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Chez Déi Gréng, les grands cadres du parti ont, pour ainsi dire, de la bouteille. Et la question de savoir qui seront ceux appelés dans un avenir plus ou moins proche à prendre la relève des Viviane Loschetter, Henri Kox, Camille Gira et autres François Bausch, se pose évidemment.

«Le rôle de nos jeunes adhérents est très important et il est donc pris très au sérieux», affirme Christian Kmiotek, co-président du parti, soulignant d’emblée que chez les écologistes, la relève s’effectue à partir de la section Jeunes (Déi Jonk Gréng), qui vient de fêter ses 20 ans d’existence. «Nous sommes un parti très participatif», ajoute-t-il, indiquant que ces jeunes pousses sont invitées «aussi souvent que possible» à participer aux travaux ou aux discussions que mènent leurs aînés.

Trouver des jeunes qui souhaitent véritablement s’engager n’est pas simple.

Françoise Folmer, co-présidente Déi Gréng

Le «recrutement» des futurs cadres du parti se fait via Déi Jonk Gréng, notamment au niveau des communes. «Mais trouver des jeunes qui souhaitent véritablement s’engager n’est pas simple», constate Françoise Folmer, la co-présidente du parti, notant que si les jeunes sont plus intéressés à la politique aujourd’hui que par le passé, «il n’est pas évident de les faire rentrer dans des structures fixes».

«Il n’y a pas de hiérarchie chez nous»

«Par contre, une fois intégrés, cela devient plus aisé», ajoute-t-elle, «car il n’existe pas chez nous de hiérarchie comme c’est le cas ailleurs.» Les statuts du parti font aussi que les deux porte-parole des Jonk Gréng – Catia Fernandes et Bob Picard aujourd’hui, après Gina Arvai et Paul Matzet – sont également membres du comité exécutif de Déi Gréng et, en outre, participent – et parfois dirigent – de nombreux autres groupes de travail. C’est grâce à cette organisation que devraient émerger les futurs cadres du parti – et ses futurs élus – affirme Françoise Folmer, «à l’image d’un parcours qu’a connu avant eux Sam Tanson». L’ancienne présidente des Jonk Gréng, puis de Déi Gréng, est aujourd’hui première échevine de la capitale et membre du Conseil d’État. Elle a pris le rôle de leader du parti dans la capitale après le départ de François Bausch au gouvernement et s’est déjà posée en candidate – en ticket avec François Benoy – pour mener la liste aux prochaines communales. On peut aussi citer le parcours de Carole Dieschbourg, nommée ministre de l’Environnement à 36 ans à peine.

L’expérience d’un scrutin permet à la fois d’être plus connu et d’apprendre à être plus performant»

Claude Turmes, eurodéputé

Aux noms de ces porte-parole passés et présents, l’eurodéputé Claude Turmes en ajoute trois autres, à commencer justement par celui de François Benoy, conseiller communal à Luxembourg-ville. «L’expérience d’un scrutin est un bon apprentissage qui permet à la fois d’être plus connu et d’apprendre à être plus performant», affirme M. Turmes, qui cite également le nom de son chef de bureau au Parlement européen à Bruxelles et à Strasbourg, Meris Sehovic. «C’est quelqu’un de prometteur, d’autant qu’il a le privilège de travailler à deux niveaux: européen et national, en tant que membre du comité exécutif des Jonk Gréng.» Et de désigner encore un autre espoir en devenir: une jeune fille «à l’énorme potentiel, elle aussi», Karma Catena, une jeune pousse âgée de… 14 ans à peine.

«À eux de continuer à apprendre et à faire leurs preuves», conclut-il, réfutant l’expression «gravir les échelons» utilisée dans d’autres formations. «Nous sommes un parti moins institutionnel», dit-il. «Et on n’est surtout plus à l’ère des jeunesses communistes.»

Paul Matzet

  • 29 ans
  • Ancien chef de circulation auprès des CFL
  • Membre du comité exécutif de Déi Jonk Gréng
  • Twitter: @MatZetPaul


Quelle est votre vision de la politique de demain?

«La politique est un moyen pour s’exprimer, pour faire entendre et mettre en œuvre ses revendications dans notre démocratie.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«Je mettrais tout en œuvre pour que le gouvernement du Luxembourg ne signe pas d’accord de libre-échange qui donne plus de droits aux investisseurs qu’aux institutions démocratiques, qui menace nos normes environnementales, alimentaires et de santé et qui ouvre la porte à la privatisation du secteur public.»

Meris Sehovic

  • 25 ans
  • Chef de bureau du député européen Claude Turmes
  • Membre du comité exécutif de Déi Jonk Gréng depuis 2012
  • Twitter: @MerisSehovic


Quelle est votre vision de la politique de demain?

«Faire de la politique, c’est remonter ses manches et travailler chaque jour avec énergie et conviction pour des améliorations concrètes.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«Je proposerais un plan d’action pour une transition graduelle vers une agriculture 100% bio. Le plan d’action du gouvernement danois pour réaliser cet objectif, pour le moment unique en Europe, montre qu’il s’agit d’un objectif tout à fait réaliste et le Luxembourg dispose de conditions préalables optimales. La crise actuelle de l’agriculture européenne n’est pas qu’une crise économique. Il s’agit d’une crise liée à un modèle économique dépassé, aussi d’un point de vue sociétal et environnemental. Nous devons nous concentrer sur notre propre demande et une production de qualité au lieu de privilégier des exportations à bas prix. C’est bon pour la qualité de l’air et de l’eau. C’est bon pour les agriculteurs. C’est bon pour notre santé.»

François Benoy

  • 31 ans
  • Coordinateur et chargé de communication et de campagnes chez natur&ëmwelt asbl (ONG de protection de la nature)
  • Président de Déi Gréng Stad Lëtzebuerg, membre du comité exécutif de Déi Gréng, conseiller communal à Luxembourg-ville
  • Twitter: @fbenoy


Quelle est votre vision de la politique de demain?

«Je m’engage pour une société plus juste, plus écologique et plus humaniste. Au Luxembourg, cela avance, mais nous sommes encore loin du compte.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«Je lancerais la transition vers une agriculture 100% biologique au Luxembourg. Ce serait au profit de tous: des agriculteurs, des consommateurs, de la nature et de l’économie. Ainsi, le Luxembourg se positionnerait en tant que précurseur européen.»

Catia Fernandes

  • 28 ans
  • Coordinatrice de la Charte de la diversité Lëtzebuerg chez IMS Luxembourg
  • Porte-parole Déi Jonk Gréng et membre du conseil d’administration de l’Office social commun Roeser, Frisange, Bettembourg
  • Twitter: @catia__sofia


Quelle est votre vision de la politique de demain?

«La politique est pour moi la possibilité d’analyser et de comprendre les défis sociaux, économiques et environnementaux d’aujourd’hui et de proposer des solutions concrètes tout en contribuant, avec une vision à long terme, à la construction de la société luxembourgeoise.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«Il y a un bon nombre de chantiers que j’aurais envie d’entamer, ce n’est pas facile de choisir, d’autant plus que je préfère prendre des décisions à tête reposée… Mais je pense que si je devais rentrer demain au gouvernement, je m’attaquerais aux prix faramineux des logements, qui ne sont pas tenables à long terme, en proposant de faciliter le développement de coopératives d’habitation sur le territoire luxembourgeois, une réelle alternative abordable, qui devrait être davantage exploitée et soutenue politiquement, d’autant plus qu’elle fédère la cohésion sociale et la diversité.»