Paperjam.lu

Séverine Barbette, Director chez Qualia. 

Les contenus de formations ont-ils changé?

Coordonner et gérer les équipes de nos jours implique d’acquérir de nouvelles compétences. Il est plus déterminant aujourd’hui de faire travailler les gens ensemble, de réduire la distance dans les équipes virtuelles, de rester agile face aux outils digitaux et autre intelligence artificielle. L’accélération des processus et les cycles courts de maturité des produits favorisent aussi un tempo toujours plus rapide.

Forcément, quand on parle de transformer les organisations, cela implique de se transformer soi-même!

Séverine BarbetteSéverine Barbette, Director (Qualia)

Donc, si la boîte à outils managériale reste une valeur sûre, elle s’est largement enrichie par des formations liées à l’animation d’un collectif, la capacité à avancer dans l’incertitude, la résilience face à la pression du temps et des changements permanents… Les notions de responsabilisation et de parler-vrai ont aussi la cote…

On comprend vite que ce qui compte à présent est d’une nature un peu différente: les méthodes et solutions «clefs en main» ont perdu du terrain au profit d’autres modalités de développement, davantage orientées vers la compréhension de nouveaux enjeux: 

–       Est-ce que je décrypte bien le système dans lequel j’évolue? 

–       Suis-je au clair avec mon propre mode de fonctionnement? 

–       Comment puis-je au mieux me relier aux autres et responsabiliser mes équipes? 

Si on apprend différemment, alors on forme différemment!

Pour cela, on ne peut donc plus réellement parler de «formation», mais plutôt d’ateliers ou de workshops. Le formateur se transforme en facilitateur. Et son talent ne réside pas dans son style personnel ou son expertise, mais bien plus dans sa capacité à animer un groupe et à maîtriser les processus d’apprentissage individuels et collectifs. 

Le contenu des formations est gratuit et disponible partout. Ce qui compte davantage, c’est l’apprentissage, faire des expériences et en tirer des enseignements, tester ensemble de nouvelles choses tout en s’amusant…

Séverine BarbetteSéverine Barbette, Director (Qualia)

L’attention du formateur est portée sur la façon dont chacun intègre l’expérience et les savoirs (le niveau individuel) et comment la dynamique relationnelle du groupe soutien l’apprentissage (le niveau collectif). Voilà pourquoi les techniques d’intelligence collective ou de design thinking, pour ne citer qu’elles, prennent tout leur sens. 

Et puis, il y a l’art d’apprendre tout en s’amusant, par le jeu, le story telling, le mind mapping…

Et évidemment, tout cela révolutionne complètement le monde de la formation.

Le changement de paradigme passe aussi par l’apprenant

Beaucoup de participants se situent encore dans une posture de consommation de formation. Ils attendent de recevoir une matière déjà ingérée et qu’ils pourront (dans le meilleur des cas) appliquer. Or, appliquer n’est plus aussi simple: tout va trop vite et les solutions «standards» n’existent pas. 

Pour renverser cette tendance, les approches de formations plus innovantes parient sur une responsabilité partagée entre le formateur et les participants.

Séverine BarbetteSéverine Barbette, Director (Qualia)

Fini les tours de table liés aux fameuses «attentes» auxquelles le formateur est ensuite tenu de répondre. On engage les membres du groupe à exprimer de façon consensuelle la façon dont ils vont vivre l’expérience d’apprentissage et dont ils vont coopérer ensemble. On demande à chacun comment il/elle veut contribuer à l’aventure collective et ce qu’il va apporter au groupe. 

Au formateur alors de construire sur toutes ces contributions et de trouver tous les ajustements qui permettront d’atteindre collectivement les objectifs de formation définis en amont!

Ce texte a été corédigé par Séverine Barbette et Stéphanie Dadoun.