Selon les données de data.public.lu, 49.155 immatriculations de voitures neuves ont été enregistrées en 2023. Un chiffre en nette augmentation par rapport à l’an dernier (+17%). Parmi celles-ci, le nombre d’immatriculations de voitures électriques est également en croissance. Ce qui, dans les chiffres, représente un peu plus de 25.328 véhicules, soit une augmentation de 35% par rapport à l’année précédente (18.273). Il en est de même pour les voitures 100% électriques, dont les immatriculations ont bondi de 72%.
Cette remontée soudaine des nouvelles immatriculations tranche avec les chiffres annoncés depuis 2020. Notons toutefois que la part des véhicules hybrides et électriques, quant à elle, marquait une hausse depuis 2019. Elle tend d’ailleurs à s’accélérer au vu des chiffres annoncés pour l’année 2023. Une voiture sur deux est électrique, et presqu’un quart d’entre elles sont 100% électriques.
Quelles sont les raisons derrière cet engouement pour les voitures à faibles émissions?
Le managing director de Leasys, Joel Fernandes, observe «une nette augmentation de la part des véhicules hybrides et 100% électriques depuis 2020, et la part de marché des nouvelles ventes est également en progression d’année en année.»
Il explique cela de différentes manières. D’abord grâce à une fiscalité avantageuse, environ trois fois moins élevée que pour un véhicule thermique. Ensuite, par la normalisation des délais pour obtenir une voiture électrique qui sont désormais de six à sept mois. Il est vrai que les problèmes de stock et de livraison (parfois jusqu’à 24 mois) des années précédentes avaient ralenti l’arrivée de ces véhicules sur le marché. Pour ce qui est de l’écoresponsabilité des clients, elle ne semble jouer qu’un faible rôle dans l’achat de ce type de véhicules. Et Joel Fernandes d’avancer: «Sans avantages fiscaux, l’accélération de l’électrique ne serait pas aussi importante. Il est certain que les primes gouvernementales supplémentaires ont également donné un coup de pouce.»
Par ailleurs, d’autres critères ont changé et rendent les voitures électriques plus attrayantes:
– les efforts des constructeurs qui proposent une plus grande gamme de voitures avec des modèles un peu moins chers
– un travail sur l’autonomie des batteries qui peuvent désormais atteindre en moyenne 450km
– le nombre croissant de bornes de recharges qui rassurent les utilisateurs
– des véhicules d’occasion désormais disponibles à moindre coût
Le prix, toujours un frein?
Si le budget peut rester un frein pour bon nombre de clients, plusieurs constructeurs ont annoncé être capables de produire des voitures électriques autour de 20-25 000 euros. C’est le cas de la Citroën ë-C3 YOU sortie récemment. Il faudra encore attendre 2025 voire 2026 pour des modèles dans cet ordre de ce prix pour les marques Volkswagen et Renault.
«Les nouvelles technologies évoluent très rapidement. Les acheteurs ont la crainte de ne pas pouvoir revendre leur véhicule électrique à un bon prix plus tard. C’est pourquoi le leasing est une solution qui prend de l’ampleur pour les voitures électriques», explique encore Joel Fernandes.
Lease Plus – fruit du partenariat entre la Spuerkeess et Leasys – a vu son parc de véhicules électriques augmenter fortement, sans toutefois en divulguer le chiffre exact. Ce programme s’adresse uniquement aux particuliers, des résidents qui font peu de kilomètres et qui profitent ainsi des primes gouvernementales.
Leasys a commencé dès 2017 à se lancer dans la location de voitures électriques. «L’année précédente, une voiture sur deux était un Low Emission Vehicle (LEV), tandis que 40% étaient des Battery Electric Vehicle (BEV). Le diesel est en chute libre tandis que l’essence diminue plus doucement», explique encore Joel Fernandes.
Le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire a aussi comme projet d’introduire le «leasing social» pour voitures électriques avec des contrats de leasing de longue durée pour aider les ménages à faible revenu dans l’électrification de leur mobilité individuelle.
Les voitures d’occasion électriques ne bénéficient pas encore de prime. Et celles pour les voitures neuves ont été prolongées jusqu’à fin juin 2024. Le gouvernement devra continuer différents types de prime pour rendre les voitures électriques attractives.
