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Jean-Claude Bintz et Pascal Koster, les deux dirigeants de Vox, dont ils sont également actionnaires, pouvaient donc afficher une mine réjouie, ce jeudi, aux côtés de Bernard Moschéni, CEO de Mobistar, venu présenter l'opération annoncée, officiellement, en début de semaine.

Dans les faits, Mobistar a acquis l'intégralité des parts détenues, jusqu'à présent, par les deux investisseurs institutionnels BIP Investment Partners et Audiolux (37,5% chacun), ainsi que 15% des 25% détenus par Biko Investments, qui n'est autre que la structure financière des deux fondateurs Bintz-Koster, laquelle reste donc propriétaire des 10% du capital restant. Coût de l'opération pour Mobistar: 80,3 millions d'euros. Un deal assorti du maintien, pour trois années, au moins, du management actuellement en place.

"C'était pour nous une condition indispensable, a précisé M. Moschéni. Les dirigeants actuels auraient très bien pu prendre l'argent et partir avec. Leur souhait de rester à leurs fonctions est un signe très positif de volonté de développement et d'optimisme dans l'avenir de la société. J'insiste d'ailleurs sur l'autonomie et la réactivité de Vox: nous n'allons pas l'étouffer mais au contraire encourager ce qui, jusqu'à présent, a constitué une des clés de son succès".

Vox, qui se présente lui-même comme un opérateur "stand alone" avec des actionnaires financiers, passe donc dans la cour des grands. "Nous sommes désormais la filiale d'un opérateur réputé et membre d'un des plus grands groupes de télécommunication au monde", indique Jean-Claude Bintz.

Orange, le retour!

Pour le groupe Orange, actionnaire de référence de Mobistar, c'est un "vrai" retour sur le marché luxembourgeois, après la première tentative avortée en 2004, lorsque le groupe filiale de France Telecom avait obtenu l'autorisation pour l'exploitation de la quatrième licence 3G mise en jeu. Le business plan de base n'était, à l'époque, pas viable pour attaquer de manière aussi frontale un marché qui n'était pas encore mûr. "Notre approche a été différente, reconnaît Pascal Koster. Nous avons préféré créer une clientèle GSM que nous avons ensuite migrée progressivement vers l'UMTS. Nous avons clairement profité de notre position neutre pour pouvoir développer progressivement notre réseau".

Adossé, dans un premier temps, à l'infrastructure technique de l'entreprise des P&T, Vox vole désormais de ses propres ailes et a pu, du même coup, résilier le contrat d'utilisation du réseau historique et opérer sur son propre équipement.

Actuellement, 99% de la population sont couverts en GSM et en EDGE - une technologie que Vox est le seul à proposer au Luxembourg et qui permet des vitesses de transmission allant jusqu'à 220 kB par seconde, soit vingt fois plus que le GSM - et 80% le sont en UMTS et HSDPA, la toute dernière offre disponible à partir de juin, proposant des débits de transmission de données jusqu'à 3,6 Mbit/s, c'est-à-dire six à dix fois plus rapides que la 3G (et le double est espéré d'ici à la fin de l'année).

Si pour Vox, l'intérêt d'une telle opération est évident, Mobistar est, aussi, gagnant dans l'affaire, puisque l'opérateur belge compte s'appuyer sur la forte expérience en matière de services et produits aux entreprises de son nouveau partenaire et entend rapidement développer des offres tarifaires transfrontalières, d'abord entre la Belgique et le Luxembourg, en attendant d'élargir à la France.