Ce mardi 13 mai, devant la presse, Ivan Espinosa n’a pas mâché ses mots. Le nouveau CEO de Nissan a dressé un constat sans détour: «Nous avons une structure de coûts très élevée. Le marché mondial est volatil et imprévisible, ce qui rend la planification et l’investissement de plus en plus difficiles.» Le constructeur japonais, à bout de souffle, se prépare à des coupes drastiques.
Pour enrayer l’hémorragie, Nissan prévoit de fermer sept usines et de supprimer 20.000 postes d’ici 2027, soit 15% de ses effectifs mondiaux. Les investissements seront recentrés, dans une stratégie de contraction assumée. , voit ainsi son partenaire entrer dans une zone de fortes turbulences et s'attend à un impact négatif des dépréciations et des coûts de restructuration de Nissan s’élevant à 2,2 milliards d’euros sur ses comptes du premier trimestre 2025.
L’exercice fiscal décalé clos fin mars s’est soldé par une perte de 671 milliards de yens (4,1 milliards d’euros), l’une des pires de l’histoire du groupe, juste derrière celle de 1999-2000.
Un double choc
Le mal est profond. Le groupe est englué dans une double crise structurelle et conjoncturelle. En un an, le titre Nissan a chuté de 40%. Son endettement massif inquiète: les agences de notation ont dégradé la note de sa dette, désormais classée en catégorie spéculative. Moody’s pointe une rentabilité insuffisante et un catalogue de modèles vieillissant, plombant les ventes.
À cela s’ajoute un environnement mondial défavorable. Inflation persistante, tensions géopolitiques, guerre commerciale: Nissan subit de plein fouet la surtaxe de 25% imposée par les États-Unis sur les véhicules importés. Or, le marché américain représente 30% de ses ventes mondiales de l’année dernière, avec près de la moitié des véhicules importés depuis le Japon et le Mexique. Parmi les constructeurs japonais, Nissan sera probablement le plus durement touché, explique l’analyste chez Bloomberg Intelligence, Tatsuo Yoshida à l’AFP.
Même les projets d’avenir sont remis en question. L’entreprise vient d’abandonner un projet d’usine de batteries au lithium d’un milliard de dollars dans le sud du Japon, à peine validé.
Un virage après un mariage raté
Fragilisé depuis un certain temps, Nissan avait entamé fin 2024 qui aurait donné naissance au troisième constructeur mondial. , emportant dans sa chute , remplacé par Ivan Espinosa qui entend muscler le plan de redressement. «Nissan doit donner la priorité à son amélioration continue avec une urgence accrue», a t-il martelé.
En réduisant son réseau d’usines de 17 à 10, en rognant sur ses investissements et en tranchant dans ses effectifs, Nissan espère retrouver l’équilibre. Mais à quel prix? Car au fond, la question n’est plus de savoir comment Nissan va rebondir, mais s’il le pourra. «Nous ne ferions pas cela si ce n’était pas nécessaire pour survivre», a conclu le CEO.