Valérie Remmy (Group IT manager, Ceratizit) (Photo : David Laurent / Wili)

Valérie Remmy (Group IT manager, Ceratizit) (Photo : David Laurent / Wili)

Madame Remmy, quelle place occupe votre fonction au sein de l’organisation générale de Ceratizit ?

« L’informatique a pris de plus en plus d’importance dans la société, en raison notamment de l’utilisation de SAP, qui est devenu la colonne vertébrale de la transmission de l’information en interne, de la prise de commande à la mise en production. Nous sommes donc devenus très dépendants de l’accès à l’information. À titre personnel, j’ai changé de fonction en mars 2012 pour devenir responsable de l’IT pour l’ensemble du groupe Ceratizit. Cela me donne une ‘casquette infrastructure’, en plus de mes fonctions relatives à SAP. Nous sommes aujourd’hui une quinzaine de personnes au sein de l’équipe à Luxembourg.

Pourquoi avez-vous choisi d’orienter votre carrière vers les métiers de l’IT ?

« Au sortir de mes études d’ingénieur agronome à Paris, j’ai effectué un stage en informatique, en 1992, dans l’industrie agroalimentaire en France, secteur pour lequel j’avais une attirance. Ce stage m’a permis de mettre en place un logiciel de gestion de production. Une expérience qui m’a beaucoup plu, en raison du travail en équipe qu’elle impliquait, et qui m’a permis de découvrir comment la société fonctionnait en interne, d’autant plus que j’ai pu y réaliser du contrôle de gestion. Mais l’informatique a davantage retenu mon attention, en comparaison au côté répétitif du contrôle de gestion. Pour des raisons privées, je suis revenue avec mon mari pour m’installer près de Luxembourg, en 1996. À cette époque, faute de pouvoir trouver mon bonheur dans l’agroalimentaire au Grand-Duché, j’ai cherché une société qui se lançait dans SAP, car je voulais expérimenter ce logiciel. Je suis ainsi entrée chez Cactus. Cinq ans plus tard, convaincue par SAP, j’ai recherché une société à vocation internationale travaillant avec cet outil. D’où ma candidature chez Ceratizit, à l’époque Cerametal, dont les processus de fabrication n’étaient finalement pas si éloignés que cela de mes expériences précédentes. À ceci près que je passais de la biscotte au carbure de tungstène !

Comment passe-t-on du statut d’expert au rôle de manager ?

« Je considère avant tout mon métier comme l’un des accessoires pour faire progresser la société. Mon nouveau poste est le résultat d’un départ en retraite. Il faut prendre de la distance et s’appuyer sur les compétences d’une équipe, surtout pour les aspects que l’on connaît moins, en l’occurrence les questions d’infrastructure. Il faut ainsi faire fonctionner l’équipe plutôt que le système informatique en soi.

Est-ce que vous recommanderiez l’aventure de l’IT aux femmes ?

« C’est avant tout une question d’envie. Je ne pense pas, en dehors de quelques différences, que le fait d’être un homme ou une femme influe sur le choix de ce type de carrière. Même si le fait qu’il n’y ait pas plus de femmes dans le métier découle certainement aussi de l’approche masculine que l’on veut donner aux fonctions techniques.

Quelle est la philosophie de travail avec votre partenaire, le groupe Plansee ?

« Après la fusion entre Cerametal et Plansee Tiizit, pour former Ceratizit, nous avons fusionné nos systèmes SAP. Il restait à combiner les visions différentes. Nous étions, à Luxembourg, plutôt axés sur une approche standard et pragmatique liée à une implémentation rapide et récente, alors que Plansee avait une approche plus orientée vers des développements spécifiques, due à une longue expérience dans SAP. Aujourd’hui, nous nous répartissons les tâches en toute synergie en fonction des différentes activités que les composantes du groupe doivent mener.

SAP occupe une grande place dans votre langage interne. Pourquoi choisir une telle solution ?

« Je pense que c’est un logiciel stable et robuste, que je considère comme un outil de collecte et de diffusion de l’information à différentes étapes d’un processus. Lorsque nous effectuons des opérations de rachat ou de partenariat dans le cadre de l’extension de notre groupe à l’international, l’utilisation de SAP est dans la balance lors des discussions préalables. Cela peut parfois créer des tensions, car chacun milite pour sa solution. Mais les discussions permettent de trouver des points de rencontre. Nous faisons donc de SAP notre langage commun et un moyen d’assurer la transparence de notre chaîne d’approvisionnement, depuis plus de 10 ans.

L’extension du groupe vous apporte-t-elle de nouveaux projets ?

« Après le continent américain, le groupe s’étend vers l’Asie, en s’implantant dans des pays tels que l’Inde et la Chine. Nous avons ainsi effectué une fusion avec une société taiwanaise, il y a
deux ans. Elle possède huit sites de production en Chine et à Taiwan. Ce qui implique une communication avec notre siège de Luxembourg et donc des besoins d’échange d’informations très importants. D’où une nécessité d’adapter nos infrastructures : elles doivent nous permettre de couvrir dorénavant la planète 24 h / 24 et 7 j / 7. L’acquisition récente de la société allemande Gunther Wirth nous apporte aussi de nouveaux chantiers plus ‘locaux’, et avec une problématique plus proche du consommateur final.

Quels sont vos chantiers dans le domaine de l’infrastructure ?

« Nous avons besoin de construire une infrastructure globale et nous pouvons nous appuyer sur les moyens de Plansee, s’agissant par exemple de la messagerie ou encore de ses relais au Japon, en Chine, en Corée ou en Inde. Cette synergie nous permet de créer des effets de levier. En outre, le développement informatique dans ces pays n’est pas sans poser des questions. La collaboration
avec des consultants locaux peut, en effet, parfois, s’avérer difficile, faute de niveau de qualification suffisant. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’équipe de Luxembourg a dû s’impliquer complètement en Inde. Heureusement, nous avons des outils de communication modernes qui permettent de suivre les projets à distance. Plus généralement, nous devons développer à Luxembourg cette vision d’une société internationale aux besoins mondiaux et jouer la carte de la synergie avec notre partenaire.

Êtes-vous amenée à rencontrer des clients externes ?

« Mon métier est plus axé sur les clients internes. Mais l’entreprise construit de plus en plus de synergies avec ses clients externes dans le cadre de la conception de produits, sur un mode collaboratif. Certains clients deviennent ainsi des partenaires. Grâce à l’informatique, nous facilitons la communication et les échanges, nous partageons nos best practices, comme
sur le plan de la gestion de la qualité.

La crise a-t-elle eu une influence sur votre activité ?

« On ne peut pas parler de ralentissement à notre niveau car toute réorganisation, adaptation ou recherche de productivité en période difficile passe inexorablement par l’informatique. Nous sommes aussi très sollicités par des collaborateurs qui nous apportent leurs nouvelles idées.

Quels sont vos prochains projets ?

« Notre plus gros challenge est de suivre la croissance du groupe, dont l’intégration des sites chinois. Nous avons aussi une usine en Bulgarie qui est en dehors de notre réseau IT et que nous devons intégrer au même titre que le groupe Günther Wirth. Ce sont des projets qui nous orientent pour les trois à quatre prochaines années, sans compter les imprévus ! Plus on intègre et plus les choses deviennent complexes. Nous devons donc veiller à garder les choses les plus fluides possible. 2013 sera l’année du roll-out des solutions mises en place pour que notre structure IT fonctionne d’un bout à l’autre du groupe, notamment en Asie, le secteur qui se développe le plus. Beaucoup de nos clients y ont en effet ouvert des filiales, impliquant par ricochet des besoins en hausse sur place. »