Xavier Buck en compagnie de Kim Schmitz, alias Kim Dotcom, en Nouvelle-Zélande. (Photo : D.R.)

Xavier Buck en compagnie de Kim Schmitz, alias Kim Dotcom, en Nouvelle-Zélande. (Photo : D.R.)

Kim Dotcom, l'emblématique créateur de Megaupload, tire traditionnellement la couverture médiatique à lui. De ce fait, les autres personnes embarquées dans l’aventure Mega, son nouveau projet, peuvent passer inaperçues. Parmi elles pourtant, il y a Xavier Buck, un entrepreneur de l’Internet reconnu au Grand-Duché (Datacenter, EuroDNS et DomainInvest).

L’intéressé s’est retrouvé associé à Mega un peu par hasard, par l’intermédiaire de son ami de longue date, Tony Lentino, le CEO de la société. Celui-ci avait sollicité Xavier Buck en 2012 pour recueillir son avis sur le développement de cette plateforme d’hébergement de données en ligne.

Investissement secret

Le Luxembourgeois s’est rendu en juillet en Nouvelle-Zélande pour rencontrer l’équipe de Mega. Il l’a par là même conseillée sur la problématique de l’hébergement (lieu, capacité requise), il a contacté des développeurs spécialisés, mis en place un service de support et assisté le financement… dont le montant reste secret.

Et, de fil en aiguille, celui qui n’était censé donner qu’un parti pris est devenu partie prenante… après avoir vérifié la faisabilité technique et légale du projet bien sûr. Il a, par exemple, fait étudier la jurisprudence allemande en matière de prestation de services sur Internet. Et cette prudence n’était sans doute pas un luxe au vu des problèmes juridiques posés par le célébrissime ancien site de Kim Dotcom, Megaupload, duquel Xavier Buck se détache résolument.

Espace de travail collaboratif

Mega est officiellement née le 19 janvier, non sans difficulté. L’infrastructure ayant rencontré quelques problèmes d’accès devant l’afflux de demandes. Xavier Buck reste cependant confiant pour son investissement. « Le nouveau Mega est bien plus que du "Filehosting". C'est un espace de travail collaboratif sécurisé. Ainsi, les fichiers ne peuvent être échangés entre utilisateurs que si la clé de cryptage est communiquée. Car tous sont automatiquement encryptés de façon vraiment novatrice. La vitesse de téléchargement est 10 fois supérieure à un dropbox et l'innovation autour du HTML5 est époustouflante,... bref de l'innovation comme je l'aime. »

La plateforme peut être déclinée de bien des manières. D’abord, la semaine prochaine sortira l’outil desktop qui permettra de voir Mega comme un disque dur externe sur son bureau d’ordinateur. Kim Dotcom a aussi annoncé le prochain lancement de Megabox, plateforme sur laquelle les artistes pourront mettre leurs titres afin de les céder directement aux particuliers. De la sorte, l’auteur percevra 90 % de droits, au lieu d’une quinzaine actuellement… Et, du coup, une structuration via le Luxembourg ne saurait être écartée du fait du régime de la propriété intellectuelle en vigueur au Grand-Duché.

En outre, il est prévu que, une fois la stabilité juridique de Mega avérée, son siège européen soit établi au Luxembourg.

Partage de catalogues ?

On peut également concevoir que des maisons de disque mettent leur catalogue à disposition sur les serveurs en facturant leur accès ou en prenant une commission sur la vente d’abonnements spécifiques. Les maisons de production cinématographique leur emboiteraient alors le pas. Les scénarios de développement potentiels sont multiples.

Pour l’instant, Mega vit de trois sources de revenus. Si l’espace est accessible gratuitement jusqu’à 50 Giga-octets, au-dessus, il faut s’abonner via le réseau de revendeurs (comme EuroDNS que Xavier Buck préside). Des espaces publicitaires sur les sites génèrent également des recettes. Enfin, la direction prévoit de tirer des bénéfices du développement par des tiers d’applications compatibles avec Mega, comme la synchronisation des fichiers avec l’ordinateur.

Cette plateforme de stockage en ligne pourrait en tout cas potentiellement révolutionner l’usage du web et des supports de diffusion des contenus médias puisqu’elle rend dorénavant possible l’accès à ses fichiers et à ceux de personnes de son choix via les « mobile devices ». L’entrepreneur luxembourgeois a donc certainement eu du flair en s’associant au projet.