Rolando Grandi souhaite favoriser les entreprises qui contribuent à une industrie spatiale durable. (Image: LFDE Denis Allard/Rea)

Rolando Grandi souhaite favoriser les entreprises qui contribuent à une industrie spatiale durable. (Image: LFDE Denis Allard/Rea)

Rolando Grandi est CFA, gérant Actions internationales thématiques au sein de La Financière de l’Échiquier. Il dirige notamment les fonds Échiquier World Next Leaders, Échiquier Artificial Intelligence, Robotics and Space. Paperjam l’a rencontré à l’occasion de sa venue au Luxembourg le 24 mars.

Quelles sont les perspectives pour les quatre fonds thématiques sous votre responsabilité en 2022?

Rolando Grandi. – «Nous restons focalisés sur les opportunités de long terme. Si le contexte est complexe, les mégatendances identifiées restent des convictions fortes pour les ‘stock pickers’ que nous sommes. La digitalisation de l’économie se poursuit, l’intelligence artificielle (IA) continue d’irriguer tous les secteurs et la révolution spatiale ne fait que commencer. Notre positionnement sur l’ensemble de l’écosystème spatial devrait être, selon nous, porteur dans une perspective multigénérationnelle et créer bien des opportunités d’investissement.

Quels sont ceux dont la trajectoire a changé et comment ajustez-vous vos rendements?

«Nos stratégies thématiques ont fait l’objet d’une forte volatilité, mais les récentes publications trimestrielles confirment notre vision et la croissance des valeurs détenues en portefeuille. En grande majorité, les résultats publiés par les entreprises d’Échiquier Artificial Intelligence ou Échiquier World Next Leaders par exemple, ont dépassé les attentes. L’ADN des fonds reste fidèle à notre vision de long terme, mais nous nous sommes adaptés au contexte de marché. Nous avons privilégié les sociétés dotées de niveaux de rentabilité élevés (Adyen, ASML ou Silicon Valley Bank dans Échiquier Artificial Intelligence). Nous avons réduit l’exposition à la Chine d’Échiquier World Next Leaders compte tenu du contexte de régulation des secteurs technologiques et renforcé l’exposition des fonds à la cybersécurité, à environ 20% pour Échiquier Artificial Intelligence, une poche qui devrait, selon nous, s’avérer résiliente en cas de retournement de la croissance mondiale, mais aussi à la transition énergétique pour Échiquier World Next Leaders avec Solaredge, ce qui porte le poids de la thématique à plus de 13% à ce jour, car cette donnée peut évoluer.

Les valeurs spatiales affichent quant à elles une certaine résilience dans un contexte agité, que ce soit les «pure players», comme Rocket lab, ou 3D Systems, spécialiste de l’impression 3D, ou Mynaric, leader de la communication laser.


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Les entreprises chinoises sont très nombreuses dans le secteur IA, Robotics & Innovation, mais sont aussi soumises à un risque d’ingérence gouvernementale. Comment anticipez-vous le risque sur vos portefeuilles?

«Si nous restons convaincus de la capacité de la Chine à devenir un des leaders mondiaux de l’innovation, nous sommes conscients que l’environnement ne sera pas favorable aux sociétés chinoises à court terme. Nous avons réduit notre exposition à la Chine, à 2,4% actuellement pour Échiquier Artificial Intelligence, 8% Échiquier World Next Leaders (13% début 2022). Nous nous renforcerons quand le contexte réglementaire et géopolitique chinois sera plus serein.

De quelle manière la crise russo-ukrainienne impacte-t-elle vos fonds thématiques?

«Nos fonds peuvent investir à travers le monde, mais n’étaient exposés ni à la Russie ni à l’Ukraine. Certaines valeurs en portefeuille y sont indirectement exposées de façon marginale (Buble, Farfetch), ce qui ne devrait pas fortement impacter ces entreprises en 2022. Ce conflit exacerbe en revanche les pressions inflationnistes et les tensions sur l’approvisionnement de certains matériaux et gaz, des sujets que nous abordons avec les entreprises afin de comprendre leur gestion de la situation.

Nos fonds, Échiquier World Next Leaders surtout, bénéficient depuis le début du conflit de leur exposition à la transition énergétique, les États européens devant réduire leur dépendance énergétique.

Enfin, les craintes d’un ralentissement de la croissance économique pourraient être assez peu impactent pour les entreprises dont la demande est peu sensible à celle-ci. Cette capacité à générer de la croissance par elles-mêmes, grâce à leur innovation perpétuelle, pourrait les rendre très intéressantes si la croissance économique globale ralentit.

En quête de responsabilité, l’espace 2.0 pourrait bien contribuer à relever d’immenses défis et à améliorer la vie sur Terre.
Rolando Grandi

Rolando GrandiCFA, gérant Actions internationales thématiquesLa Financière de l’Échiquier

 

Si l’ESG est intégré dans le processus de digitalisation des entreprises et constitue forcément une composante dans le choix des fonds Échiquier Artificial Intelligence, Échiquier World Next Leaders et Échiquier Robotics. Comment l’appliquer aux titres liés au spatial?

«Investisseurs responsables depuis plus de 30 ans, nous sommes attentifs à favoriser les entreprises qui contribuent à une industrie spatiale durable. Nous avons défini, avec notre équipe Recherche investissement responsable, une charte ESG (environnement, social et de gouvernance, ndlr) spécifique aux enjeux spatiaux. Elle comprend notamment des exclusions sectorielles et normatives, l’analyse ESG des valeurs pour évaluer les moyens déployés sur des enjeux tels que l’impact climatique ou la gestion des cycles de vie des produits et des débris, mais aussi la gestion des controverses et l’accompagnement des entreprises avec des axes de progrès partagés. Enfin, nous calculons l’empreinte carbone du fonds afin de la maintenir inférieure à celle de son indice.

Nous nous intéressons par exemple à l’industrie de l’observation de la Terre, qui permet de surveiller les effets du changement climatique grâce à l’image satellite. 26 des 50 indicateurs de suivi du changement climatique définis par l’Onu sont ainsi aujourd’hui fournis par la donnée spatiale.

Nombreux sont les entrepreneurs de l’espace 2.0 qui favorisent par exemple le développement d’énergies propres ou des voiles solaires, combustibles une fois de retour en orbite basse, une technologie réduisant les débris. En quête de responsabilité, l’espace 2.0 pourrait bien contribuer à relever d’immenses défis et à améliorer la vie sur Terre.»