Enrique Sacau, CEO de Kneip, rappelle que plus de quatre professionnels du secteur financier sur cinq n’ont pas de stratégie sur les données. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne)

Enrique Sacau, CEO de Kneip, rappelle que plus de quatre professionnels du secteur financier sur cinq n’ont pas de stratégie sur les données. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne)

Les données des fonds démontrent trop d’incohérences, déplore Enrique Sacau, CEO de Kneip, fintech spécialisée dans la gestion et le reporting de données pour les gestionnaires d’actifs. Pour que les données deviennent source de valeur, Enrique Sacau prône l’externalisation de leur contrôle.

Les données des fonds d’investissement ont donné vie à une industrie à plusieurs milliards d’euros. «La donnée des fonds est le nouveau pétrole», à ce propos , en juin dernier, à la suite de la revente de sa société Kneip à Deutsche Börse Group. S’il s’agit d’une nouvelle source de pétrole en termes de revenus, encore faut-il transformer la donnée en or. Car, la donnée n’est pas encore de l’or, mais il est impératif qu’elle le devienne, selon , actuel CEO de Kneip, intervenant au Clearstream Fund Summit, ce 20 octobre.

«L’or est rare, tangible, difficile à extraire et a même été vénéré comme un dieu dans le passé par de nombreuses cultures», observe le CEO de Kneip, qui constate tout le contraire pour les données, du moins à l’heure actuelle: «Les données ne sont pas rares, elles sont hyper abondantes. Elles ne sont pas tangibles. On en trouve partout et elles n’ont jamais été vénérées au rang de religion.»

Les données ne sont pas rares, elles sont hyper abondantes. Elles ne sont pas tangibles. On en trouve partout.
Enrique Sacau

Enrique SacauCEOKneip

Avant que les données ne puissent se transformer en or, encore faut-il d’abord les faire passer d’un coût à une valeur. Pour l’heure, un point de donnée sans contexte ne présente que peu de valeur, mais constitue un coût élevé à celui en charge de la contrôler et de l’interpréter, en l’occurrence les gestionnaires de fonds et leurs distributeurs.

L’incohérence des données

Le coût des données provient en partie de leur incohérence, marque le CEO de Kneip. Il relève d’ailleurs que quatre points de données sur 10 sont inconsistants dans l’industrie. «Les ordinateurs qui construisent les portefeuilles des fonds vont rejeter les données qui sont incohérentes», explique-t-il, avant de souligner: «L’incohérence des données est une tueuse silencieuse de la distribution des fonds.» De la sorte, si les données d’un gestionnaire ne se reflètent pas de la même manière auprès de deux plateformes de données distinctes, aucune vente n’est possible.

Selon une étude d’Accenture, citée par Enrique Sacau, plus de quatre sociétés de services financiers sur cinq ne disposent pas de stratégie sur les données.

Si vous connaissez vos concurrents, si vous connaissez le profil de risque de vos produits, si vous connaissez vos points de références et que vous savez qui achète vos produits, ces données devraient avoir de la valeur.
Enrique Sacau

Enrique SacauCEOKneip

Les données constituent pourtant de nombreuses opportunités concurrentielles pour les professionnels de l’industrie des fonds. «Par exemple, si vous connaissez vos concurrents, si vous connaissez le profil de risque de vos produits, si vous connaissez vos points de références et que vous savez qui achète vos produits, ces données devraient avoir de la valeur», souligne Enrique Sacau.

L’externalisation

De nombreux professionnels de l’industrie des fonds s’attendent à ce que les innovations technologiques, telles la blockchain ou l’intelligence artificielle, permettent de dépasser les enjeux de maturité des organisations. Une idée face à laquelle le CEO de Kneip s’inscrit en faux, sans pour autant réfuter le rôle des solutions technologiques. «Il y a un risque d’aller sur le marché et alors d’automatiser des processus cassés», insiste-t-il.

Pour l’instant, Enrique Sacau considère l’externalisation comme la solution pour les gestionnaires d’actifs confrontés aux défis de la cohérence de leurs données. Le métier de Kneip est justement de contrôler les données de ses clients tout au long de la chaîne de valeur, à l’aide de la technologie. De quoi redonner de la valeur aux données, à partir du moment où l’industrie des fonds commence à progressivement prendre conscience des opportunités stratégiques qu’elles apportent.