La fusion des communes de Bettendorf, Diekirch (photo), Erpeldange-sur-Sûre, Ettelbruck et Schieren ferait de la commune Nordstad le troisième centre d’attraction du pays.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

La fusion des communes de Bettendorf, Diekirch (photo), Erpeldange-sur-Sûre, Ettelbruck et Schieren ferait de la commune Nordstad le troisième centre d’attraction du pays.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Près de cinq ans après son lancement par les communes de Bettendorf, Diekirch, Erpeldange-sur-Sûre, Ettelbruck et Schieren, le projet de fusion communal est à l’arrêt. Dans l’attente d’un signal positif lors des élections communales de ce dimanche 11 juin.

La Nordstad est un vieux serpent de mer qui ne cesse de se mordre la queue. Le 2 juin 2023, on a ainsi «fêté» ses 50 ans. Ou plus précisément, les 50 ans de l’apparition du mot «Nordstad», inventé par l’expert économique Adrien Ries. Ce dernier avait alors avancé ce terme afin de donner un nom au projet de développement économique qu’il prônait pour le nord du Luxembourg.

Quant au processus de fusion que les communes de Bettendorf, Diekirch, Erpeldange-sur-Sûre, Ettelbruck et Schieren ont lancé afin de constituer une «commune Nordstad» qui serait considérée comme le troisième centre d’attraction du pays – derrière Luxembourg-Ville et Esch-sur-Alzette –, il va désormais tout doucement sur ses cinq ans…

La grande majorité des candidats qui se présentent veulent avancer dans le sens de la fusion.

Claude Gleisbourgmestre sortant d’Erpeldange-sur-Sûrecandidat à sa succession

«La Nordstad a plusieurs définitions. Avant d’être une fusion, elle a été synonyme de collaboration entre différentes communes autonomes. Une collaboration et un syndicat intercommunal qui ont notamment permis la réalisation de la zone d’activités ‘Fridhaff’ et ses 28,5 hectares dédiés aux entreprises (situés à cheval entre les communes d’Erpeldange-sur-Sûre et de Diekirch, ndlr)» explique (CSV, 57 ans), bourgmestre d’Ettelbruck en place depuis 2003.

Un témoin privilégié donc de l’évolution du projet depuis la première «convention Nordstad», signée en 2006 entre les communes (qui étaient au nombre de six à l’époque, Colmar-Berg ayant depuis effectué un pas de côté) et le ministère de la Planification territoriale, mais aussi un interlocuteur idoine pour expliquer pourquoi la fusion semble être aujourd’hui au point mort.

Le pas de retrait des «petits»

«Ce processus de fusion a été lancé lors de cette législature, à l’automne 2018», se rappelle le député et bourgmestre. «Dans un premier temps, les conseils communaux des cinq entités concernées avaient déclenché la mise en place de travaux préparatoires.» Ces derniers ont forcément pris du retard en raison de la pandémie de coronavirus et de la crise sanitaire qui en a découlé. «Mais une fois qu’ils ont été menés à bien, il a été demandé, voici une petite année, aux communes de se positionner sur la suite à donner au projet de fusion, ainsi que sur le timing à suivre», poursuit le bourgmestre CSV d’Ettelbruck qui briguera dimanche un cinquième mandat.


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«Les trois ‘petites’ communes – Bettendorf (3.052 habitants), Erpeldange (2.429) et Schieren (2.149) – ont alors avancé que leurs conseils communaux en place préféraient ne pas prendre position en raison de proximité des prochaines élections communales. Histoire de ne pas mettre dos au mur leur prochain conseil. Mais du coup, il n’y a pas eu de confirmation d’intention en vue de la fusion.»

Des opposants à la fusion à Diekirch, Bettendorf, Erpeldange, etc.

C’est donc là où nous en sommes aujourd’hui, à moins d’une semaine du scrutin de ce 11 juin. Le projet de fusion de la Nordstad attend donc désormais un feu vert de la part des conseils communaux qui seront en fonction dans la foulée des élections.

D’où cette question: la fusion pourrait-elle être remise en cause suite aux résultats du week-end prochain? «A priori non», semblent répondre de concert les bourgmestres des cinq communes. «La grande majorité des candidats qui se présentent veulent avancer dans le sens de la fusion. Et cela même s’il existe quelques opposants, notamment au sein de ma commune», lance Claude Gleis (CSV), bourgmestre sortant d’Erpeldange qui retrouvera notamment face à lui ce dimanche le député (DP).

Pour la population, cette fusion reste très abstraite.
Claude Thill

Claude Thillbourgmestre sortant de Diekirchtête de liste LSAP

«À Diekirch, par exemple, la section du DP a expliqué par l’entremise de sa co-tête de liste José Lopes (sur l’antenne de Radio 100,7 le 17 mai, ndlr) que la fusion n’était plus une priorité pour eux», ajoute Pascale Hansen (ex-DP, 48 ans), bourgmestre sortante de Bettendorf, qui a décidé de ne pas se représenter cette année. «Et dans ma commune aussi, différentes sensibilités sont présentes sur certaines listes… Mais tout cela ne devrait pas faire tomber à l’eau le processus de fusion.»

Un référendum ferait office de juge de paix

Si dans quelques semaines les différents conseils communaux s’accordent sur la poursuite de ce processus, cela signifiera «le début des travaux législatifs, avec un projet de loi et la tenue d’un référendum», reprend Jean-Paul Schaaf. Un référendum qui ferait office de véritable juge de paix, le dernier mot revenant ainsi aux citoyens.

Si la population venait à refuser cette fusion, cela mettrait le dossier au placard pour longtemps.
Éric Thill

Éric Thillbourgmestre sortant de Schierencandidat à sa succession

«Or, pour la population, cette fusion reste très abstraite. Il persiste beaucoup de travail si on veut présenter un projet qui la séduit», glisse Claude Thill (LSAP, 58 ans), qui a remplacé le ministre (LSAP) à la tête de la commune de Diekirch et fera de même en tant que tête de liste ce week-end.

«Il existe des réticences dans les trois communes les moins peuplées» enchaîne Éric Thill (DP, 29 ans), bourgmestre de Schieren. «C’est logique quand on sait que la commune fusionnée Nordstad atteindrait dans un premier temps les 25.000 habitants, avant d’autres nouveaux paliers. Il faut donc être prudent et laisser mûrir un peu les choses, afin de convaincre les citoyens. Car si la population venait à refuser cette fusion, cela mettrait le dossier au placard pour longtemps.»

Une fusion dans les six ans, sinon…

Il faudra surtout réussir à trouver le bon équilibre entre ne pas aller trop vite donc, sans pour autant aller trop lentement. Car si aucun des cinq bourgmestres n’ose avancer qu’on assistera dimanche au dernier scrutin communal dans des communes autonomes, ils semblent bien penser que si la fusion ne se règle pas pendant la prochaine législature, celle-ci risque bien d’être alors repoussée aux calendes grecques.

À moins bien entendu qu’elle ait finalement lieu entre un nombre moindre de communes. Certains semblent en tout cas commencer à l’envisager…