Philippe Masset, également CEO groupe, a pris ses fonctions au Luxembourg en janvier dernier, «pour quelques trimestres» précise-t-il, en attendant que son successeur soit nommé. (Photo: Banque Degroof)

Philippe Masset, également CEO groupe, a pris ses fonctions au Luxembourg en janvier dernier, «pour quelques trimestres» précise-t-il, en attendant que son successeur soit nommé. (Photo: Banque Degroof)

Depuis fin janvier, Banque Degroof Luxembourg (BDL) compte un nouveau CEO en la personne de Philippe Masset, également CEO groupe de la banque privée d’origine belge. Une fonction transitoire, en attendant que soit nommé un nouveau directeur général pour succéder à Geert De Bruyne, qui a choisi de partir en début d’année vers de nouveaux horizons. «Cela s’inscrit dans un processus de transition parfaitement clair qui devrait durer quelques trimestres», a expliqué ce mercredi l’intéressé à l’occasion de son premier point presse officiel. «Au-delà de ma propre personne, l’importance que revêt Luxembourg au sein du groupe justifiait que le responsable groupe se préoccupe en direct de ce marché.»

Depuis octobre dernier, Banque Degroof a fusionné avec Petercam pour donner naissance à Degroof Petercam. Déjà opérationnelle en Belgique, cette fusion ne sera effective au Luxembourg qu’à compter de début avril. Il aura fallu entre-temps régler quelques aspects administratifs, en particulier concernant la filiale (à 100%) en Suisse de Banque Degroof Luxembourg, désormais rattachée à la maison mère bruxelloise.

Aux quelque 300 employés de BDL (le groupe en compte plus de 1.400) présents à la Cloche d’Or au siège social (propriété de la banque) s’ajoutera la trentaine de Petercam Luxembourg. Leur CEO, Ghislain Nys, deviendra alors membre du comité de direction de la nouvelle entité luxembourgeoise, aux fonctions de deputy head of private banking.

L’administration des fonds concentrée au Luxembourg

À la gestion très discrète de Geert De Bruyne, qui n’apparaissait généralement dans les médias qu’à l’occasion de la seule présentation annuelle des résultats, succède un style un peu plus musclé de la part de Philippe Masset, 51 ans. Cet ancien head of commercial banking d’ING Belgique (il fut aussi président du conseil d’administration de la banque orange au Luxembourg) avait rejoint Degroof en 2014 et a piloté le processus de fusion avec Petercam finalisé au début de l’automne dernier. La Place est donc loin de lui être inconnue.

«Nous avons pour ambition de maintenir une présence forte de l’entité luxembourgeoise au sein du groupe, mais aussi de nous développer en tant que banque d’importance au Grand-Duché», martèle Monsieur Masset. Pour ce qui est du premier volet, c’est, par exemple, au Luxembourg qu’est en train d’être concentrée toute l’activité du groupe en matière d’administration de fonds, ce qui représente environ 30 milliards d’euros pour les fonds «maison», auxquels s’ajoutent 8 milliards d’euros de fonds de tiers.

Du reste, le CEO en transit de Degroof Luxemboug ne cache pas l’ambition de la banque de développer davantage ses activités autour des activités de family office. «Nous avons aussi à y jouer un rôle très important», estime-t-il.   

Banque privée: pas d’impact du changement de paradigme

En matière de banque privée, le Grand-Duché figure au deuxième rang en termes d’importance au sein d’un groupe présent dans neuf pays (Benelux, France, Suisse, Allemagne, Espagne, Italie et Suisse). Environ 6 milliards d’euros d’actifs y sont gérés. C’est trois fois moins qu’en Belgique, alors que sur les autres marchés principaux (France, Suisse et Espagne), les avoirs balancent entre 1 et 1,5 milliard. «Ce sont des marchés où nous voulons continuer à croître et nous restons attentifs à toute opportunité de croissance externe qui pourrait s’y présenter.»

S’appuyant sur un modèle traditionnellement plutôt conservateur, Degroof Luxembourg n’a pas eu à subir de gros cataclysme lié au changement de paradigme sur le segment du private banking et à la nouvelle donne en matière d’échange d’information. «Depuis la fin des années 80 (Degroof est présent au Luxembourg depuis 1987, ndlr), nous avons toujours eu comme politique de respecter les règles du jeu belges», précise Jean-François Leidner, directeur général de BDL. «Nous avons très rapidement accueilli de gros clients que nous avons toujours suivis en nous adaptant à tous les changements de législation afin d’être toujours en ordre. Sur ce créneau-là, nous n’avons pas été impactés. Quant aux autres clients qui ont choisi de ne plus rester au Luxembourg, la plupart sont revenus en Belgique et sont restés au sein du groupe. L’effet global n’est donc pas significatif pour nous.»

Nous regardons toujours le Luxembourg avec un œil constructif et positif.

Philippe Masset, CEO de Banque Degroof Luxembourg

Selon toute vraisemblance, Philippe Masset sera encore aux commandes de BDL au moment où seront présentés, en mai, les résultats annuels pour un exercice 2015 rallongé de trois mois: la date de clôture des comptes, qui était historiquement au 30 septembre, ayant été alignée au 31 décembre.

La banque, qui sera alors fusionnée, sera plus que jamais armée pour jouer des coudes sur un marché très concurrentiel. «Nous regardons toujours le Luxembourg avec un œil constructif et positif», explique Monsieur Masset. «C’est une Place qui fait preuve d’un grand sérieux et d’une réelle vision business. En tant qu’entrepreneurs dans le monde bancaire, nous aimons bien y travailler.»

Et la Place le lui rend bien. Dans de récentes transactions majeures, BDL est intervenue en tant que conseiller financier: l’acquisition de Utopolis par Kinepolis, celle de Voyages Léonard par Sales-Lentz ou encore le rachat des actions propres de BIP Investment Partners…