Frédéric Fonteyne : « Pour moi, c’est une question de respect du spectateur. Je lui laisse de la place.» (Photo : © Patrick Muller-Artémis-Samsa)

Frédéric Fonteyne : « Pour moi, c’est une question de respect du spectateur. Je lui laisse de la place.» (Photo : © Patrick Muller-Artémis-Samsa)

Tango Libre est le quatrième long-métrage de Frédéric Fonteyne, toujours coproduit par Samsa Film. Cette nouvelle histoire amoureuse, aussi complexe qu’irrésistible, se passe cette fois sur fond de danse et d’univers carcéral. Trois questions à son réalisateur le jour de la sortie en salle.

Dans tous vos films, il y a des histoires d’amour peu habituelles. Comment est née celle-ci ?

« Il y a eu plusieurs inspirations. D’abord j’avais envie de tourner de nouveau avec Sergi Lopez (qui était à l’affiche de Une Liaison pornographique, ndlr.) et avec Jan Hammenecker (qui était dans Max et Bobo, ndlr.), et notamment de les voir tourner ensemble. Par ailleurs, il y a eu cette découverte du tango, pas seulement comme une danse de salon, mais comme cette danse que les hommes apprenaient entre eux, pour séduire les femmes quand ils débarquaient en Argentine. Enfin, l’idée de la prison donnait à la fois un carcan, au sens propre comme au figuré, et une liberté symbolisée par la musique, la danse et le personnage de la femme. Le tango est une métaphore de la vie, que ces personnages vivent. Il véhicule aussi des thèmes comme la passion, la trahison, l’homosexualité latente, ou encore le combat pour une femme.

 

Comme dans vos autres films, il y a beaucoup de non-dits, de hors-champs, où le spectateur doit « boucher les trous »…

« Pour moi, c’est une question de respect du spectateur. Je lui laisse de la place, il peut se poser des questions, et devient, ainsi, acteur du film. En quelque sorte, je me retire pour le laisser exister. Le film se passe dans un environnement très réel, dur, tangible, celui de la prison — ces scènes ont en effet été tournées dans une prison réelle, et en activité, en Pologne. Mais cette réalité est subvertie par la fiction, le scénario, la caméra. Quand on tourne dans un cadre aussi fort et contraint, on ne peut que se poser des questions sur le sens de ce que l’on fait.

C’est votre quatrième collaboration avec Samsa film. Une autre histoire d’amour ?

« C’est ma famille de cinéma. L’ingénieur du son, Carlo Thoss, a déjà travaillé avec moi lors pour l’un de mes premiers courts-métrages, et pour les quatre longs. Véronique Sacrez, qui signe les décors, était de la partie depuis "Une liaison pornographique"… Ce sont des gens avec qui je parle la même langue, et qui sont capables de prendre le temps, comme moi, de voir les projets mûrir, de réfléchir et de remettre l’ouvrage sur le métier. Je me sens chez moi, quand je tourne au Luxembourg… Heureusement, étant donné qu’on y a tourné tous les intérieurs, soit environs six semaines de tournage. »

 

Tango Libre de Frédéric Fonteyne

Avec François Damiens, Sergi Lopez, Jan Hammenecker, Anne Paulicevich, Zacharie Chasseriaud

Sortie ce mercredi 28 novembre au Ciné Utopia