L’année 2024 a marqué les dix ans de mandature initiée par Anne Grommerch, décédée en fonction en avril 2016. Pierre Cuny, médecin de formation, lui a succédé dans cette fonction. En 2026, lors des prochaines élections municipales, le maire de Thionville, également président de l’agglomération et conseiller départemental, n’exclut pas de briguer un nouveau mandat. Cependant, il indique qu’il réfléchit encore à sa décision, qui devrait probablement être connue cet été. En attendant, alors qu’il adressera ses vœux à la population ce lundi soir, il a qualifié 2025 d’année charnière pour l’avenir du territoire.
L’élu s’est naturellement félicité des dernières réalisations, déjà évoquées lors de sa conférence de presse de rentrée: la passerelle de l’Europe, la redynamisation du centre-ville avec un taux de vacance des locaux commerciaux passé de 23% à 8% depuis 2014, l’ouverture du Spot, dédié au sport, ainsi que la fusion, relativement inédite, des deux agglomérations Portes de France et Val de Fensch. Cette fusion, qui sera officiellement effective au 1ᵉʳ janvier 2026, doit non seulement contribuer à instaurer une plus grande équité sur le territoire au bénéfice des habitants, mais également redessiner les rapports de force sur le plan politique, dans une perspective transfrontalière.
Après dix ans d’action municipale, le maire Pierre Cuny, bien qu’il affirme «ne pas avoir pris la décision de briguer un nouveau mandat», dit vouloir regarder vers l’avenir. Avec deux objectifs majeurs: faire évoluer encore la démographie (44.000 habitants en 2024) en se fixant . Et faire de sa ville, qu’il qualifie de ville européenne, «un lieu d’expérimentation de ce que l’on peut faire aujourd’hui en Europe», notamment sur la thématique transfrontalière.
C’est aussi un des objectifs de la fusion des deux agglomérations actée en 2024 et qui sera pleinement effective au 1ᵉʳ janvier 2026. Elle comptabilisera un total de 157.000 habitants. D’ici là, les élus des deux agglomérations travailleront à préparer cette fusion pour bâtir une agglomération qui aura plus de poids pour porter certains dossiers. «Cette grande agglomération nous oblige à des résultats, à des devoirs de réussite envers nos concitoyens, notamment envers les frontaliers sur des sujets comme le transport ou la mobilité pour lesquels beaucoup de choses se passent», a souligné le maire.
Au-delà de la mobilité
D’ailleurs, Pierre Cuny a rappelé les projets de mobilité qui sont sur le point d’aboutir et qui pourraient intéresser les frontaliers, comme le parking silo, baptisé parking Joseph-Bech, près de la gare. . Il compte 750 places dont 500 destinées aux usagers du train, et est co-financé à 50% par le Luxembourg. Il sera inauguré en juin.
Les deux ponts à proximité, le pont De Gasperi au-dessus des voies ferrées et le pont Adenauer (au-dessus de la Moselle) seront aussi inaugurés en juin et seront destinés à la circulation du futur Bus à haut niveau de service (BHNS) et aux mobilités douces. «Ils vont contribuer, avec le BHNS, à cadencer l’offre de mobilité et de desservir la gare. Pour créer tout un ensemble qui s’inscrit dans la nouvelle mobilité autour de la gare de Thionville. Avec l’augmentation du cadencement des trains prévue par la Région, la gare va également voir son nombre de passagers par jour passer de 4.000 à 8.000», prévoit Pierre Cuny qui a rappelé ses deux propositions majeures dans le débat transfrontalier: le reste à charge de l’économie résidentielle par le Luxembourg, et en termes d’offre sanitaire.
Notre territoire doit être une vitrine, un lieu d’expérimentation, de modélisation de ce qui se passe en Europe.
Son idée, , consiste par exemple à faire payer à un frontalier qui consulte son médecin en France, le tarif luxembourgeois ou à faire payer par le Luxembourg le reste à charge de certains coûts de services comme les crèches. Pour cette dernière proposition, le maire suggère une participation du Luxembourg à hauteur de 1,5 million d’euros par an.
Expérimenter
C’est bien sur ces sujets que le maire veut faire du territoire un laboratoire d’expérimentation et exploiter de façon constructive la «relation fraternelle» – selon ses mots – entretenue avec le Luxembourg. «S’il faut faire évoluer le droit européen, faisons-le évoluer. Notre territoire doit être une vitrine, un lieu d’expérimentation, de modélisation de ce qui se passe en Europe. Nous sommes au carrefour de quatre pays. En Europe, on compte 40 endroits dans la même situation, à la frontière de trois ou quatre pays, et certains sont à un point niveau moins abouti que nous. Nous sommes dans un territoire à très haute spécificité, avec une portée internationale, c’est une chance pour faire avancer les choses», a-t-il défendu.
Il se dit également favorable à la concernant la création d’un fonds de coopération transfrontalière (FCT) franco-luxembourgeois déposée au Sénat le 10 janvier. «Il s’est inspiré d’une proposition que j’avais faite à l’époque au sujet du télétravail. Nous étions un territoire pilote en la matière, il s’agissait de neutraliser la fiscalité et que le Luxembourg comme la France alimentent cette caisse qui permette de co-financer des projets», précise-t-il.
Sauf que le cadre pour discuter ces projets transfrontaliers et se positionner comme futur laboratoire est compromis par la situation politique en France. Ces sujets devront être discutés dans le cadre de la Conférence intergouvernementale (CIG) dont la prochaine réunion n’est toujours pas arrêtée. «On ne sait pas quand elle aura lieu parce qu’il faut savoir quand nous aurons un gouvernement qui tient la route», glisse Pierre Cuny.
Le territoire contribue aussi à la Mission opérationnelle transfrontalière (MOT), dont Pierre Cuny est le vice-président. «En France, il y a aussi sept régions transfrontalières comme la nôtre. La plus avancée, la plus intégrée, développée est celle entre le Genevois et la Haute-Savoie. À notre niveau, nous sommes considérés comme la deuxième région la plus avancée en termes de dialogue avec nos voisins», se félicite-t-il.