Les premières paroles du président élu avaient sonné comme un discours de rassemblement. Les actes seront-ils à la hauteur de la fonction? (Photo: capture d'écran / BBC)

Les premières paroles du président élu avaient sonné comme un discours de rassemblement. Les actes seront-ils à la hauteur de la fonction? (Photo: capture d'écran / BBC)

Des dizaines de milliers de supporters de Donald Trump, mais également des milliers d’opposants et de manifestants sont attendus ce vendredi pour la cérémonie d’investiture du 45e président des États-Unis devant le Capitole, à Washington DC. La capitale américaine se retrouve ainsi sous le feu des projecteurs et en état de siège. Un grand nombre d’artistes et de stars ont par ailleurs décliné l’invitation, mais le milliardaire de 70 ans pourra compter entre autres sur la star de téléréalité Jackie Evancho et le Mormon Tabernacle Choir pour assurer le show.

Face à la foule, sur un des balcons du Capitole, Donald Trump sera accompagné entre autres de sa famille, de son équipe, ainsi que du président sortant, Barack Obama, et ses proches, de la candidate démocrate Hillary Clinton et de plusieurs anciens présidents.

Je jure que j’exécuterai loyalement la charge de président des États-Unis.

La formule prononcée par tous les présidents des États-Unis lors de leur prise de fonction.

Aux alentours de midi, heure locale (17 heures au Luxembourg), le président élu posera la main sur la bible, tendue à lui par le «chief justice», le plus haut magistrat. Donald Trump déclarera: «Je jure solennellement que j’exécuterai loyalement la charge de président des États-Unis et que du mieux de mes capacités, je préserverai, protégerai et défendrai la Constitution des États-Unis.»

C’est à la fin de cette formule prononcée par les présidents élus qu’il prendra, et pour les prochaines quatre années, les commandes de la superpuissance.

Dans un discours très attendu et qu’il aurait écrit lui-même, selon la chaîne américaine CNN, Donald Trump écrira déjà un peu d’histoire. Comme il l’avait déjà indiqué le soir de son élection le 8 novembre, il devrait utiliser un ton moins vulgaire que lors de sa campagne et réitérer son souhait de réunir le peuple divisé. Quant au contenu, il faudra attendre 17 heures.

Commentaire

«Make America Great Again»

Le slogan de Donald Trump, «Rendons sa grandeur à l’Amérique» dans sa version française, peut être interprété de manière ambiguë: oui, tout ce qu’ont fait les États-Unis durant le mandat de son prédécesseur ou comment se porte le pays n’est pas «grand». Mais d’un autre côté, on peut douter que Donald Trump puisse leur rendre de la grandeur en tant que président.

L’inquiétude

Tel ne sera sûrement pas le cas s’il confirme ses propos racistes et misogynes. Tel ne sera évidemment pas le cas en torturant les familles de terroristes, en interdisant l’immigration de musulmans ou en construisant (ou plutôt en étoffant) le mur à la frontière mexicaine.

Économiquement parlant, on peut aussi douter que - si elles sont transposées - les idées protectionnistes de Donald Trump améliorent la situation sur le long terme, compte tenu des effets boomerang d’une guerre des tarifs et de la dépendance des États-Unis au commerce extérieur.

Une approche «homme d’affaires» de Donald Trump sur le plan géopolitique pourrait gravement détériorer une relation déjà très tendue avec la Chine (pourtant essentielle au financement de la dette américaine) ou la situation chaotique au Moyen-Orient. Un désengagement américain envers l’Otan bouleverserait l’Europe de l’Est et un réchauffement avec le président russe, Vladimir Poutine, ne serait qu’une maigre consolation. Et ce au vu du rôle très contestable de la Russie en Ukraine, en Syrie et dans les élections aux États-Unis et en Europe.

L’espoir?

Le bilan de son prédécesseur, Barack Obama, étant mitigé ou même contesté, à cause de sa politique extérieure ou de son échec pour renverser la croissance des inégalités, on peut toujours espérer que Donald Trump puisse faire mieux.

Une grande partie des électeurs du Républicain a avant tout voté pour un changement, que la candidate démocrate et politicienne de longue date, Hillary Clinton, n’incarnait pas du tout.

S’il applique le marketing comme il sait si bien le faire, Donald Trump pourrait bel et bien représenter certains «faibles» de la société américaine qui ne s’identifient pas avec les démocrates ou l’establishment. Et donc apporter les mesures qu’ils attendent. Le rêve américain peut-il encore exister? 

Mais lorsqu’on sait que Donald Trump pourrait, dès vendredi soir, signer des ordres exécutifs pour freiner l’immigration ou affaiblir l’État fédéral, on pourrait craindre que ses premières mesures ne soient malheureusement que le reflet – tout aussi teinté de marketing – des xénophobes ou des «faibles d’esprit».