Viviane Reding de retour à la Chambre, qu’elle avait quittée en 1989. (Photo: Matic Zorman / archives)

Viviane Reding de retour à la Chambre, qu’elle avait quittée en 1989. (Photo: Matic Zorman / archives)

Viviane Reding connaît bien la Chambre pour y avoir siégé de 1979 à 1989, avant d’entreprendre un long et beau parcours au niveau européen.

Quelles leçons tirez-vous de la campagne et du scrutin du 14 octobre?

«Je constate que les partis populaires ‘à large spectre’ régressent. Tandis que les organisations politiques – je les appelle ainsi – progressent. C’est le cas dans de nombreux pays. Mais des partis populaires, en reste-t-il encore? Or, le peuple, c’est essentiel. La campagne a été ennuyeuse. J’en ai connu beaucoup depuis 1979, et celle-ci ne restera pas un bon souvenir. Il n’y avait pas d’enjeu, pas de bagarre politique.

Les résultats ont-ils été une surprise à vos yeux?

«Dans leur ampleur, oui. Dans leur direction, non. Il n’y a pas eu beaucoup d’enthousiasme durant cette campagne. Je savais que le CSV ne serait pas le grand gagnant, mais ne serait pas non plus le grand perdant.

Comment le CSV doit-il se réformer?

«Il faut garder nos valeurs. Car on ne peut créer une société sans valeur. Mais il faut aussi s’adapter à la réalité d’un monde qui bouge. Et cela bouge beaucoup, de plus en plus. Quand cela change, ce n’est pas via une évolution, mais via des petits tsunamis qui sont des ‘révolutions’.

Ce que je souhaite, c’est que la voix de l’opposition puisse être entendue.

Viviane Reding, députée CSV

Quelles vont être vos priorités à la Chambre?

«Je pense être bien placée pour évoquer les dossiers européens et la géopolitique. Les nouvelles technologies me passionnent. Je veux aussi faire avancer concrètement les choses dans deux domaines où le bât blesse au Luxembourg à cause de la mentalité. D’une part, savoir créer et conserver les talents nationaux, d’autre part, favoriser les apports du capital à risque. Mais ce que je souhaite avant tout, c’est que la voix de l’opposition puisse être entendue. Il faut au moins pouvoir débattre des alternatives proposées. Mais je ne vais pas me cantonner au Luxembourg. Je vais aussi continuer à parcourir le monde pour des colloques, des tables rondes... 

Il y a peu de femmes élues à la Chambre. Qu’en pensez-vous?

«Je suis peinée par cela. Mais c’est voulu par notre système électoral. Les partis ont mis des femmes sur les listes, mais c’est le peuple qui vote. Et qui vote pour ce qu’il voit. Or, les femmes n’ont pas été beaucoup sur le devant de la scène.

Faut-il une parité totale homme-femme et un système d’alternance sur les listes?

«Je n’ai pas analysé cela. Il faudrait voir comment cela se passe chez nos voisins. Dans tous les systèmes, il y a des avantages et des inconvénients. Mais il faudra certainement réfléchir à une réforme de notre système électoral.»