En effet, si l’on calcule le Total Cost of Ownership des voitures électriques (et non pas juste le cout de la location pure), celui-ci est particulièrement intéressant au vu du prix des carburants actuels.
Et qui dit voitures électriques dit bornes de charge. En ce qui concerne l’infrastructure de charge publique, 757 bornes Chargy existent déjà. SWIO prévoit d’en construire d’ici 2030 pour accueillir les voitures électriques de plus en plus nombreuses.
Le gouvernement a affirmé également que les prix aux bornes de recharge des véhicules électriques accessibles au public seront stabilisés en 2024.
On peut observer une nette augmentation de la part des véhicules hybrides et 100% électriques depuis 2020, la part de marché des nouvelles ventes est un peu plus grosse chaque année. `

Le parc automobile luxembourgeois. Maison Moderne
15,7% de la flotte totale
Toutefois, si les ventes de voitures hybrides et 100% électriques progressent d’année en année, elles ne représentent que 15,7% de la flotte totale du Luxembourg. Notons tout de même qu’il y a quatre ans, le parc automobile ne comptait que 2,6% de voitures électriques et hybrides. Si l’on se concentre uniquement sur les voitures 100% électriques, la part de marché diminue drastiquement. Avec 5,1%, les voitures 100% électriques sont bien moins nombreuses que leurs consœurs hybrides. Cela suffira-t-il à atteindre les objectifs du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) concernant l’électrification du parc automobile, qui prévoit qu’en 2030, 49% des voitures du parc automobile soient électrifiés?
Parmi les voitures électriques les plus utilisées au Luxembourg, on retrouve principalement des constructeurs allemands et européens. Tesla et Toyota se taillent également une part de marché conséquente. L’énorme constructeur américain a presque doublé ses ventes par rapport à l’année dernière. En revanche, le chinois BYD, deuxième sur le podium en matière de véhicules électriques, vient d’installer au Luxembourg. S’il reste très discret pour le moment avec quelques dizaines de véhicules seulement, il pourrait faire parler de lui prochainement.
En ce qui concerne, la flotte actuelle de , l’un des principaux acteurs du leasing: 40% des véhicules sont des LEV et 25% sont des BEV (véhicules électriques avec batterie).

Les marques de voitures électriques les plus présentes au Luxembourg Maison Moderne
Si l’on élargit la recherche sur le parc automobile complet, on note que les autobus ont la plus grande proportion de véhicules électriques dans les nouvelles immatriculations. Plus de 50% pour cette dernière année, dans le prolongement de la volonté gouvernementale de voir des transports en commun vert pour 2030.
À l’inverse, d’autres véhicules lourds comme les camions ou camionnettes ont une part de marché faible, voire inexistante, pour ce qui est de la mobilité électrique.
Objectif 2030
Pour arriver aux objectifs de décarbonisation et d’efficacité énergétique, le PNEC prévoyait qu’en 2030, 49% des voitures du parc automobile soient électrifiés. «Cependant, il semblerait que ses objectifs puissent être revus. Ceux-ci semblant difficilement atteignables», commente le président de la Fedamo, Philippe Mersch.
Dans son analyse pour les années à venir «Simulation de la transition énergétique de l’économie luxembourgeoise», la Statec explique que le renouvellement rapide de la flotte de voitures permet une pénétration accrue de véhicules électriques et hybrides qui contribuerait à réduire de manière substantielle les émissions dans le scénario à politique inchangée (WEM). Un effet renforcé par les nouvelles normes de performances des véhicules décidées au niveau européen. Cette électrification requiert une percée rapide des voitures électriques, dont la part de marché augmenterait de 15% en 2022 à 30% d’ici 2025.
D’après Leasys, les Big Four tendent vers des locations des voitures LEV uniquement et plusieurs sociétés se rapprochent aussi de locations à 100% de voitures BEV.
Les voitures de fonctions représentant près de la moitié des nouvelles immatriculations, cela pourrait expliquer l’électrification rapide du parc automobile.
Néanmoins, pour les autres types de véhicules, la décarbonation serait plus lente. L’électrification commencerait néanmoins timidement pour les camionnettes (15% dans le stock en 2030 respectivement) alors que les projections tablent également sur une modeste pénétration de camions à hydrogène (1% en 2030).
Leasys confirme que malgré un certain intérêt des clients pour le sujet, les véhicules utilitaires électriques progressent aussi tout lentement.