Le producteur indépendant Fred Neuen et Philippe Baudet (PAD Media & Services) ont accompagné la mise en place du projet. (Photo: Olivier Minaire)

Le producteur indépendant Fred Neuen et Philippe Baudet (PAD Media & Services) ont accompagné la mise en place du projet. (Photo: Olivier Minaire)

Lancer une télévision lorsqu’on est un magazine print établi depuis 11 ans et reconnu comme un support de référence sur son segment, ne constitue pas, en tant que tel, une évolution naturelle et immédiate. Mais c’est justement parce que paperJam s’est, très vite dans son existence, positionné en tant que média économique et financier, et non comme un simple magazine, qu’il n’y a rien de surprenant à ce que ce pas soit désormais franchi.

Et cela l’est d’autant moins que l’instant est bien choisi. «Avec la démocratisation des moyens de production et de distribution, on ne peut plus se permettre de ne pas avoir de chaîne télévision», estime le producteur indépendant Fred Neuen, qui a accompagné la genèse du projet paperjam.TV en tant que consultant externe. «C’est le bon moment pour le faire», renchérit Philippe Baudet, fondateur de PAD Media & Services, société spécialisée dans l’implémentation de solutions audiovisuelles, et partenaire du projet. Il y a deux ou trois ans, cela aurait été sans doute trop tôt. Et dans un an, il y aura sans doute beaucoup de monde sur le créneau.»

Cible identifiée

Il y a trois ans, un équipement TV de base pouvait facilement coûter 1,5 million d’euros. Aujourd’hui, il est financièrement beaucoup plus accessible, avec une qualité de réalisation au moins égale. Un critère économique qui, évidemment, est entré en ligne de compte dans la réflexion initiale. Mais pas uniquement.

Car le créneau spécialisé de paperJam.TV permet également une approche différente. «L'avantage de créer une chaîne très ciblée est d'un côté ‘plus facile’ à mettre en place, par rapport à une chaîne plus généraliste, puisque l’on sait exactement à quel spectateur on s'adresse, note Fred Neuen. Mais d'un autre côté, c'est très délicat, puisqu'il faut être plus précis et rigoureux lors de l'élaboration des productions finales. On s’adresse en effet à un public informé et pointu.»

Prototype

Le concept de départ n’a rien, en lui-même, de révolutionnaire: partir de la qualité visuelle et éditoriale du support print paperJam pour, ensuite, l'adapter à l'audiovisuel, tout en mettant une petite touche ambitieuse supplémentaire via la présentation d’un journal quotidien. «Avec une web TV, on communique évidemment différemment, note M. Neuen. Le rapport est plus direct, et donc plus émotionnel, entre Maison Moderne et son audience. Il nous sera ensuite possible, avec des logiciels précis d'analyse d'audience, de peaufiner le produit final et d'ajuster l'offre aux envies du spectateur.»

Techniquement parlant, l’organisation a été allégée au maximum selon le principe du «one man show», avec un seul réalisateur/producteur (en l’occurrence Aurélien Picca) qui gère le studio, le son et trois caméras robotisées. Et dans ce domaine-là, Maison Moderne fait un peu figure de «pionnier», pour reprendre les propres mots de Philippe Baudet. «Personne n’a encore vraiment mis en production les équipements que nous utilisons. Ce sont en quelque sorte des prototypes. Nous allons même être cités en référence dans une publication professionnelle. Cela ajoute au côté très excitant et attirant de ce projet et cadre très bien avec l’esprit visionnaire que Mike Koedinger a toujours eu dans son parcours.»

Avec paperJam.TV, la marque paperJam est désormais bien implantée sur tous les canaux de diffusion: print, web et audiovisuel. Trois voies qui sont explorées en parallèle, sans qu’il ne soit question que l’une vienne supplanter une autre. «La chaîne TV ne remplace pas le magazine papier, assure Fred Neuen. C'est plutôt une extension, un ‘add-on’ logique et contemporain.»