Pour éviter que les élargissements de l'A3 et de l'A31 n'aient de conséquences sur les automobilistes, le Luxembourg et la France réfléchissent à la mise en place d'une voie réservée au covoiturage aux heures de pointe. (Photo: Licence C.C.)

Pour éviter que les élargissements de l'A3 et de l'A31 n'aient de conséquences sur les automobilistes, le Luxembourg et la France réfléchissent à la mise en place d'une voie réservée au covoiturage aux heures de pointe. (Photo: Licence C.C.)

La décision du gouvernement français d’avaliser le projet d’A31bis ne se traduira pas seulement par le passage à 2x3 voies du tronçon entre Thionville et Luxembourg. Il s’accompagnera, selon le texte présenté par le ministère français de l’Écologie, par la mise en place «d’aménagements en complémentarité avec le développement des autres modes de transport». Une proposition saisie au bond, mercredi, par François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures, contacté par Paperjam.lu.

Confirmant «se réjouir de la décision française», le ministre assure cependant qu’«il ne faut pas se faire d’illusion sur les conséquences de cet élargissement si de nouveaux concepts de mobilité ne sont pas mis en place». En clair, même si l’A31 et l’A3 seront bel et bien élargies, la hausse attendue de 15% du trafic d’ici à 2020, cumulée à la présence du goulot d’étranglement que constitue l’entrée dans Luxembourg-ville font de la question de la mobilité un sujet central au Grand-Duché et en région frontalière. D’où l’idée du ministre de créer, aux heures de pointe, «une voie réservée au covoiturage», ainsi que «des points de liaison dans un concept multimodal, que ce soit avec le train, le tram ou la voiture».

Début des travaux de l'A3 prévu fin 2017

Concrètement, l’idée est d’adapter un concept déjà en vigueur en Amérique du Nord et de permettre la circulation de véhicules comportant «au moins deux personnes à son bord» sur une voie dédiée aux heures de pointe. «Pour que cela fonctionne, il faut le faire entre Thionville et Luxembourg», assure François Bausch qui affirme que «les autorités françaises soutiennent cette idée». Dans les faits, la mise en place de la voie dédiée ne se traduira pas par l’instauration d’une séparation physique, mais «par des contrôles», juge le ministre. Aucune information sur un éventuel avantage en faveur des adeptes du covoiturage au futur péage installé entre Thionville et la frontière luxembourgeoise n’a été divulguée.

Selon le planning luxembourgeois, les travaux d’élargissement de l’A3 entre la frontière et la croix de Gasperich, budgétisés à auteur de 200 millions d’euros, doivent débuter fin 2017. Une première loi devrait ainsi être déposée avant l’été, une deuxième devrait suivre pour permettre que l’ensemble des adjudications publiques soit réalisé d’ici la fin de l’année, selon les estimations du ministre. Côté français, les délais avancés font part d’une concertation au niveau local qui doit voir le jour «avant la fin 2017» et une réalisation des nouveaux aménagements six ans après la publication de la déclaration d’utilité publique.

Permettre aux bus de circuler sur la bande d'arrêt d'urgence.

François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures

En plus de cette voie réservée, les autorités luxembourgeoises envisagent plusieurs autres mesures destinées à favoriser des alternatives. C’est le cas notamment du développement de nouveaux P+R au Luxembourg, comme ceux de Mersch, Rodange ou Wasserbillig, du doublement de la voie ferroviaire entre Bettembourg et Luxembourg-ville et de gares périphériques, comme celle d’Howald. Cette dernière permettra notamment de desservir le Ban de Gasperich où doivent être créés plusieurs milliers d’emplois. Le futur centre commercial Auchan, à lui seul, doit en générer 2.000. François Bausch se dit également prêt à financer la création de nouvelles lignes de bus transfrontalières chargées de relier les P+R installées de l’autre côté des frontières, mais pas à participer à la création de ces derniers, cette charge relevant des autorités voisines.

À noter que l’autoroute vers la France n’est pas le seul tracé à bénéficier d’une réflexion. C’est aussi le cas de l’A4, entre Esch-sur-Alzette et la capitale. «J’ai ordonné une étude pour permettre aux bus d’emprunter la voie d’arrêt d’urgence sur tout le long, mais à une vitesse limitée à 50 km/h, indique le ministre. Si cela est possible, on pourrait s’imaginer la même chose ailleurs.» Les conclusions de cette étude sont attendues dans quelques mois.