Xavier Buck: «Aujourd’hui, les sociétés qui s’installent ici amènent de la substance, du contenu.» (Photo: Julien Becker)

Xavier Buck: «Aujourd’hui, les sociétés qui s’installent ici amènent de la substance, du contenu.» (Photo: Julien Becker)

Monsieur Buck, comment le contexte affecte-t-il le monde ICT?

«On ne peut nier l’impact de la crise. Le secteur ICT continue de croître, mais de façon moins importante qu’auparavant. Beaucoup d’investisseurs, des sociétés qui cherchent à se délocaliser ou de jeunes start-up, ont la volonté de s’installer au Luxembourg. Si les raisons de jadis sont rangées au second plan (l’attrait de la TVA par exemple), d’autres arguments sont avancés par ces investisseurs: la qualité des hébergements, le prix de l’électricité (qui représente entre 60 et 70% du coût total de l’hébergement dans les data centres) et la loi sur la propriété intellectuelle.

Nous sommes donc dans une bonne phase qui est somme toute assez récente puisqu’elle s’observe depuis maintenant environ six mois. Le cumul de plusieurs avantages profite à notre pays, comme les choix politiques des pays environnants qui, en renforçant leur pression fiscale sur les entreprises, les poussent à s’installer ailleurs. Au Luxembourg notamment.

Les voyants vont-ils rester au vert?

«À court terme, oui, en appliquant la même recette. Par contre, il est difficile de se positionner quant au long terme. En 2015, la réforme sur la TVA européenne des services internet entrera en application. Comment vont réagir les entreprises: vont-elles rester ou chercheront-elles à se relocaliser? Nous commençons à avoir une masse critique, un savoir-faire intéressant dans notre pays. Va-t-on encore l’amplifier au cours des deux prochaines années au point d’influencer les acteurs du secteur? Je le pense et l’espère. Aujourd’hui, les sociétés qui s’installent ici amènent de la substance, du contenu. C’est un bon point. Mais il faut que l’on poursuivre notre travail de promotion afin que le Luxembourg gagne en visibilité, que le pays soit reconnu comme une place aux multiples atouts, pour attirer de nouveaux prospects.

Ce savoir-faire que vous mentionnez est un atout que le Luxembourg doit cultiver.

«Effectivement. L’ICT luxembourgeois est très fort pour attirer des cerveaux, des personnes brillantes, car des arguments, nous en avons. Il est vrai que lorsque l’on a besoin de spécialistes, il faut parfois aller les chercher loin. Dans notre cas, nos recherches se portent entre autres vers des spécialistes en administration système, des spécialistes réseau, des développeurs C++ ou Java. Au niveau de l’encadrement, nous sommes à l’affût de CMO et COO. De manière générale, pour ces managers, le cursus ne suffit pas; ils doivent également se prévaloir d’une bonne expérience du secteur. Dans l’ICT, les choses évoluent très rapidement. Ces bons profils doivent être de suite opérationnels. Nous recherchons des personnes qui sortent du lot, qui une fois en place apportent quatre à cinq fois plus qu’un professionnel ‘standard’.

Que faudrait-il améliorer pour entretenir la dynamique?

«Il faudrait faire prendre conscience aux hommes politiques européens que la réforme sur la TVA des services internet est un pas en arrière, tant pour l’efficacité que pour la compétitivité. Nombre de petites sociétés risquent de quitter l’Europe; la réforme n’aura comme effet que de rendre plus complexes les tâches administratives et de facturation. Pourquoi ne pas plutôt imposer un taux de TVA unique en Europe pour l’e-commerce?

L’autre chantier qui me tient à cœur concerne la promotion du secteur au-delà des frontières. J’aimerais accélérer la visibilité de notre pays et de ses nombreux avantages. Le message reste parfois délicat à faire passer.»