Katell Guillou, charismatique patronne du restaurant étoilé Guillou Campagne, à Schouweiler. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Katell Guillou, charismatique patronne du restaurant étoilé Guillou Campagne, à Schouweiler. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Pour sa 100e newsletter, Paperjam Foodzilla a eu une soudaine envie de s’entretenir avec une amazone de la gastronomie étoilée au grand cœur. Du coup, on est forcément allés s’attabler chez Guillou Campagne avec son incontournable patronne, Katell.

Pour celles et ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous nous faire un petit résumé de votre parcours et de celui de votre famille?

Katell Guillou. – «Vous avez le temps? On va essayer de faire efficace... Mes parents sont originaires de Bretagne, où mon papa, Pierrick, était chef de cuisine chez Barrière. Ils ont ensuite pris la gestion d’un hôtel-restaurant à Bastogne, en Belgique, où je suis née en 1972. En 1973 ou 1974, ils sont arrivés à Luxembourg, où ils ont ouvert le restaurant Saint-Michel, dans l’îlot gastronomique, un peu par hasard, après que mon père, qui se trouvait alors sur une échelle, s’est retrouvé nez à nez avec le propriétaire des lieux! Ils en ont fait un des premiers, voire le premier restaurant de poisson et de fruits de mer de l’époque, mon père allant à Rungis chaque semaine pour ramener les meilleurs produits en provenance de sa Bretagne natale. Les étoiles Michelin et les labels prestigieux sont arrivés au fil des années au Saint-Michel, mais aussi la crise, après la guerre du Golfe... L’envie de propriété et de campagne s’est alors fait ressentir. C’est à ce moment qu’ils ont acheté et ouvert La Table des Guillou, à Schouweiler, aujourd’hui Guillou Campagne... 

Et quel a été le contexte de votre venue à Schouweiler?

«À l’époque du Saint-Michel, j’ai monté et géré L’Autre Traiteur avec Pascal Brasseur pendant 10 ans. Puis, une fois à Schouweiler, nous avons vu le potentiel d’agrandissement du restaurant et avons racheté le terrain adjacent. C’est là que j’ai ouvert le Toit pour Toi, le 31 décembre 1999, dont je me suis ensuite occupée jusqu’en 2010, date à laquelle La Table des Guillou – qui avait entre-temps pris une puis deux étoiles au Michelin – est devenue Guillou Campagne. J’ai ensuite géré les deux établissements pendant quelques années, mais la fatigue générale a commencé à se faire sentir... Nous avons donc décidé de fermer Toit pour Toi et d’en faire un lieu dédié aux événements fin 2018, une vraie décision de cœur. Un an plus tard, papa nous quittait…

La disparition de Pierrick Guillou a laissé un grand vide, tant dans la gastronomie locale que dans vos vies personnelles. Comment vous en souvenez-vous aujourd’hui?

«C’est toujours difficile d’en parler, le vide est encore très présent, pour toute notre famille. C’était un sacré personnage, qui a marqué des décennies de gastronomie luxembourgeoise et qui nous manquera toujours. Mais je suis très bien entourée ici, tant par mon équipe de choc que par ma maman, qui vit juste à côté et qui assure encore le passe quand elle en a envie! On profite du cadre exceptionnel que l’on a ici, on se fait des raclettes avec la famille dans notre chalet d’hiver, on organise des grandes tables entre copains le mercredi, une tradition que papa avait instaurée…

À quoi peuvent s’attendre les gens qui viennent au Guillou Campagne aujourd’hui et quels sont vos projets à court terme?

«Les clients peuvent s’attendre à une cuisine classique savoureuse. On est Bretons, on aime le beurre, on aime la crème! Des recettes de papa, avec toujours un twist de nos deux chefs, Guillaume Rotario, qui est avec nous depuis 20 ans, et Fabien Duvauchelle, qui aime particulièrement travailler le poisson. Des tartines de pied de porc gratinées, de la queue de bœuf farcie au foie gras, des cotriades de poissons bretonnes... Mon envie du moment est de créer un menu dégustation qui reprendrait cette quintessence de notre cuisine afin de la faire découvrir, notamment aux plus jeunes qui ne la connaissent pas encore et qui ont envie de ce genre de gastronomie franche. J’aime constater qu’ils ont envie de ça lorsqu’ils viennent! Et puis on a hâte de profiter à nouveau de notre magnifique terrasse et de nos paniers pique-nique, surtout maintenant qu’on peut enfin respirer un peu…

Enfin, si vous pouviez inviter une personnalité qui vous inspire à votre table le temps d’une journée, qui serait l’heureux élu?

«Georges Blanc, de l’Hôtel du Bois Blanc à Vonnas. Il me fait beaucoup penser à mon père.»

Guillou Campagne: 17-19, rue de la Résistance (Schouweiler), T. 37 00 08

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