Philippe Lardenais: «Quand vous voyez des hôpitaux de campagne comme en Espagne ou en Angleterre qui ouvrent avec 5.000 lits, ce sont 5.000 lits qui ont besoin d’oxygène mobile.» (Photo: Rotarex)

Philippe Lardenais: «Quand vous voyez des hôpitaux de campagne comme en Espagne ou en Angleterre qui ouvrent avec 5.000 lits, ce sont 5.000 lits qui ont besoin d’oxygène mobile.» (Photo: Rotarex)

Comment les entreprises s’adaptent à la crise? Innovation, changement de business model ou nouveaux produits/solutions: pour faire face au coronavirus, les entreprises ont dû se réinventer. Tour d’horizon avec Rotarex Meditec.

Leader mondial de son secteur, l’entreprise luxembourgeoise Rotarex fabrique des valves, raccords et détendeurs pour gaz à haute pression. Avec la crise du coronavirus, il lui a fallu faire preuve de réactivité pour satisfaire toutes les demandes.

De nombreux patients atteints du Covid-19 ont besoin d’être oxygénés. Lors de leur prise en charge à domicile, lors de leur transport vers un hôpital, lors de leur séjour dans une unité de soins… Et cela est possible, dans une majorité de cas, grâce au matériel de Rotarex, une entreprise luxembourgeoise installée à Lintgen.

«Dès qu’on a besoin de gaz, on a besoin de nous», souligne sans même hésiter Philippe Lardenais, global sales manager pour Rotarex Meditec. La société est active dans des spécialités comme les gaz de haute pureté pour le secteur alimentaire ou les laboratoires, la réfrigération ou la cryogénie, dans des domaines comme l’industrie automobile ou la lutte contre l’incendie. Mais ce sont évidemment les applications médicales qui concentrent les demandes. Celles pour les robinets et détendeurs pour l’oxygène sont en forte augmentation, plus encore depuis le début de la crise sanitaire.

L’Italie et l’Espagne sont, de longue date, des pays très demandeurs de produits Rotarex. L’Allemagne, les USA et la France se manifestent de manière croissante tout comme les pays scandinaves, sans oublier l’Asie. L’Afrique sera fournie via les Nations unies. Le challenge est donc de taille. «Quand vous voyez des hôpitaux de campagne comme en Espagne ou en Angleterre qui ouvrent avec 5.000 lits, ce sont 5.000 lits qui ont besoin d’oxygène mobile», souligne Philippe Lardenais. «En Italie, certaines bouteilles d’oxygène vont connaître une rotation dix fois plus importante que d’habitude: transport, nettoyage, remplissage…»

Une équipe de nuit et des intérimaires

«Notre produit phare est un robinet à détente intégrée, fabriqué à Luxembourg. Aujourd’hui, nous pouvons en produire de 40.000 à 50.000 par mois, et d’autres robinets standards à hauteur de 100.000 pièces», poursuit Philippe Lardenais. «En veillant évidemment à la sécurité de notre personnel, nous poursuivons la production. Nous avons mis en place une équipe de nuit, et des intérimaires ont été engagés en renfort pour pallier les absences, notamment pour congé familial.» Un autre robinet, plus simple, est produit en France. La production a été poussée à 2.000 unités par semaine.

L’entreprise a donc dû s’adapter rapidement et efficacement selon les circonstances. «Les services administratifs de Rotarex travaillent pour la plupart en ‘home office’, ce sont des maillons indispensables au bon fonctionnement de l’ensemble de l’entreprise. Il faut en effet résoudre chaque jour des problèmes de transport des pièces produites et s’assurer que les fournisseurs pourront approvisionner l’usine. Tous les jours, il s’agit de vérifier auprès de 150 fournisseurs la disponibilité des pièces», affirme encore Philippe Lardenais.

Des dons aux hôpitaux du Luxembourg

Les hôpitaux luxembourgeois ont aussi sollicité Rotarex. «Nous avons donné gratuitement tout ce qui nous restait comme matériel disponible. Nous fabriquons des masques pour protéger le personnel soignant sur une machine 3D tout à fait innovante, et nous allons continuer à assister les hôpitaux dans leurs besoins.»

Évidemment, cette crise livrera sans doute des enseignements pour le monde médical et celui de l’industrie. «Un exemple? Il faut être réactif à tout moment et savoir changer ses priorités. Tout le personnel Rotarex a su être présent et impliqué pour trouver des solutions et savoir réagir au plus vite. Nous sommes très fiers de la réactivité de toutes nos équipes. En deux ou trois jours, nous étions prêts.»