«Le Luxembourg ne va pas dans le mur, mais les risques sont bien présents et des mesures doivent être prises», explique Yves Mersch au sujet du marché immobilier, dans son interview au Wort. (Photo: Julien Becker / archives )

«Le Luxembourg ne va pas dans le mur, mais les risques sont bien présents et des mesures doivent être prises», explique Yves Mersch au sujet du marché immobilier, dans son interview au Wort. (Photo: Julien Becker / archives )

À 68 ans, le Luxembourgeois Yves Mersch est membre du directoire de la BCE depuis le 15 décembre 2012. Son mandat court jusqu’en 2020. Depuis son bureau de Francfort, il évoque longuement les taux d’intérêt directeurs fixés par son institution et les risques d’une hausse de ceux-ci sur le marché de l’immobilier luxembourgeois.

«Notre mandat ne prévoit pas que nous pensions aux ménages d’un pays en particulier quand nous ajustons notre politique monétaire. Et le Luxembourg ne fait pas exception», explique-t-il. «Nous fixons les taux d’intérêt directeurs pour la zone euro dans son ensemble. Et le moment de modifier les taux d’intérêt n’est pas encore arrivé.»

Et d’ajouter qu’un ou deux établissements de crédit situés au Luxembourg comptent parmi ceux qui en Europe ont «la plus large exposition aux crédits immobiliers». «Le Luxembourg ne va pas dans le mur, mais les risques sont bien présents et des mesures doivent être prises, comme le préconisent les institutions nationales et internationales», rappelle-t-il.

La centralisation en question

Au sujet du Brexit, Yves Mersch se contente de rappeler les nombreuses incertitudes qui planent encore sur l’issue des négociations. «Je ne peux répondre à toutes les questions, mais je ne suis pas non plus de ceux qui pensent que l’Union européenne (UE) est condamnée sans Londres», affirme l’économiste.

Interrogé ensuite sur l’impact d’une centralisation européenne de la supervision bancaire, il est d’avis que «la centralisation est meilleure en soi. Mais parfois, la proximité permet en effet d’être plus efficace.»

L’achèvement de l’union bancaire serait une avancée importante.

Yves Mersch, BCE

«Il serait extrêmement difficile de devoir consulter 25 autorités de régulation ou de surveillance prudentielle pour savoir ce qui est permis au sein du marché unique et dans quelles conditions», ajoute-t-il. «De ce point de vue, nous accueillons favorablement l’accroissement de l’efficacité au niveau européen. Nous considérons que l’achèvement de l’union bancaire serait une avancée importante pour le marché unique et la monnaie unique, qui permettrait d’avoir, à moyen terme, un marché, un contrôleur bancaire et une autorité de surveillance des marchés de titres.»

Certains fonds dans l’illégalité

Quant aux questions de la responsabilité des sanctions, l’économiste explique qu’il existe, dans le domaine des banques centrales, des sanctions tant au niveau national qu’européen.

Il ajoute que certains fonds d’investissement présents au Luxembourg ont l’obligation de fournir des informations et des statistiques à la banque centrale nationale, qui communique ces données à la BCE. «Mais certains fonds ne remplissent pas cette obligation. Nous avons demandé à plusieurs reprises à la BCL d’entamer des procédures de sanction, car nous estimons qu’en tant qu’autorité locale, elle est la mieux informée.»