Le président du syndicat des pharmaciens luxembourgeois, Alain de Bourcy, qui tient la Pharmacie du Cygne à Luxembourg-ville, assure avoir reçu une forte demande de chloroquine par téléphone ou par e-mail avant le confinement.   (Photo: SPL)

Le président du syndicat des pharmaciens luxembourgeois, Alain de Bourcy, qui tient la Pharmacie du Cygne à Luxembourg-ville, assure avoir reçu une forte demande de chloroquine par téléphone ou par e-mail avant le confinement.  (Photo: SPL)

Après un rush énorme avant le confinement, l’activité des pharmacies est désormais divisée de moitié, selon le président du syndicat des pharmaciens, Alain de Bourcy. Les masques ou le gel hydroalcoolique manquent toujours, mais aucune rupture de stock des médicaments ne serait à craindre.

Quelles sont les conséquences de la pandémie de coronavirus et des mesures pour l’endiguer sur votre activité?

Alain de Bourcy. – «Durant les deux premières semaines de mars, il y a eu un rush énorme, comme nous n’en avions jamais connu. Les gens sont surtout venus acheter des masques, du gel hydroalcoolique, des thermomètres. Mais aussi des médicaments antifièvre ou antidouleurs et des produits pour le renforcement du système immunitaire, comme les vitamines C.

Depuis le confinement, nous avons beaucoup moins de clients. La première semaine, ça allait encore, mais depuis la semaine dernière, notre activité et notre chiffre d’affaires sont au moins divisés par deux par rapport à une période normale.

Les gens malades viennent encore, bien sûr. Et les gens qui doivent renouveler leur traitement, comme pour le diabète. Mais plus personne ne vient spécifiquement pour les produits de parapharmacie.

Est-ce que vous manquez de certains produits?

«Concernant les médicaments, nous n’avons pas de problèmes. Il y a eu un rush sur le paracétamol, surtout après la mise en garde de l’OMS concernant l’ibuprofène – qu’elle a d’ailleurs retiré depuis. Mais il n’y a pas eu de rupture de stock pour le paracétamol et il n’y en aura pas, car nous avons plusieurs fournisseurs.

Les difficultés concernent les produits que nous avons vendus massivement comme les masques ou le gel. Pour ceux-là, nous avons du mal à mettre la main dessus. Selon certains grossistes, beaucoup de masques devraient arriver. J’en ai d’ailleurs commandé. Mais, pour l’instant, je n’en ai reçu que 200, des masques FFP2 que les pharmacies achètent au prix fort et doivent donc revendre aussi très cher l’unité pour parvenir à se faire une marge.

Avez-vous reçu des demandes de chloroquine, ce médicament considéré par certains comme efficace contre le Covid-19?

«Avant le confinement, nous avons reçu une demande énorme, par téléphone et par e-mail. Les gens lisent cela sur internet, et ils se persuadent que c’est bien d’en avoir. Mais la chloroquine n’est pas commercialisée sur le marché luxembourgeois. Quant à l’hydroxychloroquine, il n’est pas possible d’en obtenir sans ordonnance médicale.

D’ailleurs, plus aucune pharmacie n’en a et n’en aura dans les prochaines semaines. C’est un médicament produit par Sanofi, en France, et il est peu probable que la France en exporte. Mais dans le cas contraire, ou si les grossistes en ont en réserve, les stocks seront probablement réservés pour le secteur hospitalier.

Les pharmaciens peuvent être exposés au Covid-19. Comment vous protégez-vous?

«Après quelques discussions avec le ministère, nous avons fini par obtenir des masques. Nous avons aussi, comme dans les autres magasins, des bornes ou des lignes tracées pour garder les distances. Et certaines pharmacies disposent de protections en Plexiglas.

En outre, la plupart des pharmacies diminuent leurs équipes. D’une part parce que nous avons moins d’activité, mais aussi parce qu’il faut que nous assurions la continuité des soins. Par conséquent, nous devons éviter de nous retrouver tous en quarantaine. Ainsi, dans notre pharmacie, nous nous sommes répartis en trois équipes pour organiser un roulement.»