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S'il n'y avait pas eu les événements du 11 septembre pour relativiser la portée de certaines expressions toutes faites, il est certain que l'annonce du départ du CEO de Luxair a fait l'effet d'une bombe dans le microcosme industriel luxembourgeois. Et ce d'autant plus que la surprise a été totale, puisque tout s'est décidé entre vendredi soir et mercredi.

"Vendredi dernier, encore, ma tête était à 100% dans Luxair. Beaucoup de choses se sont ensuite passées au cours du week-end mais, jusqu'à 17h00, mercredi, ma décision n'était pas encore formellement prise, et j'avais même fait savoir à la ministre belge déléguée aux Transports que je ne souhaitais pas, dans un premier temps, quitter Luxair" a expliqué M. Heinzmann, hier matin, lors d'une conférence de presse convoquée dans l'urgence, moins de quinze heures après que la nouvelle ait été annoncée en Belgique.

En quelques jours, donc, le "grand défi à une toute autre échelle, avec des contraintes vraiment difficiles" que représente cette nouvelle fonction a séduit M. Heinzmann, qui se présente volontiers comme "homme de défi". Il le fut, déjà, lorsqu'il s'était agi de reprendre en mains la compagnie Luxair, succédant à Jean-Donat Calmes, débarqué en janvier 2001 pour quelques 'trous d'air' malvenus dans la gestion de la société.

Du côté de la SNCB, le problème de la réorganisation interne d'une société publique en état de quasi-faillite est un sujet qui agite la classe politique depuis un bon moment déjà, et cela faisait deux bonnes semaines que le gouvernement belge planchait sur le sujet. Sur un fond, évident, d'intérêts politiques marqués. En la circonstance, le choix de Christian Heinzmann à la tête de la Société Nationale des Chemins de Fers Belges a l'avantage de mettre tout le monde d'accord, compte tenu de sa totale indépendance vis-à-vis d'une quelconque mouvance politique.

De l'autre côté de la frontière, on imagine aisément que l'annonce du départ de M. Heinzmann a également dû en soulager plus d'un. Car le franc-parler de cet anversois qui a fêté, au début du mois, ses 49 ans, n'a pas toujours été du goût de tout le monde au Luxembourg. D'aucuns s'accordent même à dire que Henri Grethen, sous sa casquette de ministre des Transports, ne serait pas resté inactif auprès de son homologue belge pour que le choix se porte sur lui.

On se souviendra notamment d'une tonitruante déclaration lors de sa première intervention en public, en mai 2001, soit à peine cinq mois après son arrivée, au cours de laquelle il avait comparé la situation de l'aéroport du Findel à un contexte "africain'.

"Bien sûr, il y a eu quelques turbulences dans les premiers temps de ma présence mais, aujourd'hui, je quitte vraiment une société que j'adore et un pays sympathique. Les groupes qui travaillent sur les projets en cours restent cependant intacts. Ces projets sont, si je puis dire, sur les rails, et ils aboutiront".

Pour l'heure, M. Heinzmann est toujours à la tête de Luxair, et la date de son départ officiel et définitif n'a pas encore été communiquée. Il est toutefois prévu qu'il partage progressivement son temps entre les deux sociétés avant de virer définitivement de bord, ce qui sera de toute façon fait au plus tard le 1er septembre.

Cela ne laisse donc que très peu de temps au Comité de Direction de Luxair pour lui trouver un remplaçant. "Mais nous n'avions mis que quelques mois pour trouver M. Heinzmann. Nous avons donc bon espoir de lui trouver un successeur rapidement" a précisé, hier, Alain Georges, Président du Conseil d'Administration de la compagnie nationale luxembourgeoise qui présentera ses chiffres 2001 le 14 mai prochain.