénéfices à l’humanité.