Pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter en tant qu’émetteur de fonds? Quelles sont vos spécificités (taille, spécialisation, histoire) par rapport aux autres acteurs du marché?
Bruno Hellemans. – «Pictet Asset Management est le gestionnaire de fonds du groupe Pictet, un spécialiste indépendant de la gestion d’actifs, fondé à Genève en 1805. Dirigée par un collège de huit associés, Pictet est une société privée et non cotée. Depuis sa création, il y a plus de 216 ans, Pictet n’a d’ailleurs compté que 45 associés, chacun d’eux ayant effectué un mandat moyen de plus de 21 ans. Cette structure unique de partenariat privé nous a offert la stabilité et l’indépendance nécessaires pour adopter une vision à long terme, résolument tournée vers les intérêts de la génération actuelle, mais aussi vers ceux des générations futures. Cette philosophie axée sur l’avenir se traduit par un sens des responsabilités et un mode de pensée durable.
Avec plus de 1.000 employés présents sur 18 sites à travers le monde, Pictet Asset Management gère aujourd’hui plus de 250 milliards d’euros d’actifs via une gamme étendue de stratégies d’investissement innovantes et différentiées. Nous nous concentrons sur des domaines où nous pouvons apporter de la valeur ajoutée à nos clients et que nous jugeons stratégiques: gestion thématique, marchés émergents, gestion multi-actifs et gestion alternative.
Historiquement, Pictet Asset Management est connu pour ses approches thématiques. Reconnus comme les spécialistes et les pionniers en la matière, nous détenons dans ce segment une place de leader au niveau international. Depuis plus de 25 ans, notre modèle est basé sur l’identification des mégatendances, ces puissantes forces de changement social, démographique, environnemental et technologique qui affectent l’économie mondiale de façon structurelle et qui façonnent le monde de demain. Aujourd’hui composée de 15 stratégies d’investissement, notre gamme de fonds thématiques privilégie les entreprises capables de proposer des solutions aux grands défis mondiaux, qu’ils soient d’ordre sanitaire, social, technologique ou climatique.
Quel est l’engagement de votre société au niveau social et environnemental?
«Le développement durable et l’investissement responsable sont des valeurs portées chez Pictet par l’ensemble de nos associés. La responsabilité est au cœur de tout ce que nous faisons, à commencer par notre cadre d’investissement. Cela implique qu’il faut faire preuve de responsabilité et d’intégrité non seulement envers la génération actuelle et les générations futures, mais aussi envers l’économie réelle et le reste du monde.
Depuis plus de 20 ans, nous sommes reconnus pour notre approche environnementale de l’investissement thématique à l’image de nos fonds Pictet-Water et Pictet-Clean Energy, lancés respectivement en 2000 et 2008, ou encore les fonds Pictet-Timber, Pictet-Global Environmental Opportunities, Pictet-Nutrition et Pictet-Human. En tant qu’acteur engagé, nous limitons autant que possible l’impact direct de nos activités. Ainsi, le groupe Pictet a atteint la neutralité carbone depuis 2014 et nous avons lancé en 2018 une importante campagne visant à réduire notre consommation de plastique à usage unique. Plus tôt, en 2008, les associés avaient créé le prix Pictet, qui récompense chaque année un photographe pour son travail sur le thème de la durabilité.
Notre engagement s’est étendu à l’ensemble de nos stratégies d’investissement. Nous incluons l’analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans nos processus d’investissement afin d’améliorer les performances et/ou d’atténuer les risques, mais également dans nos outils de gestion du risque et de reporting pour maintenir des niveaux élevés de transparence et redevabilité. Depuis 2010, en partenariat avec les scientifiques du Stockholm Resilience Centre, Pictet Asset Management a développé une méthode baptisée ‘Concept des neuf limites planétaires’, évaluant l’impact environnemental des sociétés détenues en portefeuille. Nous croyons au capitalisme responsable et faisons preuve d’une grande ouverture d’esprit dans notre vision de l’économie et de ses interactions avec la société civile et l’environnement.
Quelle est votre vision personnelle quant à la problématique environnementale et sociale?
«Je crois que tout le monde est d’accord pour dire que la transition environnementale et sociale n’est pas une mode, mais une tendance lourde qui va durer des dizaines d’années. Cette tendance lourde se traduit tout naturellement par des opportunités très intéressantes pour l’investisseur.
Aujourd’hui, mon dialogue avec les clients tourne invariablement autour de la durabilité environnementale et sociale. Je crois d’ailleurs que la crise sanitaire a agi comme un électrochoc. Notre écosystème est fragile et la santé de l’humanité ne pourra être assurée qu’en améliorant considérablement notre cadre de vie: biodiversité, alimentation saine, sols et air dépollués, forêts protégées et eau de qualité. Les investisseurs veulent provoquer et accompagner ce mouvement. Ils veulent obtenir une performance solide tout en ayant un impact positif sur le monde.
Dans ce contexte, nos fonds thématiques, avec un positionnement et des stratégies claires, se démarquent particulièrement, selon moi. Ils apportent véritablement du sens et du concret à l’investissement. Qu’ils soient environnementaux (énergies renouvelables, gestion de l’eau, efficacité énergétique) ou sociaux (santé et alimentation saine, égalité homme femme, éducation), ils redonnent une certaine logique à l’investissement en le dirigeant vers des activités portées par une croissance visible. Avec nos investissements thématiques, nous donnons de l’oxygène à des entreprises qui proposent des solutions intelligentes aux grands enjeux écologiques et sociétaux, et ces entreprises présentent des perspectives de croissance nettement supérieures à la moyenne. Nos fonds thématiques permettent ainsi de combiner un risque/rendement très favorable tout en ayant un impact positif et mesurable sur l’environnement et sur la société.»