«Le travail politique tient pour partie dans le travail à la Chambre, mais aussi dans celui de représentant du peuple auprès du peuple», estime Mars Di Bartolomeo, président de la Chambre des députés. (Photo: Christophe Olinger)

«Le travail politique tient pour partie dans le travail à la Chambre, mais aussi dans celui de représentant du peuple auprès du peuple», estime Mars Di Bartolomeo, président de la Chambre des députés. (Photo: Christophe Olinger)

Monsieur Di Bartolomeo, lors de vos vœux, vous avez fait état d’une année 2015 difficile, aussi bien sur le plan national qu’international. Qu’en sera-t-il, selon vous, pour 2016?

«Il n’y aura plus d’année facile, car les problèmes se compliquent. La situation autour de nous ne va pas devenir plus agréable et les défis qui nous attendent sont de taille. De gros dossiers sont en train d’être finalisés: c’est le cas notamment de la réforme de la politique familiale dont une partie des textes a déjà été déposée, de la réforme de l’assurance dépendance ou de la réforme fiscale. Et il ne faut pas oublier la modification de la Constitution pour laquelle nous arrivons dans la dernière ligne droite.

Les dates de fin des travaux sur ce sujet varient, certains parlent de 2017, d’autres de 2018

«L’ambition que nous avons reste de finaliser les discussions au cours de cette législature. Notre objectif reste d’aboutir à un nouveau texte d’ici à 2018.

Lors du dernier bilan parlementaire, vous pointiez du doigt certains blocages dans le travail législatif. La situation a-t-elle évolué sur ce point?

«Nous traitons ou nous allons traiter des dossiers de taille et j’insiste sur le fait que la Chambre doit avoir à disposition les textes à temps pour pouvoir mener une discussion complète sur le fond et non pas en rapport uniquement avec la forme.

La Chambre, actuellement, travaille avec des moyens plutôt modestes.

Mars Di Bartolomeo, président de la Chambre des députés

Parmi les chantiers que vous souhaitez mettre en œuvre en 2016 figure le recours de plus en plus fréquent à des experts extérieurs pour des sujets précis. Pouvez-vous détailler cette idée?

«Ce sera une panoplie de mesures qui passeront notamment par une politique progressive de recrutements de collaborateurs qualifiés, qui donnera la possibilité au personnel en place de bénéficier d’une formation continue, par une collaboration avec l’Université du Luxembourg, mais aussi d’autres universités. Que ces dernières se situent dans la Grande Région ou non, car nous souhaitons trouver l’expertise où elle est. Enfin, cela passera aussi par une excellente collaboration avec l’administration gouvernementale car le travail législatif ne consiste pas en un travail de la Chambre contre celui du gouvernement, mais un travail d’équipe.

Cela signifie donc que le nombre de fonctionnaires à la Chambre va augmenter ou que ces experts seront recrutés pour des missions ponctuelles?

«Nous sommes en train de renforcer régulièrement le personnel de la Chambre des députés et nous n’ambitionnons pas de recruter des dizaines de nouveaux fonctionnaires, mais ponctuellement, là où nous remarquons un besoin. Car la Chambre, actuellement, travaille avec des moyens plutôt modestes.

Les politiques doivent être présents là où se rencontrent les gens.

Mars Di Bartolomeo, président de la Chambre des députés

Vous souhaitez également faire de la Chambre une institution au service des citoyens. Cela veut dire que vous allez entreprendre de nouvelles démarches de vulgarisation auprès du grand public?

«La Chambre fait déjà beaucoup d’efforts dans ce domaine avec tous les moyens de communication qui existent déjà, que ce soit Chamber TV, que ce soit la page Facebook ou que ce soit les comptes-rendus. Ce qu’on cherche en plus désormais, c’est le contact direct avec les gens. Je fais d’excellentes expériences lors des visites de groupes plus ou moins importants avec de vrais dialogues. Et cet échange véritable, vous ne l’avez que si vous êtes face à face. C’est la raison pour laquelle nous collaborons en ce moment avec le ministère de l’Éducation nationale pour élaborer un nouveau service de formation politique.

Outre ce lien avec les plus jeunes, comment comptez-vous donner envie aux citoyens de (re)prendre goût à la politique, tout en sachant que ce lien apparaît comme rompu pour beaucoup?

«Les hommes et femmes politiques, ou ceux qui veulent le devenir, doivent être présents là où se rencontrent les gens. Le travail politique tient pour partie dans le travail à la Chambre, mais aussi celui de représentant du peuple auprès du peuple. À titre personnel, je fais mes courses une fois par semaine dans les grandes surfaces et j’y rencontre plein de gens qui me donnent leur feed-back sur ce qui les tracasse ou les indigne. J’estime que la proximité du politique envers ceux qui l’élisent est une condition absolument primordiale pour maintenir ce lien. Si ce débat n’est pas mené avec les gens, ce débat aura lieu tout seul et la donne sera alors bien différente…»