Marc Hengen, administrateur délégué de l’Aca, et Christian Strasser, président du conseil d'administration de l'Aca, lors de l’Aca Insurance Day 2024. (Photo: Aca)

Marc Hengen, administrateur délégué de l’Aca, et Christian Strasser, président du conseil d'administration de l'Aca, lors de l’Aca Insurance Day 2024. (Photo: Aca)

Dans un entretien avec Paperjam, l’administrateur délégué de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances, Marc Hengen, partage ses idées sur les prévisions optimistes de 2024 pour le marché luxembourgeois de l’assurance-vie, parallèlement aux défis croissants posés par les catastrophes naturelles et les risques géopolitiques, ainsi qu’à l’influence croissante de l’IA dans l’industrie.

Le secteur luxembourgeois de l’assurance et de la réassurance est en pleine croissance, a annoncé l’administrateur délégué de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (Aca), , à Paperjam, le vendredi 22 novembre 2024. Cette déclaration fait suite au succès de l’Aca Insurance Day, qui s’est tenu la veille, le 21 novembre, et qui a attiré plus de 700 participants, dont des membres de l’Aca et des acteurs-clés du secteur. Marc Hengen a qualifié l’événement de «succès notable» et a souligné le fort soutien du ministre des Finances, (CSV), tant pour l’association que pour le secteur de l’assurance au sens large.

Marc Hengen a particulièrement insisté sur l’engagement de Gilles Roth à soutenir le secteur financier luxembourgeois. Ce dernier  à transposer les directives de l’UE sans réglementation supplémentaire ni «surréglementation», ce qui est essentiel pour maintenir la position concurrentielle du Luxembourg sur le marché mondial. Ce message de clarté réglementaire et de soutien a trouvé un écho important auprès des participants et a souligné le soutien du gouvernement à l’industrie.

Assurance-vie

L’évolution positive du secteur de l’assurance-vie au Luxembourg a été particulièrement remarquée. Après trois années de stagnation, le marché a connu un «redressement remarquable». Marc Hengen a noté que les primes augmentaient à un rythme spectaculaire, l’année 2024 devant être la meilleure année jamais enregistrée pour l’assurance-vie au Luxembourg. Même si les chiffres définitifs ne seront pas confirmés avant le début de l’année 2025, la dynamique indique une croissance continue dans le secteur. Malgré les défis qui subsistent, Marc Hengen s’est montré optimiste quant à l’avenir du secteur.

Les défis

Cependant, le marché de l’assurance au sens large est confronté à plusieurs défis, notamment en termes de compétitivité, de catastrophes naturelles et de risques géopolitiques. Marc Hengen a souligné que «l’Europe doit rester compétitive sur le marché mondial», notant que l’Asie est en train de devenir un acteur important dans le secteur de l’assurance. En tant que tel, le maintien de la compétitivité est crucial pour le Luxembourg et l’Union européenne.

Il a également reconnu que l’instabilité géopolitique devient une préoccupation croissante pour les assureurs, car elle entraîne souvent des perturbations économiques qui, à leur tour, augmentent les risques et le coût des sinistres. Il a souligné que si les tensions géopolitiques ne constituent pas en elles-mêmes une menace immédiate pour l’assurabilité, les perturbations économiques qu’elles entraînent sont un facteur important de l’augmentation des primes d’assurance.

Les catastrophes naturelles

Un autre sujet de préoccupation majeur a été la question de «l’assurabilité en relation avec les catastrophes naturelles». Marc Hengen a fait remarquer que dans de nombreuses régions, il devient de plus en plus difficile d’obtenir une assurance contre les catastrophes naturelles en raison de l’augmentation de la fréquence et de la gravité des événements. Par exemple, dans certaines zones sujettes aux inondations, la couverture peut devenir indisponible et la réassurance jouera un rôle crucial pour déterminer si les assureurs peuvent continuer à proposer des polices abordables. Les catastrophes naturelles devenant plus fréquentes et plus graves, le coût de l’assurance augmente également, ce qui rend les primes inabordables pour certains ménages, a averti Marc Hengen.

L’assurance inondation au Luxembourg

Marc Hengen a donné un aperçu de l’approche du Luxembourg en matière d’assurance contre les inondations, qui est proposée par des assureurs privés. Le Luxembourg est divisé en deux zones géographiques: l’une à haut risque d’inondation et l’autre moins susceptible de subir des inondations. Les assureurs privés se sont engagés à offrir une couverture dans les deux zones, mais cette couverture n’est pas obligatoire. Environ deux tiers des ménages de la zone à haut risque d’inondation sont actuellement assurés, mais beaucoup hésitent à le faire. Selon Marc Hengen, cette réticence s’explique par la conviction que ces ménages ne sont pas exposés à un risque important d’inondation, en dépit de l’évolution des conditions météorologiques. Traditionnellement, les inondations au Luxembourg se limitaient aux zones fluviales en hiver, mais les orages d’été plus fréquents ont modifié le profil de risque, et même les maisons situées dans des zones surélevées sont désormais vulnérables.

Perspectives

À l’horizon 2025, Marc Hengen s’est montré optimiste quant à l’avenir du marché luxembourgeois de l’assurance. Il a suggéré que 2024 marquait un tournant et a anticipé une autre année forte pour l’assurance-vie en 2025. Cependant, il a reconnu que le secteur de l’assurance non-vie continuerait à faire face à la volatilité au cours de l’année à venir, la gravité et la fréquence des catastrophes naturelles étant imprévisibles, ce qui rend difficile la prévision de l’ampleur des sinistres et de leur impact sur le marché.

Malgré ces défis, Marc Hengen estime que la prise de conscience croissante du fait que l’assurance est un outil essentiel de gestion des risques, en particulier dans le contexte des catastrophes naturelles, conduira probablement à une plus grande acceptation de l’assurance en tant que forme nécessaire de protection.

L’IA dans l’assurance

Réfléchissant au rôle croissant de l’intelligence artificielle dans le secteur de l’assurance, Marc Hengen a expliqué que si l’IA est très efficace pour «digérer» de grands volumes de données et améliorer les capacités prédictives, ses applications pratiques dans le secteur sont encore floues. Par exemple, le gouvernement luxembourgeois fournit désormais des données publiques sur les risques d’inondation, qui peuvent être traitées à l’aide de l’IA pour affiner les prévisions. Bien que Marc Hengen n’ait pas connaissance d’applications spécifiques de l’IA par des assureurs individuels, il souligne que l’IA jouera un rôle de plus en plus important dans l’avenir du secteur. Avec l’introduction de la loi européenne sur l’IA, Marc Hengen a noté que «l’IA est là pour durer et deviendra de plus en plus importante pour le secteur au fil du temps».

Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.