Une rémunération de 3,3 millions d’euros touchée par Nicolas Sarkozy, via un fonds d’investissement luxembourgeois dans le cadre d’une mission de conseil dans une opération financière, interroge plusieurs médias européens.   (Photo: Shutterstock)

Une rémunération de 3,3 millions d’euros touchée par Nicolas Sarkozy, via un fonds d’investissement luxembourgeois dans le cadre d’une mission de conseil dans une opération financière, interroge plusieurs médias européens.  (Photo: Shutterstock)

Selon Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations, Nicolas Sarkozy a touché plus de trois millions d’euros en tant que conseiller pour Peninsula, un fonds d’investissement domicilié à Luxembourg. Des prestations qui soulèvent des questions.

Selon Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC), dont le journal belge Le Soir, Nicolas Sarkozy a touché 3,3 millions d’euros en tant que conseiller pour le fonds d’investissement luxembourgeois Peninsula, dont le fondateur et principal dirigeant, l’Espagnol Borja Prado, est également le président de Mediaset España, elle-même filiale de l’empire média d’un certain Silvio Berlusconi.

Jusqu’ici rien d’anormal tant l’ancien chef de l’État français est en droit d’être rémunéré pour tout travail effectué. Mais en s’intéressant davantage au dossier, Mediapart et l’EIC ont trouvé des incohérences mettant finalement en doute les raisons d’une telle rémunération.

Ces médias rapportent que le cabinet d’avocats de Peninsula a fourni à la banque Edmond de Rothschild, établissement où la rémunération de Nicolas Sarkozy a été versée, un courrier confidentiel notifiant l’origine des fonds en question. À savoir, un louage de conseils à Peninsula lors d’un investissement dans l’entreprise ferroviaire italienne NTV, en plus d’un intéressement sur la plus-value réalisée.

Mais après enquête de Mediapart et du réseau EIC, il s’avère que le moment de cet investissement ne coïncide pas avec les dates du travail presté par Nicolas Sarkozy. Les journalistes ont également soulevé des liens forts entre le fonds d’investissement et l’ancien président français puisque Jean Sarkozy, son fils, a été embauché par Peninsula Capital Advisors, la structure de gestion du fonds basée à Londres, en mars 2017 en tant que directeur opérationnel.

Une plus-value importante

Peu de temps après cette embauche, en juin 2017, le fonds acquiert 12,8% de NTV pour 66 millions d’euros. Un an plus tard, l’ensemble des parts de NTV est racheté par un fonds d’investissement américain pour 181 millions d’euros. La plus-value est importante et a permis à Nicolas Sarkozy de toucher 3,3 millions pour son rôle «supposé» de conseiller dans l’opération.

Mais là encore, le montage est complexe. Nicolas Sarkozy n’a pas été directement payé par le fonds Peninsula Capital II, mais par deux autres fonds luxembourgeois, à savoir Peninsula Associates II, qui a versé 300.000 euros, et Peninsula Partners II, qui a versé 3 millions d’euros. Le Soir souligne: «Nicolas Sarkozy n’a pas été payé par le fonds Peninsula, mais directement par certains de ses investisseurs qui ont prélevé l’argent sur leurs parts des profits de l’opération NTV.»

Mediapart et le réseau EIC s’interrogent sur l’identité des actionnaires du fonds Peninsula Associates II, mais les règles du Registre des bénéficiaires effectifs (RBE) ne permettent pas de les identifier. Notons que  Borja Prado apparait comme bénéficiaire à 50% de Peninsula Promoters S.à r.l., elle-même enregistrée auprès du Registre du commerce et des sociétés comme associé commandité de Peninsula Associates II.

Enfin, toujours selon Mediapart et le réseau EIC, les actionnaires seraient issus des Émirats arabes unis et notamment du «family office» du cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, émir d’Abou Dhabi et président des UAE.

Si aucune infraction ne semble apparente, le montant versé à Nicolas Sarkozy pour ses conseils et le montage pour effectuer sa rémunération laissent un grand nombre de questions sans réponses.