Surpoids, cholestérol, diabète. Le métabolisme est influencé par les gênes et par la flore intestinale et ses microbes. Si on pouvait mesurer la manière dont chaque aliment est «digéré», on pourrait éviter certaines maladies. Nium construit ce modèle prédictif. (Photo: Shutterstock)

Surpoids, cholestérol, diabète. Le métabolisme est influencé par les gênes et par la flore intestinale et ses microbes. Si on pouvait mesurer la manière dont chaque aliment est «digéré», on pourrait éviter certaines maladies. Nium construit ce modèle prédictif. (Photo: Shutterstock)

Alberto Noronha sera le seul représentant d’une start-up luxembourgeoise sur la scène du Web Summit, la semaine prochaine à Lisbonne. Nium s’intéresse à la manière dont chaque aliment est «digéré» et comment l’alimentation pourrait aider à lutter contre les maladies.

«Mangez des pommes!», disait un ancien président français croqué par Les Guignols, comme si cela suffisait à rester en bonne santé.

«On ignore globalement comment chaque aliment est synthétisé par le corps, par chaque individu. L’idée est de le savoir, en fonction d’un certain nombre de paramètres personnels. Le modèle pourrait permettre de lutter contre certaines maladies.»

À quelques jours de s’envoler pour Lisbonne, où il sera le seul représentant d’une start-up luxembourgeoise sur la scène du Web Summit, Alberto Noronha «n’est plus un chercheur depuis mai dernier», glisse-t-il. Mais un entrepreneur, dont le projet soutenu par l’Université du Luxembourg , le programme d’accélération de Luxinnovation.

L’informaticien qui ne voulait pas développer

«Je n’avais pas envie de passer toute ma vie à développer des logiciels. Ça me paraissait ennuyeux…» Alberto Noronha vient d’avoir un bachelor en informatique. Un de ces profils que recherche toute l’industrie. Le jeune Portugais met le cap sur le Luxembourg. «Mon frère est biologiste et on a commencé à parler de cela. J’ai passé un master en biologie.» Puis un PhD en systèmes informatiques liés à la biologie. Et encore une année de recherches.

Son , est très remarqué. Il pose les bases de . «J’ai toujours voulu que la recherche publique produise des résultats qui soient le plus vus possible. Pas que ces papiers restent dans des armoires, seulement accessibles à quelques-uns.»

L’informaticien est devenu chercheur. Puis entrepreneur. Un parcours naturel, explique-t-il tant ils ont de points communs. (Photo: Alberto Noronha)

L’informaticien est devenu chercheur. Puis entrepreneur. Un parcours naturel, explique-t-il tant ils ont de points communs. (Photo: Alberto Noronha)

VMH raconte comment le métabolisme, l’ensemble des réactions chimiques à l’intérieur de notre corps, se nourrit de nos gènes, mais aussi de nos habitudes alimentaires et des microbes néfastes ou utiles.

«Si on était capable de savoir, on pourrait combiner certains éléments dans un régime alimentaire qui aurait des bénéfices pour la santé», explique-t-il après avoir étudié une quinzaine de régimes alimentaires, du célèbre régime méditerranéen au «non healthy», en passant par les régimes végans ou hyperprotéinés. «Recommander un régime particulier ne fait pas vraiment de sens, parce qu’il existe des questions culturelles ou pratiques qui interfèrent. Par exemple, recommander au Luxembourg ou en Allemagne de manger beaucoup plus de poisson ne fait pas vraiment de sens si le poisson est beaucoup plus cher.»

En réalité, explique-t-il, «le chercheur et l’entrepreneur ne sont pas si différents. Autonomes, ils ont le même sens de la créativité, la même envie d’avancer.»

Une vision claire et de premiers clients

Alors le fondateur et CEO de Nium avance. Un premier client a déjà signé. Un deuxième est en bonne voie. La première étape, en B2B avec le monde de la recherche, doit permettre d’avoir accès à des données de santé pour que les deux parties puissent progresser dans leurs recherches.

«Il y a l’industrie pharmaceutique, mais aussi l’industrie alimentaire qui, sincèrement, ne demande pas mieux que de mettre sur le marché des produits meilleurs pour ses clients.»

Il rêve que la méthodologie soit prête pour 2021, dans «douze à dix-huit mois». Puis que la partie «microbiome», réparatrice, en quelque sorte, des dommages créés ou alimentés par la nourriture, passe une validation clinique. «Ça, ça prend plus de temps, je dirais vers 2023.»

Une levée de fonds dans six à huit mois

Stratégiquement, à une étape avec la recherche, succédera une période avec les institutions de soins de santé, les hôpitaux et les cliniques, toujours sur une base d’abonnement avant la mise à disposition de la solution pour les particuliers. Plus tard.

«Les premiers clients nous donnent accès à des données. Le Fit4Start est une autre étape, mais nous lèverons des fonds d’ici six à huit mois et nous cherchons aussi à nouer des partenariats, avec l’industrie alimentaire, avec les institutions de santé, ou différentes expertises.»

L’aventure ne fait que commencer.  La semaine prochaine à Lisbonne, il sera le seul «Luxembourgeois» sur la scène du Web Summit. Sur l’Alpha Stage, qui concerne les start-up encore à leurs débuts, où sont passées Trello, TransferWise, Adyen ou Uber avant lui. «Je pensais que nous serions plus nombreux du Luxembourg, pour une petite compétition interne», s’amuse-t-il. «Mais je suis très content de cette opportunité de présenter mon projet!»