Jean Asselborn, ici lors d’une réunion de l’UE, en mars, à Bruxelles. Les ministres des Affaires étrangères vont à nouveau se réunir au début de la semaine prochaine. À cette occasion, de nouvelles sanctions contre la Russie pourraient être envisagées. (Photo: MAEE)

Jean Asselborn, ici lors d’une réunion de l’UE, en mars, à Bruxelles. Les ministres des Affaires étrangères vont à nouveau se réunir au début de la semaine prochaine. À cette occasion, de nouvelles sanctions contre la Russie pourraient être envisagées. (Photo: MAEE)

Le Luxembourg a traité environ un quart des 4.000 demandes de protection temporaire émanant de réfugiés ukrainiens, tout en poursuivant sa recherche de logements adaptés.

Plus d’un mois après le début de la guerre en Ukraine, 4.069 réfugiés ont demandé une protection temporaire au Grand-Duché, a déclaré Jean Asselborn (LSAP), le ministre des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse ce lundi 4 avril. 1.040 dossiers ont d’ores et déjà été bouclés, l’office de l’immigration traitant quotidiennement 80 à 100 demandes, a précisé  le ministre.

À ce rythme, six semaines seront encore nécessaires pour que toutes les demandes soient traitées.

L’afflux de réfugiés a entre-temps ralenti, selon Jean Asselborn. En effet, 350 personnes ont demandé une protection temporaire la semaine dernière, contre plus de 1.000 la semaine précédente.

Toutefois, les images qui nous proviennent d’Ukraine, alors que l’armée russe se retire de la zone autour de Kiev, pourraient inciter davantage de personnes à quitter le pays, selon Jean Asselborn. «On peut à peine y croire», a-t-il déclaré à propos des images de Boutcha, où plus de 400 personnes auraient été tuées.

Je me demande jusqu’où Vladimir Poutine va s’abaisser.
Jean Asselborn (LSAP)

Jean Asselborn (LSAP)ministre des Affaires étrangères

Le Kremlin a nié que des civils aient été tués à Boutcha et a affirmé que les photos montrant des cadavres éparpillés dans les rues étaient fausses. «Je me demande jusqu’où il va s’abaisser», a déclaré M. Asselborn à propos du président russe Vladimir Poutine.

Ce massacre pourrait pousser l’UE à prendre de nouvelles sanctions. L’Otan se réunit en effet cette semaine, mercredi et jeudi, tandis que les ministres européens de l’Économie et des Finances se retrouvent mardi, avant la réunion des ministres des Affaires étrangères programmée le lundi 11 avril.

«Une dynamique est en train de se créer» pour un cinquième train de sanctions, a encore déclaré le ministre. À la lumière de l’arrêt des importations de gaz russe par les États baltes, les sanctions énergétiques pourraient à nouveau être sur la table.

«Nous devons être extrêmement humbles», a-t-il déclaré à propos de la position du Luxembourg, expliquant que le pays n’a pas de lien direct avec la Russie, mais importe son gaz et son pétrole d’autres pays de l’UE qui en ont un. Mais c’est un fait, le Luxembourg sera solidaire de nouvelles sanctions, a déclaré le ministre.

Trouver un logement

Sur les plus de 4.000 personnes arrivées d’Ukraine au Luxembourg, un peu plus de 1.600 sont hébergées dans des structures gérées par l’Office national d’accueil (ONA). La majorité d’entre elles sont des femmes et des enfants.

Au total, le Luxembourg a mobilisé plus de 2.100 lits pour accueillir les réfugiés ukrainiens. De nombreuses communes ont apporté leur aide en louant des hôtels, des auberges de jeunesse, des campings ou en mettant à disposition des bureaux et autres locaux vacants.

Un hall de Luxexpo abritant environ 300 personnes doit être libéré pour le 11 avril. Un centre prévu à Contern, cependant, ne pourra pas ouvrir à temps pour des raisons de santé et de sécurité. Les services d’urgence vérifient toutes les installations avant leur ouverture et ont déclaré que la ventilation devait être améliorée en plus de l’installation de sorties de secours supplémentaires et d’autres mesures de sécurité.

Compte tenu des rénovations escomptées, il pourrait falloir attendre jusqu’à la fin de l’année pour que le site soit prêt, a déclaré M. Asselborn, la pénurie de matériaux créant davantage de difficultés.

Nous parlons de personnes. Nous ne pouvons pas les déplacer toutes les deux semaines.
Jean Asselborn (LSAP)

Jean Asselborn (LSAP)ministre des Affaires étrangères

Entre-temps, un ancien bureau de traducteurs de l’UE, situé au Kirchberg, sera transformé en logements. Et une salle est en train d’être érigée sur un parking près de la Cour des comptes européenne, où environ 500 personnes pourront séjourner avant d’être transférées dans des logements plus permanents.

«Nous parlons de personnes. Nous ne pouvons pas les déplacer toutes les deux semaines», a ajouté Jean Asselborn, avant d’indiquer que l’ONA s’efforce de rendre la transition aussi douce que possible.

Le bureau d’accueil a embauché 40 personnes supplémentaires, tandis que la Croix-Rouge et Caritas – qui fournissent de nombreux services de soutien – recrutent également. «C’est un défi de trouver suffisamment de personnes», a encore déclaré le ministre. «Nous faisons tout ce que nous pouvons.»

Le ralentissement du nombre de réfugiés arrivant au Luxembourg permet au pays de rattraper son retard. Au plus fort de la crise des réfugiés syriens en 2015, le Luxembourg avait accueilli 2.447 demandeurs d’asile en un an. S’il devait y avoir une autre vague d’arrivées prochainement, «nous serions rapidement à bout de souffle», a conclu le ministre.

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.